
Marche ou grève n°2
Manifestation : les pas de la colère
Quelques heures avant la manifestation, les quais sont désertés et les conducteurs RATP de la ligne 3 expliquent leur but : "Le mouvement vient d’en bas, de nous personnels non syndiqués. En réalité, à la RATP, les syndicats suivent mais c’est le personnel qui donne le ton. On ne fait pas la grève pour se faire plaisir. On se lève à 5 heures du matin pour faire des A.G et nous aussi nous avons de la famille qui prend les transports".
La révolte prime malgré tout : "Nous voulons manifester notre mécontentement contre la politique générale du gouvernement. Les médias sont partisans et contre la grève mais ils disent rarement que quand on fait grève un mois, par exemple, on perd notre salaire et on doit payer les cotisations que les patrons ne prennent pas en charge".
Concernant le service minimum, ils manifestent aussi leur mécontentement : "La direction fait rouler des jeunes qui ont le permis depuis mois de 5 mois. Ils sont obligés de le faire pour valider leur permis. Cette manœuvre est dangereuse car les jeunes ont peu d’expérience". Un problème de coordination subsiste : comment accéder à la manifestation sans métro, bus et rer ? De nombreux banlieusards n’ont ainsi pas pu s’approprier la rue et battre le pavé.
Nous voulons manifester notre mécontentement contre la politique générale du gouvernement.
En extrait audio, une interview d’un jeune cheminot de la Sncf qui nous explique pourquoi il participe au mouvement. Il revient sur les contraintes de son travail, nous donne ses préférences concernant les syndicats. Enfin, il donne son opinion sur le rapport entre média et grève.
Le slogan ou les réclames publicitaires entre syndicats
Devant la gare Montparnasse, l’air est saturé par les cris des grévistes, étudiants et "travailleurs" . Un concours de décibels autour du thème « pas de négociation » est lancé entre Force Ouvrière et la C.G.T (extrait audio « pas de négociation »). L’enjeu est le mot encore et toujours, celui qui va réveiller la foule endormie par le froid. On en échange en secret ou en criant. La parole est d’or et l’ennemi est le silence pour les manifestants qui veulent se faire entendre à défaut d’être écoutés.
Parmi les slogans plus osés, on peut entendre celui-ci "Sarkozy, ta loi, si tu savais où on se la met, au cul, au cul, aucune hésitation". Les grévistes ne sont parfois pas loin des chansons paillardes (extrait audio chanson C.G.T) et de la nostalgie des fêtes de villages avec stands de sandwichs et musique. "C’est tous ensemble qu’on va gagner". Les traditions rassurent ainsi les manifestants qui se sentent en terrain connu (extrait audio slogan). Mais dans les rangs des étudiants, on déplore le manque de créativité du convoi C.G.T.
Parfois un haut-parleur s’étouffe, grésille et rend l’âme. Le chœur des manifestants reprend les slogans. Cette scansion installe un rythme, étourdit. La phrase est d’abord lancée sur un ton montant puis les voix se baissent pour remonter encore. Ce mouvement de marée montante et descendante rappelle parfois la scansion des vers de tragédie grecque. L’air solennel des étudiants appuie cette impression.
La parole est d’or et l’ennemi est le silence pour les manifestants qui veulent se faire entendre à défaut d’être écoutés.
Quand les usagers râlent, que les Français allument la télévision pour se complaindre ensemble contre les grèves, les commerçants du quartier se frottent les mains et profitent de la faim des manifestants. Ils contrediront sûrement les prévisions qui accusent les grévistes de ralentir l’économie.
Photographies : Aurélia Blanc
Marche ou grève n°1 : Etudiants : l’art et la manière de faire un blocage
Marche ou grève n°3 : Refrain des grévistes et révolte d’un professeur
Marche ou grève n°4 : Syndicats et médias : "Regarde moi dans les yeux"
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses