
Ovni théâtral
Barbies, sexe et princesse
"J’ai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie", à Nantes, par la Clinic Orgasm Society
J’ai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie, voici la nouvelle pièce présentée par la compagnie Clinic Orgasm Society au Théâtre Universitaire de Nantes le 18 mars dernier. Totalement atypique et déjantée, comme son nom l’indique, elle nous emporte dans un spectacle unique où vidéo, musique et performances scéniques sont transcendées.
Conte de fée moderne, J’ai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie rompt avec tous les clichés ; tant dans la forme que dans le fond. Public habitué aux belles princesses aux longs cheveux blonds, aux robes splendides et dont la gentillesse est sans fin, le choc est grand : Ici, rien de cela !
La princesse est déprimée, angoissée et n’a qu’un souhait : être un garçon.
La princesse est déprimée, angoissée et n’a qu’un souhait : être un garçon. Pourquoi donc ? Son frère possède un attribut qui lui assure le trône. Pour la princesse, la rencontre avec le prince sera décisive. Pas commun non plus, le jeune garçon collectionne les Barbies et offrira son pénis à sa dulcinée. Le ton est donné, le conte traditionnel est laissé de côté. Pour Ludovic Barth et Mathylde Demarez, concepteurs et acteurs de la pièce, "le conte de fées est toujours d’actualité, nous, nous essayons de créer de nouveaux rôles ; de casser les évidences comme ici celles concernant l’homme et la femme". Du conte, ils ont gardé la morale mais "elle a le mérite de ne rien vouloir dire, elle n’apporte rien si ce n’est un ton décalé."
Alors cette pièce n’a finalement plus grand-chose à voir avec les histoires de princes et de princesses qui eurent beaucoup d’enfants… Tout ceci peut-il bien finir ? La réponse est dans la seconde partie du spectacle où, après un interlude musical énergique, on apprend que la pièce était filmée et que tout ne s’est pas vraiment passé comme on le pensait… "Nous essayons d’avoir un rapport ludique et festif sur des choses graves".
La forme étonne autant que l’histoire ! Première surprise : le spectacle commence alors que la salle est encore éclairée. Pour Mathylde et Ludovic, ’c’est l’envie de donner l’impression qu’il n’y a aucun théâtre possible, pas de magie possible, de solennité.". En effet, étonnement, la lumière tamisée permet au public de se sentir plus proche des acteurs. Justement, c’est ce qu’ils souhaitaient "ne pas être dans la magie théâtrale habituelle mais dans quelque chose de différent". Seconde surprise, le langage de la princesse et du prince n’est pas celui que l’on pouvait attendre. Tout comme la pièce, il est fort inhabituel ! C’est à nouveau un choix artistique "le langage est cru mais ce n’est pas dans le but de choquer, seulement de rechercher du brut, de parler comme tous les jours permet de raconter des choses vraies". Finalement, cette pièce est emplie de fraîcheur, "Tout est partie d’une improvisation et encore aujourd’hui, il nous arrive d’improviser nos dialogues !".
"J'ai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie" sort totalement des sentiers battus et innove !
Les acteurs semblent véritablement s’amuser et c’est également le cas du public ! Qu’il soit jeune ou vieux, tout le monde a eu l’air d’adhérer à cette pièce qui change les habitudes et rompt avec le théâtre traditionnel. Pour Ludovic, "l’important est de rendre le spectateur actif, c’est ainsi qu’il sent le plus à l’aise et c’est ce qui me plaît dans une pièce ." Mathylde ajoute "il ne faut pas mâcher le travail aux spectateurs ; que chacun ait une matière différente, c’est cela l’important". Tout est imprévisible dans cette pièce tant la prestation des acteurs, les musiques, que la vidéo et c’est ceci qui rend cette pièce unique. Le thème est sérieux mais pas rébarbatif pour autant, le côté un peu bancal rend cette pièce plus proche de nous. Ses imperfections la rapprochent du spectateur qui s’identifie à ces individus jusqu’à une quasi empathie. Ces éléments imbriqués les uns avec les autres font de cette pièce un ovni théâtral comme on souhaiterait en découvrir plus souvent !
Aurore de Souza Dias
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