Une icône, un souvenir, et une femme...
"Promets-moi" : voyage picaresque à travers la Serbie
Kusturica, fidèle à lui-même…
Pour son dernier film Kusturica revisite la Serbie. Inventions en tout genre, personnages délirants saupoudrés de malfrats et de prostitution… Le maître nous offre une fois de plus une aventure merveilleuse, l’histoire d’un gamin de douze ans envoyé par son grand-père sur le chemin de la vie.
Téléportation dans l’univers de Kusturica : une spirale noire et blanche nous ouvre le film. Elle sera à l’image de toute la folie qui va s’en emparer, semblable à cet instrument, fantastique et artisanal, qui sert à hypnotiser et endormir le grand père de Tsane. Tous deux vivent sur une colline, éloignée de la ville, dans une cabane aux mille-et-unes inventions rocambolesques. Lorsqu’un inspecteur, tout aussi fou, décide de fermer la seule école du hameau, Tsane se retrouve coupé du monde. Son grand père voyant sa fin proche, l’envoie en ville pour que le jeune garçon devienne un homme et construise sa propre vie.
La folle aventure
Le grand père fait alors promettre à Tsane de rapporter trois éléments de la ville : une icône religieuse de Saint Nicolas, un souvenir, et une femme. Puisqu’il n’existe aucun commerce aux alentours, Tsane doit alors partir avec sa vache Cvetka pour la vendre en ville. Un voyage vers l’inconnu qui va mener le jeune paysan dans une série de mésaventures toutes plus folles, folkloriques et drôles les unes que les autres. Tsane ne se doutait pas, depuis sa campagne isolée, du règne des tueurs zoophiles et de la prostitution échevelée qui sévit…
Plus le film avance et plus on se sent transporté, littéralement impliqué dans la quête du jeune garçon et la poursuite de ses aventures
Kusturica signe de nouveau une comédie désopilante empreinte de l’identité mais aussi des travers des Balkans ; un voyage improbable mais fantastiquement drôle pour nous faire échapper à la réalité.
Plus le film avance et plus on se sent transporté, littéralement impliqué dans la quête du jeune garçon et la poursuite de ses aventures. Bien entendu, c’est un happy end qui nous attend, comme si tout ceci n’était qu’un rêve éveillé.
Une épopée magique au-delà des frontières
Le mariage, le passage à l’âge adulte sont les principales caractéristiques que l’on retrouve aisément dans les oeuvres de Kusturica. Le réalisateur serbe a créé un univers qui lui est propre, entre parti-pris politique, contextes historiques et dérision. L’humour fait partie de chacun de ses films et ses dénotations viennent s’y greffer comme des lettre des Balkans envoyée au monde occidental [1]. Promets-moi s’avère finalement être une œuvre Kusturicaine classique : drôle et décalée au possible. [2]
Lise Alvarez
Olivia Le Pottier
[1] Arizona Dream (1993), Underground (1995), Chat noir, Chat blanc (1998), La vie est un Miracle (2004)
[2] Ce sera sa dernière respiration balkanique avant un intermède argentin : Maradona, son docu sur Diego –l’homme qui fait intervenir la main de Dieu à volonté- sortira, lui, courant 2008.
Bloc-Notes
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