
Rock altermondialiste
Manu Chao l’inclassable (1/2)
Zénith, Nantes, juin 2008
Manu Chao et la Radio Bemba Sound System au Zénith de Nantes, voilà une affiche à couper le souffle ! Depuis 1992 et un concert avec la Mano Negra, l’artiste à la renommé internationale n’était jamais revenu chanter dans cette ville. Cette longue absence présageait d’un moment inoubliable et d’un public déchaîné !
Manu Chao, c’est un melting pot musical qui s’articule essentiellement autour du rock et de la musique latine. Fort de ses rencontres, chaque album est teinté d’un esprit singulier. En concert, le chanteur manie à merveille les changements de rythmes, de styles musicaux et d’ambiances. Sur scène, il se donne à 200%, enchaînant les titres à un rythme effréné. Aidé par un jeu de lumières adapté, il emporte le public dans un voyage à travers le monde.
Personne n’est déçu. Ni les aficionados de la première heure et de l’album Clandestino ni les plus jeunes qui l’ont découvert avec des chansons largement médiatisées comme Me Gustas Tu ou avec son dernier opus La Radiolina. Accompagné de son groupe Radio Bemba Sound System, les chansons comme Minha galera ou Sidi H’ Bibi prennent une couleur différente, très émouvante. Pendant presque trois heures de concert, l’énergie du chanteur reste intacte et le public est séduit. Manu Chao le dira lui-même : “on a vraiment été très bien accueilli, le public nantais est l’un des premiers que l’on n’a pas réussi à fatiguer, il nous a donné des ailes”.
Électron libre
Infatigable, il l’est, lui aussi. En perpétuel mouvement, il ne s’arrête jamais. Comme sa musique, Manu Chao est fait de rencontres : “Dans l’absolu, j’aimerais arriver à la sédentarité mais il y a tellement d’endroits où je me sens à la maison et où je me dis : je suis à la maison !” Cet esprit nomade, c’est sa force. “Se projeter dans un an ou deux, c’est du domaine de la science fiction pour moi. Je vis au jour le jour, cela me permet de prendre les décisions adéquates et de travailler avec mon instinct.” C’est ce qui fait que sa musique semble danser sur un fil à la croisée de pays, de rythmes, de traditions et de styles.
Certains lui reprocheront de faire toujours la même chose. A ceux-là, il répondra : “J’évolue tout en gardant une unité. Je fais ce que je fais, je suis cordonnier je fais mes chaussures comme je sais les faire et ceux que ça n’intéressent pas, et bien il y a d’autres magasins de chaussures.”
Moi, ce que je ne peux pas faire, c’est quelque chose où je ne suis pas moi-même.
“Dans ma musique et ma carrière, je suis 100% libre.” Bien sûr, “des regrets artistiques j’en ai mais j’ai eu le cul bordé de nouilles et j’ai travaillé cette chance !”
Artiste engagé
En première partie, c’est la rappeuse Keny Arkana (ici en concert à Nantes) que Manu Chao avait choisi d’inviter. (Elle sera suivi sur sept Zénith par les Nanto-Angevins de La Phaze.) Ce choix peut paraître étonnant, les univers musicaux de Kenny Arkana et de Manu Chao étant très différents. C’est autour de l’engagement politique qu’ils se rencontrent. N’étant ni l’un, ni l’autre affiliés à un parti politique, Manu et Keny s’affirment comme “citoyens du monde” et altermondialistes. Keny Arkana, elle, milite activement et se sert de sa médiatisation pour les causes qu’elle défend. Manu Chao, lui, participe aux concerts des causes qu’il soutient et, est l’un des fondateurs de l’organisation Attac. Musicien avant tout, il s’exprime sur ses opinions mais ne souhaite pas être porte parole d’un mouvement. “J’ai accès aux micros, je parle avec mon cœur et à des gens qui sont là, si je commence à réfléchir que des millions de personnes vont m’écouter, c’est pesant. De toute façon, on est tous récupéré à un moment ou à un autre alors il faut faire attention.” Lors du concert, il abordera subtilement la politique en distillant quelques petites phrases, de-ci, de-là.
Artiste passionné et engagé, musicien nomade énergique et chaleureux, Manu Chao est un chanteur dont le concert était à son image : inoubliable.
Aurore de Souza Dias
Photos : Patrice Molle
Voir le portfolio du concert par Patrice Molle.
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