Sexy Hip-Hop
"I love Britney"
Après un passage remarqué lors du festival "Les femmes s’en mêlent" à la Maroquinerie en juin dernier, Bunny Rabbit et Black Cracker, son acolyte, sont de retour en France. Un concert tout en trash attitude au Pôle Etudiant : elles ont su partager leurs lyrics aux contes enchantés et mystérieux.
Lorsque Malisa Rincon nous accueille, c’est avec simplicité et naturel. Sans les paillettes, Bunny est tout autre. "Dans la vie, j’aime lire, chanter sous ma douche, aller à l’opéra".
Sans les paillettes Bunny est tout autre
Sur scène, c’est une actrice qui nous fait face. Tout en attitude langoureuse, petit tutu noir en dentelles, cheveux blonds platines, Bunny hypnotise. "J’aime Britney Spears, elle raconte des histoires. Et quelles histoires !". La blonde décolorée se reconnaît beaucoup dans l’ex blonde aujourd’hui rasée. Comme elle, elle a vécu des coups durs. Son lancement dans la musique ? Malisa prend un air intimidé et laisse la parole à Celena Glenn, alias Black Cracker : "C’était il y a un an et demi, j’étais avec Malisa, on a bu quelques bières, même beaucoup (rires) et je l’ai persuadée de monter sur scène."
Il n’y a ni masculin ni féminin. Je me sens aussi bien en baggy qu’en mini jupe
Pourquoi ce nom ? "Bunny Rabbit c’est venu comme ça, c’est mignon. Un lapin c’est tout doux, comme une peluche". Bunny est comme une enfant qu’un doudou rassure. Même sur scène, son "Bunny" est là, il voyage avec elle ! Symbole d’une jeune fille pas forcément si confiante qu’elle ne le paraît.
Pourtant à l’écoute de son album Lovers and Crypts, la mélancolie n’est pas de mise. Les paroles sexuellement malsaines enrobées de musique new wave ou pop résument un album où tous les styles se mêlent, ce qui le rend inclassable.
Un concert tout autre...
Bunny réalise un show visuel et musical impressionnant où l’énergie est sans limite et l’harmonie avec le public est à son apogée. En effet, bien que ce soit la première fois pour Bunny de se produire au Pôle étudiant, elle a su séduire, et pas uniquement par son physique.
Bunny n’est pas une "50 Cent" féminine. "La plupart des morceaux de hip-hop sont commerciaux. C’est un big business auquel je ne veux pas participer. Ils pensent tous la même chose : je me veux différente.". En effet, Bunny c’est autre chose, entre les Peaches et Mickey Mouse. Elle ne correspond pas au profil type de la rappeuse. "Il n’y a ni masculin ni féminin. Je me sens aussi bien en baggy qu’en mini jupe." Bunny ne rentre pas dans un moule, "Je veux me montrer telle que je suis".
En effet, sous ses allures de poupée, elle déverse un flow violent où les "mother fucker" et "bitch" sont monnaie courante. Le chant, lui, est plus agréable sur l’album qu’en live où de nombreuses fausses notes et sa voix quelque peu désagréable parasitent notre écoute… Le beat, géré par Black Crucker, n’innove pas. Nos oreilles ont déjà entendu ces reprises.
Sur scène, les deux jeunes rappeuses ont chacune leurs rôles, Bunny fait la jolie tandis que Black Cracker assure les arrières. Pas de jalousie entre elles. Chaque chanson nous mène dans un univers particulier : des rêves enfantins aux rues de Brooklyn, en passant par une ambiance mystique. Et elle e réussi son pari : sa musique ne plaira pas à tous mais elle a le mérite de surprendre. Entre l’album et le concert, certes, il y a un monde mais celui-ci reste à découvrir !
Propos recueillis par Aurore de Souza et Olivia Le Pottier
Photos : Régis Hémon
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