
Dans le mange-disque de Fragil
La sélection musicale 2010 de la rédac’
Certains font les malins en offrant à leurs fans un album entièrement composé sur Ipad comme cadeau de Noë l, n’est-ce-pas Monsieur Damon – Gorillaz – Albarn, on frime, on s’la pète ! Plus modestement, à Fragil, dix fiers rédacteurs de votre magazine chéri, tels de vaillants chevaliers à la recherche du saint Graal Musical, n’ont écouté que leur courage et leur sagacité pour vous offrir, ou tout du moins vous inviter à vous offrir ( !), une sélection de mirifiques galettes qui ont squatté nos platines pendant cette année 2010.
En vous souhaitant autant de plaisir à nous lire que nous en avons pris à écouter ces disques, Joyeux Noë l !
- Delphine Blanchard, rédactrice
Son coup de cœur :
Philippe Katerine, Philippe Katerine.
Parce que j’adoooooooore (comme il scandait dans son précédent album). Un hebdo national titrait il y a peu : « P.Katerine : escroc ou génie ? » Pour moi, c’est génie sans aucun doute. Mélodie tantôt pop, tantôt douce amère. Une économie de mots pour un message fort et pertinent. Un artiste atypique et déjanté, dans un monde musical trop souvent édulcoré, qui trace sa route sans compromis. Ce neuvième opus de Katerine est un objet musical non identifié dont on se délecte. Ce "fou chantant" est également à suivre en tournée : escale aux Sables-d’Olonne le 23 mars prochain pour un retour à ses sources vendéennes.
Sa sélection :
Florent Marchet, Courchevel. Ses textes finement ciselés donnent un coup de fouet à la nouvelle chanson française. À voir en première partie de Thomas Fersen le 20 février prochain au festival Acoustic en Vendée. Un rendez-vous à ne pas rater.
Arnaud Fleurent-Didier, La reproduction. Programmé à la dernière minute sur la scène Saint-Jean-d’Acre aux Francofolies juste avant Dominique A et Wax Taylor, il a su capter l’attention du public et nous emmener dans son univers bobo parisien décomplexé.
Hindi Zahra, Handmade. Elle vient de recevoir le prix Constantin et c’est amplement mérité. Son Beautiful tango me fait chavirer...
À suivre : Aloe Blacc parce que son I need a dollar qui passe en ce moment sur certaines ondes est groovy à souhait. De la bonne soul comme on aime.
- Éloïse Trouvat, rédactrice
Son coup de cœur :
Arnaud Fleurent-Didier, La Reproduction.
La Reproduction est l’œuvre d’un enfant du siècle : Arnaud Fleurent-Didier. Avec ce beau disque à l’éloquence bien française, ce trentenaire à la gueule d’ange pose, avec talent et sens du récit, des questions concernant la reproduction dans toutes ses dimensions (sociale, culturelle, sexuelle ou politique). Entre une amourette et une désillusion, sur un son tantôt pop, tantôt électro, l’artiste raconte l’esprit d’un homme qui pense dans un monde qui n’a plus le temps de penser. Cinématographiques et littéraires, les 11 titres de cet album sont à l’image du tube intelligent et nostalgique France Culture, petit bijoux désabusé qui file aussi vite que la vie. Arnaud Fleurent-Didier est l’auteur de ce modeste chef-d’œuvre musical duquel se dégage une furieuse envie de vivre.
Sa sélection :
Alina Orlova, Laukinis Suo Dingo.
Hindi Zahra, Handmade.
Lilly Wood and the prick, Invicible Friends.
Bande Originale, Gainsbourg Vie héroïque.
Bonus : Charlotte Gainsbourg sur la scène des Francofolies de La Rochelle reprenant le mythique Couleur Café de son papa, Serge Gainsbourg.
- Sidney Le Bour, rédactrice
Son coup de cœur :
Blonde Redhead, Pennysparkle.
Magnétique, envoûtant et magistral. Dernier né de Blonde Redhead, Pennysparkle est une rondelle hallucinogène modifiant notre perception du temps et de l’espace. Conjuguant l’instrumentation pénétrante et mesurée des frères Pace à la voix ensorcelante de Kazu Makino, c’est sans interruption que l’on écoute et réécoute l’intégralité de leur huitième album.
Sa sélection :
Thieves Like Us, Again and again.
Arcade Fire, The suburbs.
Rhum For Pauline, Miami.
Caribou, Swim.
- Annabelle Durand, rédactrice
Son coup de cœur :
Tumi and the Volume, Pick a dream.
