Reportage vidéo
La jeunesse musicale hindi, héritière des millénaires
Orientales 2010 : Rencontre avec la jeune génération de la musique classique
La jeune génération de musiciens indiens perpétue l’art classique dans l’Inde du XXI siècle. Nous avons rencontré les descendants des maîtres Shankar et consorts pour voir le jeune visage d’une Inde aux musiques millénaires. Quid de la tradition quand on a 20 ans à Calcutta ?
Les jeunes héritiers des millénaires face à l’Inde moderne from Magazine Fragil on Vimeo.
Tradition & Transition
Quand les indicateurs économiques sont au vert, l’Occident applaudit. Si la croissance va, tout va. On applaudit donc en ce moment l’Inde, puissance économique et technologique d’un futur immédiat. Au côté de la Chine, cet autre pays-continent représente une puissance économique majeure, un marché d’influence. D’un point de vue culturel, la croissance économique change la donne : elle établit des rapports marchands sur une identité culturelle, devenue produit. D’où la naissance d’une industrie culturelle indienne, calquée sur les modèles occidentaux, qui adapte à tour de bras des concepts mondiaux pour le public indien. Une glocalisation culturelle. C’est un cas d’école frappant dans les médias et la musique populaire. Aujourd’hui, on zappe sur Indian Idol pour découvrir la jeunesse pop en turban. Quand la croissance va, tout s’en va ?
Une autre jeune musique indienne existe. Paradoxe, elle est cinq fois millénaire. C’est la musique classique, savante, celle transmise de générations en générations par les maîtres. Elle est loin, l’industrie culturelle. De jeunes musiciens - une petite trentaine d’années- perpétuent la musique classique dans cette Inde de la modernité. Nous en avons rencontrés certains. Trois d’entre eux, les plus jeunes, sont réunis au sein d’un trio, le Jugalbandi. Ils perpétuent l’art du chant, du sitar et des tablas. Les deux autres sont les frères Shankar. Un patronyme célèbre, celui du Pandit (maître) Ravi Shankar, sitariste, le symbole d’une musique classique indienne qui rencontre l’Occident et la pop des 60’s.
De l’autel à Delhi
Nul n’est prophète en son pays. Eux, si. Que l’on ne s’y méprenne pas : la musique classique indienne ne vit pas recluse dans les lieux sacrés. C’est dans ces immenses villes, à Delhi ou Calcutta, que ces jeunes vivent les deux pieds dans le XXIe siècle. A chaque coin de rue, la tradition millénaire rencontre la société moderne, malgré le fossé difficilement franchissable. A l’image d’un des frères Shankar, Ashwani, on peut être diplômé en Sciences Politiques et maîtriser la technique musicale du Shenhaï, la flûte sacrée indienne. Ils ne cessent de le répéter durant cette rencontre : "it’s the mix", le mix entre les influences, les histoires, les cultures.
Aux Orientales, ils étaient réunis pour une soirée, Rising Stars, littéralement les Etoiles montantes. Ironie du sort, ces jeunes musiciens sont déjà des habitués. Ils ont commencé à suivre un enseignement classique avant l’âge de dix ans et la plupart d’entre eux ont joué dans le monde entier. C’est sans doute le plus surprenant lorsque nous les avons rencontrés : à la fois jeunes et rôdés, ils incarnent parfaitement une Inde du futur qui vit aussi du passé. Rising Stars, un nom qui renvoie à la starification de la jeunesse, une des techniques de l’industrie culturelle mainstream. Ici, il n’en est pourtant rien : de cette jeunesse, ils ne conservent que l’énergie et le reste est inscrit dans une tradition, qui paraît immuable.
Romain Ledroit
Prise de vue et montage : Hugues Bougouin
Bloc-Notes
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