Hip Hop
Bleubird, de l’énergie à revendre
Un nom français, un label au Canada, une vie en Californie et une tournée au Japon prochainement, Jacques Bruner alias Bleubird est un alien du hip-hop qui a su mêler les influences pour créer son propre style. De passage au Pôle Etudiant pour un concert totalement déjanté, il nous parle de ses influences, sa musique et sa vie !
Tout d’abord, d’où vient ce nom mi-français, mi-américain : Bleubird ?
Mon vrai nom c’est Jacques Bruner. C’est un nom français, mais je ne suis pas d’origine française ! Alors "Bleubird" c’est pour rappeler mon nom : bleu au lieu de blue. Parfois je dis "Bleubird", parfois "Bluebird". Mais "Bluebird" existe déjà : c’est un groupe californien.
Ta musique n’est pas vraiment ce que l’on a l’habitude d’entendre dans le hip hop. Comment la définirais-tu ?
C’est vrai, cela ne ressemble pas au hip-hop traditionnel. J’ai grandi avec le gangsta rap, celui de la Côte Est, de Miami. Moi, ce que je veux c’est faire du rap. Après, pour moi il n’y a pas un seul hip-hop : il y a des tas de variantes. Perso, j’aime rapper sur des sons différents : électro, punk rock, hip hop même sur de la poésie. Je veux prendre tout ce qu’il y a à prendre, quelque soit l’horizon d’où cela vient ! Je ne veux pas rester attacher à un style, je travaille avec ce qui me plaît.
Donc tes influences ne sont pas seulement issues du hip hop ?
Au départ, je voulais faire comme toutes les grandes figures du hip-hop qui nous ont ouvert les portes. Maintenant, j’ai trouvé mon propre style. Je ne sais pas exactement où je veux aller, un peu partout sûrement…
Je me laisse seulement porter par des “good vibes”
Ton dernier album RIP USA, sorti sur le label indépendant Endemik, est très différent de ton premier album. C’est un véritable "melting potes". Comment l’as-tu construit ?
C’est vrai que cet album a mis pas mal de temps à se faire. C’est un projet qui a mûri à Barcelone avec Sole (Tim Holland, du label Anticon) qui habite là-bas depuis quatre ans. Ensuite on est retourné ensemble en Floride pour travailler sur l’album. On l’a fini en studio à Montréal, où est basé mon label Endemik. Je suis content du résultat. Au début, il devait y avoir deux albums : finalement un seul. Mais quel album ! (rires) Il est très hétéroclite, il ne ressemble pas au premier. Il est plus original et j’ai passé plus de temps dessus aussi !
Dans RIP USA, tes textes sont engagés. Tu es une sorte de rappeur avec une conscience politique…
Non, je n’aime pas ce terme "rappeur politique". Je parle de politique mais pas seulement. Mes textes, en gros, c’est la vie en générale, les expériences que j’ai eu, les choses qui me sont arrivées, les relations que j’ai avec les gens, au boulot, et puis des questions plus larges comme des événements qui m’ont fait réagir, ou la politique de certains pays qui me fait bondir.
Bientôt, tu vas au Japon. Ce pays t’attire ?
Je suis fasciné par l’ Asie, le Japon, Tokyo mais d’une manière générale, c’est le Japon qui est attiré par moi ! J’admire leur manière de travailler, là-bas, les gens se démènent. Ils veulent faire les meilleurs produits de la meilleure façon qu’ils soit. Nous les occidentaux, nous avons une image figée du hip-hop. Au Japon, ils ne sont pas affectés par les médias, ils écoutent toute sorte de hip-hop : de Belgique, du Canada, de Floride et pas seulement de New York et de Californie !
Au Japon, ton album est sorti sur le label Granma [1]. Il y a une petite histoire à ce sujet, non ?
Oui (rires). En fait, un pote était parti au Canada pour découvrir la culture hip-hop canadienne. Il a été enthousiasmé. De retour au Japon, il a emprunté de l’argent à sa grand-mère pour monter son label : Granma.
C’est grâce à ce label que tu as rencontré les Zucchini Drive (qui sont sur le label Hue, partenaire de Granma) ?
Non, en fait je suis venu en France, à Rennes, il y a deux ans. Je retrouvais X Makeena et c’est eux qui m’ont présenté Zucchini Drive. J’ai fait quelques featurings avec eux. Ce sont des amis.
Tu as une date de prévue en France avec X Makeena. Ensuite, tu t’envoles pour l’Ecosse puis le Japon, tu as des projets pour la suite ?
J’aimerais bien faire une tournée en Europe Centrale et de l’Est et puis plus loin…L’Egypte, la Jordanie, la Palestine, les Balkans…Je veux aller là où les gens ne veulent pas aller car ça les effraie. Je veux continuer à voyager pour monter un grand projet : réunir une vingtaine de rappeurs de nationalités différentes et de langues différentes pour faire quelque chose de riche et d’original.
Propos recueillis par Olivia Le Pottier et Aurore de Souza Photos : Régis Hémon
Plus d’infos :
http://www.myspace.com/bleubird
[1] Grandma : Grand-mère, Mémé
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