
RUSSELL HAWSELL, AUTECHRE, ROB HALL, DIDJIT À L’OLYMPIC
Electro, Abstraite, IDM : l’inconnue GESCOM
Une techno complexe et psychédélique, au delà de Warp
GESCOM : GEStalt COMmunications ou Global Engineering System COMponent. Derrière ce nom étrange se cache un collectif de musique électronique proche des sphères de Warp. Quatre membres, dont Autechre, étaient présents à l’Olympic. Leur musique est souvent comme elle l’a été ce soir là , explosive, spontanée. Les traces de leur collectif sont rares. Nous avons fouillé les quatre coins du Web pour ces trois portraits en musique et en vidéo. Laissez-vous guider par les liens.
Sur les tracks de l’IDM
Autechre. Une référence dans le genre des musiques électroniques. Deux anglais qui touchent un large public depuis presque vingt ans (premier vinyl en 91), grâce à des sons à la fois dansants et expérimentaux. En tournée dans la vieille et la nouvelle Europe au mois de mars pour la sortie du denier opus "Oversteps", le secret de leur rayonnement se trouve principalement dans la nouveauté : alliance de machines, de la turntable au synthétiseur virtuel, liées à des programmes de création de musique, tout en combinant la boîte à rythme.
Un peu comme la musique baroque casse les irruptions émouvantes et guerrières de la musique classique, Autechre propose une construction nouvelle de l’électronique, mêlant expérimental et dance, l’IDM.
Aujourd’hui, le terme un peu fort est repris par braindance ou psychedelic et d’autres genres découlant de l’IDM [1]. Le genre a donc évolué et Autechre avec. Le duo s’oriente vers un style plus minimal, et tout aussi tonique, comme le soulignent les sonorités aïgues de Autechre.
Sean Booth and Rob Brown sont au cœur du projet de la Gescom ; il est important d’évoquer leur parcours collectif. Depuis la première compilation signée Skam en 94, "Gescom EP" - une vingtaine de personnes, à la création musicale ou comme djs - accompagne Autechre. La Gescom, citée dans le premier album chez Warp, est donc toujours dans la sphère Ae.
L’ombre planante de la GESCOM : Rob Hall
Précieuse et racée, l’électronique de Rob Hall est celle qui résonne encore dans certains hangars de Sheffield, 92. Il convoque LFO, Breakbeat et pulsions de la trance dans une techno martiale et millimétrée. Toujours dans l’ombre du duo Autechre, il entame et clôt les sets de la GESCOM. Lorsque Rob Hall se charge de remixer Autechre, il ouvre les immenses portes de métal des hangars et laisse l’IDM s’en échapper. L’électronique organique et théorisée d’Ae, on la retrouve sur d’immenses plages progressives aux côtés de quelques samples freaks des synthétiseurs analogiques. Ce mélange de légèreté dans la sélection de mélodies et l’utilisation des voix de la R’n’B contraste avec les rythmiques, lourdes et frénétiques. Rob Hall donne 20 ans de musique Pop à la puissance rigoriste de l’Intelligent Dance Music. A côté des chercheurs Autechre et du bruitiste Hawsell on trouve ce MC version IDM toujours derrière les machines des uns et des autres. Pilier au côté d’Autechre, il incarne à lui seul leur double rythmique.
Dans l’ombre, il l’est définitivement. Très peu d’informations filtrent sur ce membre éminent de la GESCOM. Un myspace vide, un blog grisâtre qui n’annonce que quelques dates, la seule consolation, c’est un mix, enregistré à Edimburgh, au Substance. Un condensé de culture électronique en une heure et vingt-trois minutes, un brillant manifeste de la GESCOM.
Cette noise venue d’ailleurs : Russell Hawsell
De la partie émergée de l’Iceberg GesCom, Russell Haswell est celui qui se charge de détruire les brises-glaces. L’univers d’Haswell a quelque chose de Roswell : une étrangeté chaotique et bruitiste au milieu d’un champ IDM davantage connu pour ses recherches électroniques et minimalistes. Performer aux multiples talents, il se charge de réunir ce que la GESCOM a de plus violent. Sous la forme d’un set aux allures d’exploit saturée, ce machiniste déploie des nappes synthétiques ; elles se fracassent sur un mur du son en ébullition. Russell Hawsell se joue des sens et des fréquences pour une expérience à laquelle le spectateur n’est pas convié. A lui de se faire sa place.
Quand il ne joue pas avec les nerfs des aficionados des bizarreries électroniques, on retrouve Russell Haswell dans l’art contemporain. Toujours sous la forme de performance, il met en spectacle une carcasse de faisan bercée par de l’ambient ou des animations psychédéliques qui renvoient tant à la dimension intellectuelle qu’organique présentes dans sa musique. Derrière ces machines, ce performer contemporain de Merzbow s’agite et manipule chaque sonorité pour en faire des noises, jusqu’à ce que les fréquences usées abandonnent et se déclarent vaincues.
Texte : Hélène Cerisier et Romain Ledroit
Merci à Discogs pour les extraits sonores.
Lire aussi l’article Bibio, la nouvelle âme sensible de Warp
[1] Intelligent dance music, terme désignant une frange de la musique électronique n’ayant pas pour unique but de faire danser les foules en rave ou en free party mais de se prêter à une diffusion chez soi ou en chill-out. C’est un genre musical né à la fin des années 1980 en réaction à la récupération commerciale de la house par quelques producteurs (..) /ou Ingénierie dirigée par les modèles, domaine de l’informatique mettant à disposition des outils, concepts et langages pour créer et transformer des modèles informatiques (ndr : autre concept !)
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