29ème Festival de Cinéma des Trois Continents Nantes 2007
Deux coeurs en hiver
Winter Story (Histoire d’Hiver) de Zhu Chuan Ming
En compétition officielle au 29ème Festival des Trois Continents, "Winter Story, Histoire d’hiver" du Chinois Zhu Chuan Ming est une expérience filmique en même temps qu’une histoire d’amour qui sort des sentiers battus.
Cette année, au Festival des Trois Continents, une seule et même compétition remplace les deux compétitions traditionnelles fiction et documentaire. Parmi les 16 films en lice, on retrouve le film de Zhu Chuan Ming, qui illustre bien cette nouvelle vague hybride annoncée par Philippe Jalladeau [1] : entre film et documentaire.
Un amour version Beijing
Un homme, une femme. On ne sait pas vraiment qui ils sont, d’où ils viennent et ce qu’ils veulent devenir. En fait, leur identité ne semble pas avoir d’importance. Lui, vend des vêtements dans la rue. Un commerce plus ou moins illégal. Elle, se prostitue. Lors d’une rencontre fortuite, ils tombent amoureux et tente d’échapper alors à leur quotidien misérable. Mais comment aimer une femme qui se donne à d’autres hommes ?
Ne vous attendez pas, en voyant "Winter Story, Histoire d’hiver" à un "Coup de foudre à Nothing Hill" version Beijing : la mise en scène bascule tour à tour de l’amour à la haine -qui naît le plus souvent de la jalousie. Ici, peu ou quasiment pas de tendresse, pas de romantisme, le film de Zhu Chuan Ming est à des années lumières de ça . Il n’y a pas de passion, l’amour se fait objet à acheter et à vendre, brutal, animal, mais néanmoins nécessaire.
Mise en scène voyeuriste
Zhu Chuan Ming filme le plus souvent à la manière d’un documentariste. Diplômé de photographie et de réalisation de l’Académie de Pékin, le réalisateur a travaillé ses images. Elles sont toujours chargées de cette atmosphère froide, grise et brumeuse d’une ville à l’urbanisation galopante. Caméra sur l’épaule au plus près des personnages ou plan séquence pris des toits de la ville de Beijing, Zhu Chuan Ming prend tout son temps pour nous raconter une tranche de vie, bien loin du conte de fée. La caméra, toujours en mouvement, illustre bien la vie chaotique des personnages et plonge le spectateur dans un trouble permanent et en position de voyeurisme. On en viendrait presque à se demander si les scènes ne seraient pas prises sur le vif. Cette impression de réalité accentue l’empathie des spectateurs pour les protagonistes.
Ne vous attendez pas, en voyant "Winter Story, Histoire d’hiver" à un "Coup de foudre à Nothing Hill" version Beijing
C’est vrai, le film paraît lent à certains moments, durant de longues pauses méditatives sur les personnages qui errent dans la ville, mangent, font leur marché. Mais l’histoire se tient, tant les scènes où l’émotion est à son comble nous replongent dans l’histoire. Alors : "Winter Story, Histoire d’hiver" film ou un documentaire ? Sans doute les deux !...
Céline Anton, Marie Delhaye
Le site du Festival des Trois Continents
[1] Alain et Philippe Jalladeau sont les directeurs artistiques du Festival des Trois Continents.
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