
Mouvement étudiant
Loi LRU : Une vérité qui dérange ?
Sous les pavés, la rage.
LRU, une loi un peu floue, des étudiants ultra-engagés, les avis divergent mais le mouvement continue. L’heure est aux négociations, que faut-il prendre ou laisser de cette loi qui fait rage ?
Depuis mi octobre, diverses manifestations se sont déroulées au niveau national. Le mouvement étudiant, lui, fait partie des mouvements à long terme avec actuellement une trentaine d’universités en grève, bloquées et une cinquantaine de lycées perturbés. ("Marche ou grève" : Fragil au coeur des manifestations parisiennes)
A Nantes, depuis trois semaines, l’Université de Lettres et Sciences Humaines est bloquée. L’UFR de Droit l’a accompagné pendant deux semaines et les étudiants de sciences sont actuellement en grève. N’omettons pas les interventions, pendant les manifestations, de la police, des CRS et même de la BAC qui nous renvoient à l’année 1986 voire 1968.
Que revendiquent les étudiants ? L’abrogation de la loi LRU, loi Pécresse, relative à l’autonomie des universités. Pour certains étudiants, "La loi porte atteinte aux libertés de l’université et à ses valeurs d’enseignements, recherches et formations diversifiées". Pour d’autres "La loi LRU n’apportera pas de grands changements pour aujourd’hui mais plutôt pour demain. Aussi, nous n’aurons alors aucune connaissance ni aucun contrôle sur les prochains décrêts d’application".
Entre confiance, crainte ou défaitisme et à l’heure des négociations, penchons-nous sur cette loi et ses effets potentiels.
nous n'aurons alors aucune connaissance ni aucun contrôle sur les prochains décrêts d'application
Les arguments en faveur de la loi LRU
Plus de responsabilités pour les présidences et les conseils d’administration. Le président devient "patron" de l’établissement. Il a de réels pouvoirs sur le personnel de l’université. L’usage public de fonds privés et la préparation à l’insertion professionnelle des étudiants, enjeu majeur, feront parti des attributions.
Au niveau européen, l’université française est en décalage par rapport à ses homologues. Elle est inférieure en matière d’attractivité et de développement de la recherche et de l’enseignement.
Les erreurs d’orientation à l’université pourraient diminuer, notamment pour les bacheliers technologiques et professionnels, mieux informés de leurs chances de succès.
L’autonomie permettrait aux universités de tirer parti de leurs points forts afin de mettre en œuvre des dispositifs pédagogiques assurant un équilibre entre l’offre et la demande de formation. (analyse de Jean-Luc Gaffard, Centre de recherche en économie de Sciences Politiques)
Les arguments contre la loi LRU
Le conseil scientifique ne va plus pouvoir émettre des propositions au conseil d’administration, il ne sera qu’un consultant. Des risques sont alors possibles avec la hausse du pouvoir du Président et du conseil d’administration, dans le cas où ces derniers prennent des décisions dans des domaines tels que la recherche. Le président ne sera plus élu parmi les enseignants-chercheurs et aura un droit de véto sur les affectations des personnels. (Art 6) Il y aura un risque de précarisation du personnel.
La mission d’enseignement pourrait être négligée au bénéfice de la recherche. Les enseignements de licence pourraient n’ être assurés que par des chargés d’enseignement non universitaires.
Il y a une promesse d’augmentation de 8% du budget avec la loi, c’est-à-dire 400 euros supplémentaires par étudiant. Mais, si l’université française suit l’exemple des autres universités européennes, autonomes, elle aura une augmentation croissante de ses frais d’inscription.
Les entreprises financeront les filières qui répondront aux besoins économiques immédiats. Les autres formations, jugées « moins rentables », ont un risque de sous-financement puis de disparition progressive.
Changement, vous avez dit changement ?
Les étudiants n’ont plus à être effrayés. Non, il n’y aura pas de sélection à l’entrée des universités ni d’augmentation des frais d’inscription, Valérie Pécresse le garantit. Pourtant les étudiants protestent encore. Troisième grief à la loi LRU, la baisse des effectifs au Conseil d’Administration, passant de 14 représentants des étudiants à 5. Pourtant la moyenne nationale de participation aux élections étudiantes frôle à peine les 10% d’années en années. Alors, pourquoi tout à coup un tel mouvement pour sauver l’université ?
Enjeux : Attention danger
Textuellement, la loi LRU est presque inoffensive, le problème vient de la libre interprétation qu’on peut lui donner. Le danger n’est donc pas sur ce que la loi dit mais bien sur ce dont elle fait l’impasse.
Bien que la valeur des diplômes ne devrait pas changer, si demain une entreprise s’engage à inverstir des milliers (des millions) d’euros dans une université, ce sera à des conditions définies et profitables, et elle aura raison. L’université en question devra alors, si elle espère des fonds, se plier aux exigences des investisseurs : Privilégier l’orientation des étudiants dans telles ou telles fillières, favoriser les capitaux ici et là... Bien sûr, en y réfléchissant bien, cela pourrait être une chance : Ah de nouveaux locaux ! Oh les beaux bureaux ! Tiens, un poste chez Vuitton... Mais à quel prix ?
Article et reportages sonores : Anissa Tijani et Anne-Line Crochet
Reportage photos sur le mouvement à Nantes par Régis Hémon
Texte intégral de la loi, datant du 10 août 2007
La carte des Universités concernées par le mouvement anti-LRU
Fragil au coeur des manifestations parisiennes :
Marche ou grève n °1 : Etudiants : l’art et la manière de faire un blocage
Marche ou grève n° 2 : Manifestation : les pas de la colère
Marche ou grève n°3 : Refrains des grévistes et révolte d’un professeur
Marche ou grève n°4 : Syndicats et médias : "Regarde moi dans les yeux"
Marche ou grève n°5 : Les oubliés du mouvement social
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