29° Festival de Cinéma des Trois Continents Nantes 2007
L’enfance en pièces détachées
Partes Usadas, Pièces détachées de Aaron Fernandez
Aaron Fernandez n’est pas un inconnu au Festival des Trois Continents. Déjà présent en 2004, pour travailler avec “Produire au Sud” , il revient aujourd’hui avec un premier long-métrage sous le bras. "Partes Usadas, Pièces détachées" est un film profondément humain.
Un adolescent de 14 ans, Iván, vit avec son oncle, Jaime, un commerçant de pièces détachées. Ils ont un rêve : quitter le Mexique et immigrer à Chicago dans l’espoir d’une vie meilleure. Comment le réaliser ? En économisant pour se payer le passeur. Mais le jour où Jaime s’aperçoit qu’il n’y a pas assez d’argent, il décide d’introduire son neveu dans un commerce illégal : le vol de pièces détachées de voiture. Une course folle commence pour trouver l’argent manquant. Iván, jeune garçon plein de vie, va avec son meilleur ami, Efraín, prendre ce "travail" comme un jeu. Tout en s’amusant, ils vont voler et livrer ces pièces pour un peu d’argent. Mais tout bascule, le jour où Iván comprend que les intentions de son oncle ont changé…
Un exemple de réussite pour "Produire au Sud"
Pièces détachées est le premier long métrage du réalisateur Aaron Fernandez. L’histoire de ces deux enfants qui volent des pièces de voiture vient de la rue : C’est dans la rue, en pleine journée, que l’idée de ce film est née. Un gosse de 14 ans était en train de voler, comme si de rien n’était le rétroviseur d’une voiture. Ce film a mis quatre longues années à voir le jour. Aaron Fernandez a rencontré le co-producteur principal de son film à Nantes, il y a trois ans lors du Festival des Trois Continents. Il était alors invité à travailler sur Produire au Sud, l’atelier de formation des jeunes producteurs et réalisateurs du Sud, sous la direction d’Alain et de Philippe Jalladeau [1].
Le vol de pièces de voiture et l’immigration ne sont que des prétextes !
Produire au Sud est un programme, qui donne une chance aux producteurs des pays du Sud d’être soutenus, encadrés, formés et informés. Une manière pour eux d’avoir les mêmes avantages que leurs collègues du Nord. Cette formation est organisée à Nantes et à Paris sur sept jours. Elle comprend un atelier de production, d’écriture et une présentation des producteurs et de leurs projets. Le tout permet de leur procurer une meilleure maîtrise des mécanismes de financement et notamment de co-production.
Pour le mexicain Aaron Fernandez, cela s’est conclu par la possibilité de terminer son film et de réussir à toucher une aide du Fond Sud Cinéma, mis en place par les Ministères des Affaires Etrangères et de la Culture et de la communication. Le résultat : ce film a reçu le prix de la Meilleure Première Oeuvre Mexicaine lors du dernier festival de Guadalajara en 2007.
Importance des valeurs humaines
Dans la salle, après la séance Aaron Fernandez se tient prêt à répondre à toutes les questions. Tout ce qu’il veut, c’est qu’on comprenne le fond de son film. Non, ce n’est pas un film sur la misère, sur le vol ou encore l’immigration : Le vol de pièces de voiture et l’immigration ne sont que des prétextes !.
Produire au Sud est un programme, qui donne une chance aux producteurs des pays du Sud
En effet, on l’aura bien compris, son film traite de valeurs humaines et notamment de loyauté. Une loyauté à toute épreuve entre les deux amis et une loyauté trahie : celle qu’Iván vouait à son oncle. Ce qui a motivé le réalisateur, c’est de raconter le contraste entre deux gamins, spontanés, pleins de vie et les situations d’adultes qu’ils vivent.
Côté pile, une vie d’adolescent pleines de découvertes : premiers baisers, premiers coups de poings, premières libertés… Côté face, une entrée dans un monde d’adulte dangereux où les conséquences peuvent être terribles. Le spectateur assiste à ce passage d’Iván à l’âge adulte.
Une mise en scène simple et spontanée
Aaron Fernandez a choisi la simplicité pour son premier long-métrage, très réaliste, très urbain : la plupart des scènes sont tournées à l’extérieur. Il explique son attachement à réaliser un film populaire, à sortir d’un cinéma formaliste et télévisuel. Cela se traduit par des dialogues clairs, qui font leur effet : Ca fait vrai, tel est le ressenti d’un spectateur. Cette impression de réalité vient du jeu des deux jeunes acteurs, spontanés et naturels, comme si ce qu’ils disaient était pris sur le vif, Le fait qu’ils ne soient pas acteurs renforce l’illusion réaliste. Le réalisateur insiste sur cette importance du langage et du jeu naturaliste. Il a donc laissé une grande place à l’improvisation et une certaine liberté d’expression pour les rôles d’Iván et d’Efraín.
Enfin Partes Usadas, Pièces détachées est un film où le rire est permis. La réalité quotidienne brute est balayé par l’enthousiasme communicatif des adolescents. On se sent proche d’eux, peut-être parce qu’ils nous replongent dans nos souvenirs d’enfance. Ce passage à l’âge adulte est traité avec beaucoup de fraîcheur. On sort de la salle, la tête pleine d’interrogations sur l’avenir d’Iván. Alors, à quand la suite ?
Céline Anton, Marie Delhaye
Liens :
[1] Alain et de Philippe Jalladeau, directeurs artistiques du Festival des Trois Continents
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