
Tissé Métisse 2007
Ridan, entre cynisme et vérité
Polémique, ironique, bucolique, Ridan croque la vie et nous dessine le rêve… ou l’inverse. Auteur-compositeur-interprète, son univers bouleverse, sa musique enchante et surtout Ridan reste Nadir… ou l’inverse.
De prime abord on associerait volontiers Ridan à Renan Luce, Cali ou Bénabar : un style direct, simple, cynique. Un de ces nouveaux chanteurs français aux textes pétillants d’ironie.
"Ah, il est d’origine algérienne ?", s’étonne, après coup, pudiquement certains. Loin des clichés raï ou rap qu’on aimerait lui attribuer, Ridan chante de la chanson française pour une France actuelle, une France qui ne veut plus de préjugés. C’est vrai, Ridan rappait et a produit une compilation de "30 rappeurs contre la censure." Mais aujourd’hui Ridan veut toucher au plus près les français.
Après "le quotidien" [1], racontant le quotidien d’un maghrébin, les tumultes d’une vie où "le voisin m’regarde chelou chaque matin", Ridan nous engage dans une réalité aussi percutante qu’affligeante : discrimination, politique, environnement... "Les gens vivent dans une société qui n’est pas la mienne", déplore-t-il. A sa façon et sous une plume révoltée, Ridan ouvre les portes d’une France multiple, virevolte avec les mots et remet tout le monde à sa place avec l’impertinence des plus grands.
"Si tu m’dis droite j’te dirais gauche" [2]
Ridan, c’est l’antithèse du chanteur fleur bleue. Politiquement correct ou pas, il revendique sa liberté d’écriture et nous fait partager sa joie de vivre. Avec "L’ange de mon démon", son deuxième album, Ridan nous offre la poésie d’"Ulysse" rappelant mélodieusement Joachim du Bellay. Puis "Objectif terre", nouvel extrait de son deuxième album, Ridan, armé d’une chorale d’enfants s’engage pour l’environnement en nous pointant du doigt : "nous paierons cher sans doute votre insolence, vous jouez avec ce monde par négligence", accuse-t-il.
Les gens vivent dans une société qui n'est pas la mienne
Tête d’affiche du festival Tissé-métisse le 8 décembre 2007, (festival agissant contre les discriminations) Ridan n’hésite pas à dire qu’il s’y sent "chez lui". Le racisme, Nadir le dénonce et la foule l’acclame. "L’argent efface les inégalités, seul l’argent est roi et maître" , reconnaît-il. Alors, en contre-partie, Ridan donne sa voix, son énergie et son talent aux français car "ils ont déjà tout compris, il ne manque plus que le gouvernement."
Tout simplement
Ridan, c’est pas le genre à faire des caprices de star. Sur scène, Ridan arrive en toute simplicité, tee-shirt blanc, jean, "vous allez bien ?", s’assure-t-il avant de commencer ses chansons. Et puis son inspiration, il la puise de "son père et sa mère", avoue-t-il alors non, Ridan, c’est pas le genre prise de tête.
Et confidences pour confidences, Ridan, pendant les festivals, se faufile dans la foule. Même que dans la foule, Ridan, il passe incognito…quelques secondes, le temps que les hordes de filles arment leurs appareils photos…
Anne-Line Crochet
Photos : Patrice Molle
[1] Titre phare de son premier album "le rêve ou la vie"
[2] extrait de la chanson "partie de golf"
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