ATELIER THEATRE A L’UNIVERSITE
Théâtre ex nihilo
Dans un esprit de découverte du théâtre européen et du projet «  Quartet-Visions d’Europe  », un atelier de théâtre a été proposé aux étudiants et aux personnels de l’Université de Nantes le week-end du 6 et 7 mars. Laurent Maindon, directeur artistique du Théâtre du Rictus de Nantes, et Péter Jonas, dramaturge au Théâtre Gardonyi Geza d’Eger en Hongrie ont animé la «  master-class  » qui abordait la vie quotidienne sous forme de théâtre d’improvisation. Nous avons suivi le stage pour vous - voici quelques impressions des organisateurs et des participants
On peut faire du théâtre avec n'importe quoi
Petit résumé du week end
Le rendez-vous est donné à 10h00, les gens arrivent, au fur et à mesure. En attendant les derniers retardataires, on commence à faire connaissance autour d’un petit café. Une fois que tous les participants sont présents, petit tour de salle pour savoir ce que chacun fait dans la vie, s’il a déjà fait du théâtre et ce qu’il attend de l’atelier, le tout dans un anglais plutôt incertain.
Ensuite débutent les exercices. En douceur, on s’échauffe, on se relaxe. Les exercices sont tous très corporels. Les règles sont souvent simples, mais difficiles à exécuter. Cela permet de se rendre compte des barrières mentales que l’on se met. Petit exemple : premièrement, on marche dans la salle tranquillement, et dès qu’on croise quelqu’un, il faut le regarder dans les yeux pendant une dizaine de secondes. Deuxièmement, on marche toujours dans la salle, toujours aussi tranquillement, mais maintenant, lorsque l’on croise quelqu’un, non seulement il faut le regarder dans les yeux, mais il faut lui toucher la main. Troisièmement, toujours les mêmes consignes, mais après avoir touché la main de l’autre, il faut lui toucher le visage. Cela peut paraitre simple, mais c’est tellement inhabituel, non conventionnel, surtout avec des personnes rencontrées une heure plus tôt, que l’exercice est un peu inconfortable.
Après une petite pause-déjeuner, on reprend quelques exercices, puis on commence quelques improvisations. Le thème : « Je viens de me lever, je suis dans ma salle de bain ». Chacun doit se focaliser sur un point, par exemple, je me maquille, ou je me coiffe…Après avoir travaillé un moment cette petite scène de la vie quotidienne, la journée est déjà terminée ! Rendez-vous même heure, même endroit le lendemain.
A 10h00 le lendemain, tous plus ou moins réveillés (dimanche matin !) on redémarre avec quelques exercices, davantage basés sur la confiance en soi et en l’autre, ce qui n’est pas toujours évident. Toute la matinée est consacrée à des exercices. Après le déjeuner, on commence un exercice d’improvisation. Chacun son tour, on se met face aux autres, et ces derniers nous donnent une chose, un objet ou une situation, que l’on doit interpréter. Pour l’exemple, on a eu le droit à : vous êtes un éléphant qui est heureux car il patauge dans une grande mare de boue, ou alors une orange qui s’est retrouvée au sommet d’une pyramide d’oranges, et qui craint la chute !
Pour finir cet atelier de théâtre, improvisation en groupe. Première équipe, première situation : une petite fille vient de recevoir une mauvaise note, et doit l’annoncer à son père, qui est très strict. La tâche s’annonce rude ! Deuxième improvisation : un couple et leur meilleure amie vivent sous le même temps. Cependant, la veille, à une soirée un peu trop alcoolisée, l’homme et la meilleure amie couchent ensemble, et la troisième l’a appris. C’est sur cette dernière improvisation que s’est clôturé ce week-end de stage, qui fut bref, mais une très bonne expérience pour tout le monde.
Quelques question à Laurent Maindon
F : Pourquoi avez-vous choisi la thématique de la vie quotidienne pour ce stage ?
La master-class qu’on a conçue traite des situations banales : nous voulons montrer qu’on peut faire du théâtre avec n’importe quoi. Pour cela, on a choisi le sujet le plus simple - la vie quotidienne. Comme les participants n’ont pas tous le même niveau, il s’agit aussi de créer un espèce d’atmosphère commune.
On a voulu profiter de la présence d'un artiste international - Péter Jonas - dans un esprit de découverte
F : Qu’est-ce qui vous fascine par rapport au théâtre d’improvisation ?
Il est très exigeant et fait appel à beaucoup de confiance entre le metteur en scène et les comédiens. On fait quelque chose à partir de rien, cela donne beaucoup de liberté, mais aussi moins de sécurité. Le théâtre d’improvisation est excitant et demande d’être créatif.
F : Vous croyez que le théâtre d’improvisation est le meilleur moyen pour accéder un public qui n’a pas l’habitude de faire du théâtre ?
Oui. Il est très difficile de demander d’apprendre un texte par cœur. Le théâtre d’improvisation est quelque chose de concret ; il permet à ceux qui n’ont pas de pratique d’oser.
F : Pourquoi avez-vous mis en place ce stage de théâtre à l’Université de Nantes ?
Il y a plusieurs axes de collaboration entre « Quartet – Visions d’Europe » et l’Université de Nantes ; les approches ne sont pas toujours les mêmes. En ce qui concerne le stage, on a voulu profiter de la présence d’un artiste international - Péter Jonas - dans un esprit de découverte.
F : Qu’est-ce que vous voulez transmettre aux étudiants et aux personnels de l’Université de Nantes ?
Un moment de partage et de créativité. On veut entretenir la curiosité, donner envie de continuer de faire du théâtre et aussi d’être un spectateur. C’est une initiation pour ceux qui ne le connaissaient pas avant, et on entretient le feu pour les autres.
Impressions croisées des participants
Clémentine (21), étudiante en lettres modernes :
« Je me suis inscrite à l’atelier de théâtre principalement par curiosité, mais aussi parce que j’avais envie de refaire du théâtre. Ce stage était vraiment sympathique, il m’a permis de rencontrer des gens et de gagner confiance en moi. »
Aurélie (21), étudiante en science d’éducation :
« Pour moi, le stage avait l’air intéressant. Je fais du théâtre déjà depuis le lycée, notamment dans une association. Ici, on a fait beaucoup d’improvisation et on a appris à parler anglais aussi. »
Vincent (50), professeur de mathématiques :
« Dès que j’en ai l’occasion, je monte sur les planches ; cet atelier était donc une de ces occasions. Entretenir ma pratique théâtrale, voir comment se déroule un stage et me donner des idées d’exercices, sont ce que m’a apporté ce week-end. »
Helena (25), étudiante en lettres modernes :
« Je me suit inscrite à ce stage de théâtre parce que je voulais plus prendre confiance en moi. C’est ma première approche du théâtre. L’expérience me plaît parce qu’elle permet de prendre de la distance avec soi-même, et qu’elle est amusante. »
Alex (42), bibliothécaire :
« C’est l’envie de rencontrer un vrai metteur en scène, de voir sa façon de travailler, qui m’a motivé pour ce week end. Je pratique déjà le théâtre, et je m’attendais à autre chose, le travail d’improvisation à proprement dit est arrivé un peu tard. »
Edith (36), professeur de français :
« Je suis une passionnée de théâtre, et je voulais donc découvrir d’autres approches théâtrales que celles que je connaissais déjà. Il permet d’apprendre à écouter les autres et à déconnecter de l’intellectuel. Ce fut une expérience très chaleureuse. »
Texte : Alice Grinand et Verena Schneider
Photos : Nicole Reinhardt
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La gazette Fragil dédiée au festival Quartet
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