Bel album pour ce groupe de hip-hop sud-africain. Ils pratiquent un hip-hop exigeant mené par le flow hallucinant de Tumi ! Sur scène c’est une vague d’énergie qui déferle sur le public… À écouter et à voir absolument !
Sa sélection :
Beat Torrent, Beat Torrent Reworks.
Hocus Pocus, 16 pièces.
Arnaud Fleurent Didier, La reproduction.
- Sandrine Le Maléfant, rédactrice
Son coup de cœur :
Soul Square, Live and Uncut.
Quatre beatmakers tous aussi talentueux que le choix de leurs featuring excellents annonce des artistes prometteurs à (re)découvrir. Producteur du dernier album de Fisto ils incarnent la crème de l’avant-garde et de la relève du hip hop. Intelligence, groove, jazz, pertinence... une invitation tant au recueillement qu’à la danse. Et dire que ce sont des provinciaux ! Une nouvelle page de l’écriture du livre de l’histoire de la musique. Hip-hop is not dead !
Sa sélection :
Fisto, Futur Vintage.
Clara Moto, Polyamour.
Compilation Rain City.
Tumi And The Volume, Pick a dream.
Damien Saez, J’accuse.
Bonus : Les concerts de Get the Blessing, Omar Sosa & Trilok Gurtu à Jazz sous les Pommiers à Coutances, Casey et Micronologie à l’Antipode de Rennes, Talib Kweli au Festival Marsatac de Marseille, The Vienna Vegetable Orchestra à [Cultures Electroni[k]->http://www.electroni-k.org/] à Rennes.
- Georgina Belin, rédactrice
Son coup de cœur :
Casiokids, Topp Stemning Pa Lokal Bar.
De l’électro pop tropicale venue du froid qui flirte entre Metronomy, Architecture in Helsinki et Washed out. Ces 5 norvégiens ingénieux nous proposent un antidote radical aux rigueurs de l’hiver avec leurs comptines scandinaves aux paroles régressives (où l’on apprend comment dire « trouvez les chiens ! » en norvégien...), ou leurs plages ensoleillées aux sonorités ludiques de jouets afro-pop endiablés. Un double album hybride, résolument sensuel et frétillant, à écouter chez soi en petite tenue (économies de chauffage garanties !)
Sa sélection :
We have band, We have band.
CEO, White Magic.
Kisses, The Heart of the Nightlife.
Sleigh Bells, Treats.
Matt and Kim, Sidewalks.
Zebra and Snake, Nighttime (EP).
Bonus : l’hommage posthume à This is pop : White monkeys et Frustration : Mid Life crisis (single).
- Alban Lecuyer, rédacteur
Son coup de cœur :
Gaëtan Roussel, Ginger.
Le premier album solo du leader de Louise Attaque a été conçu à l’échelle atomique : onze chansons et pas une de plus, un single efficace de la première à la 166e seconde et pas la moindre fioriture visible au microscope. Moins aérien que durant la parenthèse planante de Tarmac, le son a pris une teinte rose bonbon où l’on distingue certains motifs déjà en germe dans À plus tard crocodile (Tokyo, Dis-moi encore que tu m’aimes). Parfait en radio, ou pour sauter sur place avec un verre à moitié vide à la main, beaucoup moins lorsqu’il s’agit de développer l’argument en concert.
Sa sélection :
Nouvelle Vague, Couleurs sur Paris.
Arcade Fire, The Suburbs.
Momo, Le grand voyageur.
Olivia Ruiz, Miss Meteores Live.
- Pauline Bataille, rédactrice
Son coup de cœur :
Tame Impala, Innerspeaker.
Ce quartet australien produit une musique inlassablement parfaite. Le disque a été la B.O de mon année 2010, parce que il rassemble toutes les qualités et la magie que je recherche dans un album. Complètement psyché, l’album est un succession de boucles rythmiques entêtantes et hypnotiques, aux allures rock "suave". Il y a quelque chose qui dépasserait même leur musique, et qui leur attribut toute cette "Grandeur" : la capacité à capturer dans leur musique un univers ésotérique, aux instants d’éternité. Bref : Infiniment beau.
Sa sélection :
Toro y moi, Causers of this.
Dominant Legs, Young At Love And Life (EP).
OK Go, Of The Blue Color Of The Sky.
Rhum For Pauline, MIAMI.
El Guincho, Pop Negro.
- Vincent Hallereau, coordinateur Musique
Son coup de cœur :
Kanye West, My Beautiful Dark Twisted Fantasy.
