
VU au FUN Festival 2010
Le Songe : entre rêve et réalité
Rencontre avec Yto Legout, metteur en scène dans l’association Mao Hudié
En choisissant de mettre en scène Le Songe, d’August Strindberg, Yto Legout, metteur en scène dans l’association Mao Hudié, continue son questionnement sur le rêve. Elle a présenté son travail sur la scène du festival du Théâtre Universitaire, le FUN 16. Yto a même invité les spectateurs à monter sur scène avec les comédiens. Fragil l’a rencontrée.
lorsque la pièce se termine, la réalité semble meilleure.
Fragil : Pouvez-vous nous parler de l’association Mao Hudié ?
Yto Legout : C’est une association qui a été créée il y a 4 ans par Kévin Martin. Son objectif est de créer un lien au sein de l’université à partir de la pratique théâtrale. Tous les étudiants sont les bienvenus, peu importe leur niveau théâtral ou les études qu’ils suivent. Cependant, on essaie d’instaurer une qualité et une exigence professionnelles, notamment en faisant intervenir des professionnels du monde du théâtre. Par exemple, lorsque, l’an dernier, on a travaillé sur l’univers des masques, l’équipe a réalisé un stage avec une fabricatrice de masques.
Fragil : Pourquoi avoir choisi cette pièce, Le Songe, d’August Strindberg ?
Yto Legout : L’univers du rêve m’a toujours interpellée. Déjà, en première, mon sujet de travaux pratiques encadrés (TPE) était : les frontières entre la réalité, les rêves et les mythes. J’ai ensuite continué à questionner cet univers, à travers « Dos d’Or », pièce mimée montée il y a deux ans, et, l’an dernier, à travers la pièce que j’ai écrite, Soltitude, qui racontait les déambulations entre les souvenirs et les rêves d’un clown triste. Je pense en effet que les souvenirs et les rêves ne sont pas deux mondes totalement distincts. Les rêves ont, pour moi, une réalité et font écho à la vraie vie, ils peuvent donc y avoir des conséquences.
Fragil : A votre avis, que voulait transmettre August Strindberg à travers cette œuvre ?
Yto Legout : Déjà, il faut faire référence au contexte dans lequel il a écrit cette pièce : la jeune femme qu’il vient d’épouser le quitte pendant 40 jours. C’est donc durant cette période de souffrance, en 1907, qu’il a écrit Le Songe. Ce texte, lourd, tend à donner une certaine légèreté à la vie, puisque lorsque la pièce se termine, la réalité semble meilleure. La fin de la pièce est comparable au moment où l’on se réveille après un cauchemar ; c’est un soulagement.
Fragil : Comment avez-vous abordé cette pièce ?
Yto Legout : Les metteurs en scène qui se sont attaqués au Songe sont souvent allés dans la noirceur, et ce n’était pas ce que je voulais. Pour moi, il fallait un entre-deux ; à la fois brut et en apesanteur. Il y a dans le texte, le côté réaliste, concret ; mais aussi tellement d’absurdités présentes sur Terre que l’on peut en rire. Par exemple, dans la pièce, les quatre facultés deviennent comiques avec toutes leurs questions, puisque l’énigme du monde est le néant.
Au niveau de la mise en scène, j’ai su dès la lecture de la pièce que je voulais inclure le public dans mon travail. Trop de distance entre un texte du début du XXe siècle et un public contemporain aurait fait décrocher ce public, et il ne se serait pas senti concerné. Les spectateurs sont donc impliqués dans l’histoire et dans la mis en scène, puisqu’ils constituent le décor. Cependant, ce choix ne s’est pas imposé tout de suite, nous avons beaucoup réfléchi sur ce point avec la scénographe.
Fragil : Pensez-vous que le texte est toujours d’actualité ?
Yto Legout : L’œuvre de Strindberg fait très largement écho à la société actuelle. Cette pièce est assez atemporelle. La misère humaine existe toujours. Dès qu’on cherche un sens à la vie, que l’on se pose des questions, il y aura systématiquement une insatisfaction. L’injustice, qui est pour moi la notion la plus révoltante, existera toujours, et empêche d’être parfaitement heureux.
Fragil : Quels sont vos projets futurs ?
Yto Legout : Le Songe n’était qu’un chantier, un travail inachevé. Nous souhaitons continuer à jouer cette pièce pour la peaufiner. Nous avons déjà quelques dates de prévu et voulons aussi participer au festival du Grand T. Pour ce qui est de mes projets personnels, la fin de mon année de service civil volontaire au sein de l’association Mao Hudié se terminant, j’aimerais y obtenir un poste permanent.
Propos recueillis par Alice Grinand
Photos : William Allegre
Plus d’informations
le site Internet du TU de Nantes ;
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