
Journée mondiale d’action du 26 janvier
Ménilmontant contre Davos : le match des forums
Forum social mondial
"Quelques dirigeants se réunissent à Davos, les forums sociaux sont partout". Cette citation trône sur un panneau en carton à l’entrée de la salle Olympe de Gouge dans le XI ème arrondissement à Paris. Elle donne le ton de la journée mondiale d’action qui est parvenue à fédérer un grand nombre de mouvements sociaux. La CGT, la Marche mondiale des femmes, Génération Palestine ou encore la Fédération des artisans du monde s’accordent, en ce 26 janvier, derrière un seul message : la quête de justice sociale opposé à la vision économique du monde. Ménilmontant aurait-il damné le pion à Davos ?
La journée mondiale d’action se présentait comme une initiative locale dans le vaste forum social mondial. L’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine étaient conviées à la fête et devaient faire partager leurs expériences grâce aux vidéoconférences. Ces visages, supposés enthousiastes, unis dans une communion, ne sont jamais parvenus sur les écrans gris de la salle.
Forum mondial, conscience mondiale ?
Les altermondialistes souhaitent faire naître cette conscience mondiale mais technologie et esprits n’étaient apparemment pas suffisamment "connectés". Les militants français savent parler comme nul autre de leurs expériences à l’étranger. Il manque pourtant la présence de ces habitants liés par la "solidarité des luttes". Quelques intervenants font le lien entre leur culture d’origine et le contexte français. Ils sont écoutés attentivement, incarnent ces nouveaux métissages salués par les associations.
A quoi sert le développement si ce n’est pas pour empêcher des familles de tomber dans la galère ?
Agnès, haïtienne, volontaire d’une ONG camerounaise tente de réveiller un public endormi : "Dans une banlieue parisienne, à Herblay, je rencontre des familles qui vivent dans des caravanes et sont ballottées de lieux en lieux. Elles se sentent abandonnées, exclues. Il faut les rencontrer pour les comprendre". Comme un cri du cœur, elle lance alors : "Je pense à ces familles dans mon pays qui sont dans le même cas. A quoi sert le développement si ce n’est pas pour empêcher des familles de tomber dans la galère ?".
Ibrahima, un salarié sans-papiers de Buffalo Grill, rappelle aussi ces liens de solidarité qui s’effectuent souvent par l’immigration : "La France s’est constituée par l’immigration. Il faut avoir le courage de reconnaître que les travailleurs sans-papiers contribuent à l’économie".
Idéaux écolos contre billets verts : premier round
Les discours s’enchaînent les uns derrières les autres comme un collier de perles dépareillées. Contre l’exploitation de la planète pour atteindre la rentabilité économique, les Verts brandissent le carton rouge. Geneviève, militante, déplore que "les puissances dominantes instrumentalisent l’écologie pour faire croire qu’elle nuit aux politiques sociales". Elle attaque les réformes en vue pour limiter la production de CO2 : "La taxe carbone est une bonne idée mais si elle ne s’ajoute pas aux autres, elle ne sera qu’une mesure ponctuelle". Les paysans altermondialistes approuvent. José Bové dans un coin de la salle reste discret et s’échappera rapidement dans le milieu de l’après-midi. Sans caméra ni médias à proximité, il paraît plus fatigué, moins enthousiaste, presque lassé.
On maquillait les visages des enfants, on coloriait nos camionnettes. Je suis assez fière de ce périple dans le nord de l'Europe.
Le poids des mots, le choc des images
La cacophonie règne dans l’espace étroit de la salle. Deux musiciens sont chargés de réchauffer les esprits entre deux interventions. Derrière leurs stands, les associations passives guettent les regards intéressés. Dans l’espace de l’ONG ATD Quart-Monde, Louise, une étudiante, prend plaisir à raconter son expérience : "Nous avons réalisé la tournée des caravanes. Nous sommes partis dans le nord de l’Europe : la Bretagne, l’Angleterre, la Pologne…Dans les villages, nous organisions des animations comme le théâtre forum. On maquillait les visages des enfants, on coloriait nos camionnettes. Je suis assez fière de ce périple". Ce forum social se transforme en grenier à souvenirs, où les photographies et les journaux militants servent à raviver l’espoir de construire des liens de solidarités mondiaux.
Mais la concentration des associations, menant chacune leurs combats, ne parvient pas à convaincre. Les luttes s’étouffent et s’essoufflent. Contre le modèle économique du forum de Davos, Ménilmontant propose une solidarité de classe, entre ouvriers, paysans, sans-papiers… La riposte est donc peu concluante. Ce timide crochet du gauche ne signe pas le K.O des réunions des géants économiques.
Chloé Vigneau
Photo : Aurélia Blanc
Une vidéo de "la manifestation festive" à Ménilmontant
Le site du forum social européen
Le site du forum social mondial
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