Mickey la Torche
Invention d’un langage et création d’un univers
Après ses précédentes créations, "Un cœur sous une soutane", "Le chemin des passes dangereuses" et "Maman et moi et les hommes", François Chevallier, metteur en scène, travaille sur la destinée d’un personnage simple et singulier, d’un gamin qui n’a pas grandi, d’un veilleur de nuit. Interview.
Pourquoi avoir adapté la nouvelle de Natacha Pontcharra ? Vous êtes-vous rencontrés ?
C’est Christophe Gravouil (alias Mickey) qui est tombé dessus par hasard alors qu’il travaillait dans un théâtre. Il a tout de suite été fasciné par l’univers de la poésie qui s’en dégageait et la manière dont Mickey créait son propre langage. Nous voulions retrouver l’essence même de notre compagnie Addition théâtre, avec mes collègues Anne Pitard (scénographie et costumes) et Christophe : se retrouver dans de plus petites structures comme Le Studio Théâtre. Quant à Natacha Pontcharra, elle n’est pas encore venue mais elle passera dans la semaine.
Y a-t-il un lien quelconque entre vos trois précédentes pièces et celle-ci ?
C’est un véritable travail de continuité entre toutes ces pièces. Ce sont des histoires qui racontent des aventures de la vie quotidienne, les destins de chaque personnage, et souvent des histoires de famille. Mais pas n’importe lesquelles. Les protagonistes s’interrogent sur leur propre condition d’êtres humains.
Comment définiriez-vous le personnage de Mickey ?
Natacha Pontcharra a fait naître un rôle de petites gens. Ce n’est pas commun, et Mickey a le mérite de ne pas rentrer dans un stéréotype du vigile, raciste, débile. Il a une chose que personne ne peut lui enlever, c’est sa langue. Cette langue le tire vers le haut. C’est un homme drôle et ouvert et on peut parfaitement se projeter en lui. Finalement, un homme comme vous et moi qui est tombé amoureux. Je pense que le meurtre peut aller très vite.
Avez-vous vu les scénographies des autres metteurs en scène, notamment au théâtre Pixel à Paris ?
Je ne préférais pas, car chaque mise en scène est particulière. Au théâtre Pixel, Jean-Christophe Barbaud a mis en scène la pièce avec beaucoup d’humour, comme une farce. Ici, j’ai voulu travailler sur l’humanité de ce pauvre garçon. L’humour est tout de même présent mais beaucoup moins que dans le livre.
Un décor minimaliste, est-ce un choix de votre part ?
Dans la nouvelle, Mickey est dans un entrepôt. Nous avions donc pensé à un décor où il n’y aurait… rien ! Et puis, en y réfléchissant, nous voulions un endroit un peu plus réduit : un vestiaire finalement. Nous avons essayé de respecter la pièce dans sa globalité.
Cela ne sert à rien d’enjoliver les histoires de meurtre.
L’insertion sonore à la fin de la pièce ne vous paraît-elle pas violente ?
Je ne voulais pas faire de double mesure. Mickey se retrouve seul face à lui-même, c’est une sorte de prière qu’il fait. Il a deux options : soit il se rend à la police, soit il se suicide. Je n’aime pas les « happy end ». Il faut montrer les choses comme elles sont. Cela ne sert à rien d’enjoliver les histoires de meurtre.
Vous semblez être attaché à certaines convictions...
Je trouve simplement qu’on ne s’intéresse pas assez à la misère du monde. D’une manière générale, on ne se rend pas compte à quel point des personnes peuvent souffrir de solitude et du manque d’argent. Ce que j’aimerais c’est faire s’interroger le public sur les faits divers que l’on trouve dans les journaux. C’est incroyable le nombre de meurtres qu’on peut trouver par jour. Il y a bien un problème sociétal ! Il faut d’abord s’intéresser aux causes et non pas aux conséquences.
Propos recueillis par Olivia Le Pottier
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