
DÉBAT SOLIDARITÉS
De rigueur
Fragil est parti à la rencontre d’initiatives portées par des citoyens, des collectivités et des entreprises. Au cœur : la solidarité. Elle se vit au quotidien par des réseaux d’entraide. Elle se renouvelle dans les projets d’économie collaborative ou de monnaie locale. Quitte à ce que le sens change.
L’austérité est de rigueur. La lassitude du discours médiatique sur « la crise » prouve qu’elle se sédimente dans les esprits. En une de cette gazette : le collectif Atenistas, nous sommes en Grèce. Au-delà d’une crise frappante, par petites touches, cette association assure des distributions de première nécessité aux Athéniens. Il y a foule pour échanger des vêtements ou se nourrir. En France, la situation est différente. Pour autant, les constats sont proches : du court-termisme économique aux fins de mois qui arrivent dès la première semaine. Cette actualité interroge la relation que tisse le citoyen à l’État, au travail et à ses concitoyens. La rédaction souhaite apporter un témoignage sur des comportements individuels et collectifs qui œuvrent à créer ou reconstruire des solidarités, à Nantes et Rezé.
On recycle aussi les idées
En France, la situation est différente. Pour autant, les constats sont proches : du court-termisme économique aux fins de mois qui arrivent dès la première semaine
Les sociologues innovent en parlant d’économie collaborative, une famille du quartier Château à Rezé ramasse les objets contenant du fer pour les revendre au kilo et en tirer un substantiel profit. 50 à 100 euros par mois. Nantes annonce une monnaie locale, complémentaire et virtuelle pour Juin 2013. On ne manque pas d’imagination, d’autant plus en crise.
À la « rigueur », on répondrait par la solidarité. Oubliée des valeurs républicaines, on la retrouve dans ces histoires et ces portraits
Le recyclage, c’est aussi pour les idées.Dans les années cinquante, les habitants des quartiers populaires se regroupaient pour l’achat et la mise en commun d’une machine à laver. Sur roulettes, elle passait de logement en logement. Une solidarité qui repose sur la mise en commun des ressources. Soixante ans après, « la machine du voisin », site internet communautaire, propose de trouver un voisin (parfois à l’autre bout de la ville) voulant bien vous accueillir pour laver votre linge. « Arrondir ses fins de mois » et « faire des rencontres » comme arguments pour susciter l’inscription sur le site. D’une solidarité simple et qui se fait de manière naturelle, on passerait aujourd’hui à des offres de services qui permettent à l’individu de tirer profit de sa propriété. On loue donc sa machine à laver, sa voiture et même son étudiant. Débrouillardise et maximisation du profit. Un changement de valeur qui ne fait plus du « système D » un choix par défaut, mais une capacité à avoir de l’emprise sur son quotidien. Pour prolonger la réflexion, la rédaction s’est ouverte à un groupe d’habitants de Rezé qui se retrouve pour échanger « bons plans » et rompre l’isolement du quotidien. L’occasion de renforcer l’importance de systèmes hors de l’économie de marché, solidaires et locaux : AMAP ou épicerie solidaire.
À la « rigueur », on répondrait par la solidarité. Oubliée des valeurs républicaines, on la retrouve dans ces histoires et ces portraits regroupés dans ce dossier et mis en débat le 28 mars prochain, à la Barakason de Rezé.
Romain Ledroit
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses