
Semaine de la solidarité internationale
Home, sweet hommes
La Maison des journalistes, un exemple de solidarité internationale ?
Dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale du 17 au 21 novembre (voir bloc notes), Fragil propose une série de trois reportages pour explorer ce mouvement et ses acteurs. Liberté de la presse, engagement citoyen ou développement durable sont autant de thèmes traités sous l’emblème de cette solidarité. Pour ce premier volet, la Maison des journalistes, dirigée par Philippe Spinau, se présente comme le centre d’accueil idéal pour questionner les idéaux et valoriser l’action.
De l’extérieur, la Maison des journalistes pourrait être un état indépendant au sein de la France où cohabiteraient dans la paix et l’harmonie des journalistes réfugiés politiques issus de nationalités diverses. Ce modèle idéaliste est celui qu’ont voulu créer, en 2002, Danièle Ohayon, journaliste à France Info, présidente de la MDJ et Philippe Spinau, son directeur, un ancien militant, la tête dans les idéaux des années 70, les pieds dans l’action du XXI èmes siècle. "J’ai toujours été pragmatique. Je ne refuse pas les discours mais il y aussi des vrais gens qu’il faut vraiment aider".
Le "paradis" se construit donc artificiellement, au rythme d'une sélection de trente résidents par an qui prennent chacun leur quartier pour six mois maximum.
Ces " vrais gens" sont les journalistes menacés dans leur pays, armés de mots et d’images pour dénoncer les régimes corrompus, autoritaires et les abus de toutes sortes. "Avant de bénéficier d’un séjour dans la Maison des journalistes, leur dossier est vérifié par R.S.F pour éviter la fraude. Nous refusons également d’accueillir trop de personnes de même nationalité pour éviter les regroupements". Le "paradis" se construit donc artificiellement, au rythme d’une sélection de trente résidents par an qui prennent chacun leur quartier pour six mois maximum.
Journaliste, un métier sans frontières ?
Lutfiya, (voir photo), irakienne, a pu profiter de cette pause dans sa carrière tourmentée. Militante pour les droits des femmes, journalistes et écrivain, elle était devenue. la cible des "fanatiques" et des Américains. "J’ai été l’objet de plusieurs attentats, de cambriolages, avant d’être invitée par l’Unesco". Elle a désormais fait le deuil d’une période floue, avant la guerre, où les femmes étaient libres d’étudier et de choisir leurs loisirs.
Mais la France n’est pas un eldorado où ces journalistes peuvent reconstruire une nouvelle vie. "Ils ont un problème de légitimité", explique Philippe Spinau, "ils ne sont pas reconnus en tant que professionnels et retrouvent rarement du travail. Pour qu’ils puissent montrer de quoi ils sont capables et ne pas perdre leurs automatismes, nous avons crée un journal, "L’Oeil de l’exilé" et une émission de radio, Quasimodo".
Cependant, la Maison des journalistes ne brandit pas le flambeau de la critique des médias. Elle est en accord avec ses financeurs, les principaux médias (Canal +, France Télévision, M6, Tf1, Le Monde, Paris Match, Télérama etc...) et la C.E.E. Par cet aveu, se dévoile le principe fondateur de la MDJ, le champ journalistique est subordonnée à la création d’un lieu où "des gens du monde entier peuvent vivre ensemble". Grâce à cette expérience, Philippe Spinau a satisfait son intérêt pour "l’humain, la matière humaine" et montrer qu’il est "possible de vivre ensembles , que la mixité sociale n’est pas une utopie". Le directeur, à mi-chemin entre le père manquant et l’ami, envisage de décliner le projet pour les artistes qui méritent d’être défendus et acceuillis : "ceux qui trinquent sont ceux qui pensent". "Ils sont en quelque sorte les "emmerdeurs" dont nous avons besoin".
Défenseur de la parole libre plutôt que porte-parole
Fidèle à la devise "Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire", Philippe Spinau se défend pourtant de s’accapparer le costume de porte-parole de la liberté de la presse et des journalistes opprimés. " Notre partenaire R.S.F est chargé de cette mission, les rôles sont répartis et, de notre côté, nous avons choisi le travail social".
Le directeur demeure admiratif face à "la force de l'âme humaine".
Le terme "solidarité" est à peine esquissé et "international" n’est prononcé que du bout des lèvres. Sans véritablement se réclamer de ce mouvement, le directeur de la Maison des Journalistes établit pourtant les mêmes constats sur la nécessité de développer les échanges interculturels. Le directeur reste aussi admiratif face à "la force de l’âme humaine". " Je vois passer sous mes yeux des cas de tortures effroyables, des folies pures pour obtenir le silence des journalistes. Ces actes qui vont jusqu’à la barbarie sont souvent acceptées par l’opinion internationale. Ils ne suscitent plus de réaction. . Heureusement, je reste optimiste et impressionné, car la réaction est proportionnelle, forte, à la mesure de la capacité de l’homme à résister". Vecteur de ces sources d’énergie, la Maison des journalistes ne fait pas seulement figure de murs neutres, de centre d’accueil. Elle reste une passerelle précieuse pour les migrations de ces plumes blessées quand viennent les saisons des dictatures, où les articles des journaux tombent un à un, sans froisser les résistances de ces femmes et hommes.
La Maison des journalistes est située 35 rue Cauchy à Paris, dans le 15 ème arrondissement.
Le site de la Maison des journalistes
Chloé Vigneau
Bloc-Notes
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