La culture vue de mon clocher
Les ruraux ont eux aussi des choses à dire
La 13ème édition du Festival Graines d’Automne vient de se terminer. Pendant deux semaines, les artistes et le public se sont croisés au gré des veillées, marchés et autres évènements culturels dans des lieux improbables, loin des grandes salles de spectacles habituelles. Un festival à la campagne, dont le projet est de faire vivre la culture en milieu rural et de créer des liens entre les personnes. Premier volet de notre série "la culture dans les campagnes".
L’aventure Graines d’automne démarre en 1996. Hervé Camus, l’un des initiateurs du festival nous raconte les débuts : « Nous avions un projet culturel sur l’histoire et le patrimoine local. On voulait créer un lieu, une structure sur le site de Gruellau à Treffieux (Loire-Atlantique). » Mais faute d’argent, tout tombe à l’eau.
L’envie de montrer que les ruraux ont aussi des choses à dire est forte
Néanmoins, il en faut plus pour arrêter la dynamique locale. « L’envie de montrer que les ruraux ont aussi des choses à dire est forte ». Une lettre est envoyée à différentes associations voisines pendant l’été 1996. Trois mois plus tard, la première édition de Graines d’Automne voit le jour. Tout se fait avec très peu de moyens, les organisateurs font appel aux copains, s’appuient sur le tissu associatif et la disponibilité des bénévoles.
Un festival collectif
Fier de cette première expérience, l’envie de recommencer s’impose naturellement. Un collectif d’associations se met alors en place et le festival se développe. Certaines associations s’occupent de la mise en place des veillées, d’autres de faire venir les spectacles de « Jazz à la ferme »… C’est tout un mouvement qui s’enclenche.
« Aujourd’hui, le collectif est structuré en commissions : logistique, communication, programmation… », explique Vincent Beckmann, l’actuel président du collectif. En effet, le festival est encore géré que par des bénévoles. Une trentaine d’associations, ce n’est pas toujours simple à administrer : « C’est un investissement personnel important. Et parfois fatigant… » Cette année, par exemple, le festival s’est vu retiré une partie de ses subventions de la part de la région. « Il a fallu faire avec, car aujourd’hui, le festival ne vit que grâce aux subventions et donc quand on n’en a plus, il faut trouver autre chose ». Afin de trouver d’autres sources de financement et éviter de toucher aux fondamentaux du festival (allier gratuité et qualité de la programmation), les organisateurs ont eu l’idée de fabriquer leur propre jus de pomme et de le vendre sur place. Cela ne remplace pas cependant les 3000 euros de subvention.
La valorisation d’une identité
A l’opposé d’une culture marchande et technicienne, le festival se construit autour d’une philosophie qui évolue au gré des années et des différents intervenants. Les deux points phares du projet sont de faire vivre "la culture rurale" et "la culture en milieu rural", mais aussi de favoriser le lien entre les personnes au-delà des générations et des communes.
Très rapidement, cette identité est devenu la marque de fabrique du festival Graines d’automne et le levier de la reconnaissance. Le festival devient une référence dans la région. Gilles Philippot, Conseiller général du canton de Nozay, défend le côté convivial de ce genre de festival : « Notre époque souffre d’un déficit de rencontres : le Festival, c’est une dynamique de communication à travers le canton, c’est faire ensemble, c’est être acteur, bref, c’est développer le sentiment citoyen, celui d’une appartenance à une communauté. » L’intérêt est important de montrer que la culture peut exprimer une identité de territoires et que l’action culturelle menée par des associations est un important moyen d’exercer une citoyenneté active.
Aujourd’hui, l’avenir du festival Graines d’automne se conjugue avec la bonne volonté des bénévoles, malgré les interrogations sur les prochains financements. Alors, tant qu’il y aura des hommes…
Marie Delhaye
Photographies : Valérie Pinard
La culture dans les campagnes : Le magazine Fragil initie une série d’articles et de reportages photos sur la culture dans les campagnes. Loin de l’abondance des villes et de l’offre culturelle variée des grandes salles de spectacles, l’accès à la culture se pratique différemment en campagne. Les grands médias culturels en parlent peu, Fragil a alors choisi de consacrer une série d’articles au fil de l’année.
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