Utopiales 2007
L’imagination au service de l’architecture et de la planète
Portrait de Luc Schuiten
Invité d’honneur des Utopiales, l’architecte belge Luc Schuiten propose une vision utopique et engagée de l’architecture en réponse aux standards architecturaux actuels et aux problèmes environnementaux. Sa vision baptisée Archiborescence (dérivé d’architecture et d’arborescence) s’articule autour de l’intégration d’organismes vivants dans l’architecture et se décline en plusieurs modèles aux noms poétiques : les habitarbres, l’urbacanyon et la cité des vagues.
C’est avec un œil d’artiste doublé d’une fibre écologique que Luc Schuiten regarde notre époque et ses choix de société qu’il désapprouve en grande partie. Notre société industrielle entraîne selon lui beaucoup de destructions dans sa croissance folle et connaît un effet d’emballement qui se ressent de plus en plus (pollution, baisse de la biodiversité, etc…).
À ce constat, L. Schuiten souhaite répondre au moyen d’une œuvre de l’imagination, d’une utopie positive qui proposerait une alternative, une perspective d’avenir pour un monde plus vivable et plus poétique. Cette réflexion passe pour lui par les différents mode d’expression de sa sensibilité artistique : architecture et urbanisme, dessin, voire bande dessinée. Il a ainsi travaillé à la scénarisation et à la conception des décors architecturaux du cycle des Terres creuses en collaboration avec son frère François Schuiten, dessinateur de BD bien connu. Des modèles d’habitats solaires originaux y sont à découvrir.
Pour une architecture vivante
Dans le domaine de la construction, il part d’un constat simple : L’architecture de toute époque s’est développée dans un processus de réflexion diamétralement opposé à tout organisme vivant. Construire, c’est avant tout détruire, sur une portion de nature, toutes traces de vie, pour y déposer dans un ordre géométrique précis des matériaux morts. [1] L’utopie de L. Schuiten propose donc une architecture vivante, basée sur le biomimétisme. Il s’agit de prendre la nature comme modèle et de s’inspirer des techniques mises en œuvre dans le monde végétal ou animal. Les termitières sont par exemple des habitats bien conçus sur le plan de la climatisation dont nous pourrions nous inspirer. Dans sa vision de Nantes en 2100, à l’affiche des Utopiales, on peut constater que les habitats sont recouverts d’une sorte d’enveloppe protectrice, semblable à la membrane d’un cocon, destinée à les climatiser et à en réduire les pertes d’énergie.
Construire, c’est avant tout détruire, sur une portion de nature, toutes traces de vie, pour y déposer dans un ordre géométrique précis des matériaux morts
L’architecture de Luc Schuiten se veut également ludique et légère. Les “habitarbres”, ces habitations conçues autour d’un arbre vivant, dont on a canalisé la croissance et qui en constitue la structure porteuse, rappellent toutes proportions gardées ces cabanes dans les arbres que les enfants aiment à construire. Les moyens de transports imaginés sont légers et peu agressifs, tels ces “ornithoplanes” aux grandes ailes gonflées à l’hélium qui se déplacent dans le ciel de Nantes à 20 -30 km/h, ou ces voitures emboîtables pour constituer des “chenillards”.
Des propositions concrètes
A côté des utopies, L. Schuiten est passé aux réalisations. Dès 1976, à la suite du choc pétrolier, il a construit une maison écologique, solaire et quasiment autosuffisante en énergie, montrant ainsi que c’était possible. Dans sa ville natale de Bruxelles, un projet est en cours de réalisation qui vise à réhabiliter un coin d’immeuble sur une parcelle délaissée parce que non constructible. Dans l’optique de ses jardins verticaux destinés à revitaliser ces coins de ville, L.Scuiten propose une cascade réalisée à partir de déchets urbains, alimentée par énergie solaire et recyclant l’eau de pluie. Pour la réalisation, il fait appel à des personnes en difficulté d’insertion. Voici donc un projet complet, qui propose de s’inspirer de la nature pour rendre nos villes plus vivables. C’est tout le souhait de Luc Schuiten.
Emilie Le Moal
Prise de son et montage : Pascal Couffin
Plus d’infos sur le concept d’archiborescence et Luc Schuiten
Plus d’infos sur Les Utopiales, le festival de Science-fiction de Nantes.
[1] Cf. www.sfere.be/2150/lucschuiten.htm : site qui présente l’oeuvre de Luc Schuiten
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