My Beautiful Dark Twisted Fantasy est sorti le 22 novembre et il truste de façon magistrale ce bilan musical. Kanye West a eu raison de mon éthique musicale. Primo, il vend des millions d’albums et n’a donc aucunement besoin de la première place dans mon bilan. Mon rôle de passeur est ici inutile. Deuxio, seules les chansons de 3 minutes et les albums oscillants entre 30 et 40 minutes trouvent grâce à mes yeux. Plus c’est long, plus c’est superflu. Ici les chansons font entre 4 minutes 16 et 9 minutes 08 et l’ensemble dure plus de 68 minutes. Mais il n’est nullement question de délayage ou de redondance chez Kanye. Enfin, un homme qui a samplé Kid Charlemagne de Steely Dan pour son titre Champion, sur Graduation, album de 2007, aura mon respect pour des lustres. Ce cinquième album est une nouvelle fois un monstre d’efficacité, allié à une grande sensibilité, de la science du sample à la production. Pas un titre qui ne passe à la trappe. Que dire de l’africanisant Power, du beau à pleurer Devil In a New Dress, du tribal Monters ou de l’euphorisant All of the Light, c’est parfait de bout en bout. Pour finir les samples sont de nouveau épatants et éclectiques, on y croise pêle-mêle Bon Iver, Gil Scott-Heron, King Crimson, Black Sabbath ou encore Smokey Robinson. Kanye 10 / reste du monde 0 !
Sa sélection :
Ariel Pink’s Haunted Graffiti, Before Today. C’est le condensé des 30 dernières années du rock et de la pop-music, mais de leurs versants décalés. 12 titres : 12 ambiances. Énergie, folie, dérision, sens de la mélodie tordue !
Beach House, Teen Dream. L’album parfait des longues journées cotonneuses, pour s’alanguir bercé par la délicate voix de Victoria Legrand (nièce du grand Michel Legrand). Très grand disque de pop suave.
Wavves, King of the Beach. Pop et saturation à grand renfort de “wouhouhou” et de “yeaheaheah”.
Warpaint, The Fool. Neuf titres impeccables pour un voyage mélancolique et mystérieux dans des contrées perdues.
Die Antwoord, SOS. Sale, provoquant, dérangeant, JUBILATOIRE !
The Bewiched Hands, Birds & Drums. Grand disque de pop à guitares et harmonies vocales à faire rougir de honte les nouvelles productions anglo-saxonnes détentrices et héritières d’un savoir faire ancestral. Le concert à L’Olympic de Nantes, le 25 novembre, fut certainement l’une des plus belles expériences scéniques de cette année.
Mention spéciale : la chanson Hakim sur le dernier album de Tricky, Mixed Race, pour lequel le guitariste de Rachid Taha, Hakim Hamadouche, vient poser sa voix. Très beau morceau où la rugosité de Tricky rencontre la douceur de ce chant.
- Romain Ledroit, coordinateur
Son coup de cœur :
Sufjan Stevens, The Age of Adz.
L’épreuve de Stevens est celle du Blast de Larcenet. Sensible, chimérique et bariolée, la musique de Sufjan Stevens crève l’écran et la métaphore de la représentation, du spectacle. Sufjan Stevens a toujours eu une vision d’empire : on se souvient d’Illinoise et des petites folksongs arrangées à la cuillère ; du BQE, projet multimédia et expérimental qui doit autant à Johann Johannsson qu’à Run DMC. On ne mordra jamais assez dans son propre cerveau écrivait Tzara. 2010, the Age of Adz. Titanesque, pharaonique, le chant de Stevens ne tient qu’à un fil : d’Ariane, pour se frayer parmi les dédales d’une oeuvre complexe dont on ne peut être rassasié. Là, on tient quelque chose. La poésie du Age of Adz n’a pas son pareil pour nous faire tressaillir et bouillonner à chaque notes. Pantois, forcément, conquis, oui, le nouvel empire de Stevens envahit l’esprit pour nous laisser le choix des larmes. Du génie pur.
Sa sélection :
US Girls, Go grey.
MGMT, Congratulations.
Gonjasufi, Gonjasufi.
Future Islands, In evening air.
Crystal Castles, Crystal Castles 2.
The National, High Violet.
Current 93, Baalstorm, Sing Omega.
Dirty Projectors and Björk, Mount Wittenberg Orca.
Massive Attack, Heligoland.
Deux raisons pour lesquelles on aime déjà 2011 :
Katie Stelmanis, Beat and the Pulse less distorsion.
David Lynch, Good day today.
Pour les plus nostalgiques, retrouvez la sélection musicale 2009 de la rédac’ !
Coordination article : Vincent Hallereau.
Conception article et bannière : Aurélien Lahuec.
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