
Univerciné Cinéma Britannique 2009
Belfast and Furious
Fifty Dead Men Walking de Kari Skogland
Le conflit nord-irlandais vu de l’autre côté de l’Atlantique. La réalisatrice canadienne Kari Skogland prend le parti de l’action pour décrire le Belfast de la fin des années 80. Les courses poursuites, explosions et autres scènes de torture rythment le portrait d’une petite frappe, coincée entre l’IRA et la police britannique, au risque d’essouffler le spectateur.
Belfast, 1987. La violence fait rage. Fifty dead men walking ou Cinquante morts, c’est le nombre de vies que le personnage aurait permis de sauver par son action en tant qu’informateur auprès de la police britannique.
Violence contre violence
Le film dépeint le parcours tortueux de Martin McGartland, receleur de 22 ans, pris dans la tourmente d’un regain de tensions entre protestants et catholiques. Le protagoniste est tiraillé entre les deux parties. Membre à part entière de l’IRA le jour, il agit contre les force britanniques avec sa communauté, ses amis, ceux qu’il connaît depuis son enfance, mais dont il n’approuve pas les méthodes tortionnaires et sanguinaires. Informateur privilégié de la police britannique la nuit, il échange des renseignements précis sur les actions de l’IRA contre de grosses sommes d’argent. Pendant 4 ans, Martin joue double jeu contre les membres de sa faction, met en péril la vie de sa famille ainsi que la sienne, sauve la vie de policiers britanniques, et cause la mort des membres de son propre camp … au risque d’être démasqué et torturé à mort.
La réalisatrice pose une ambiance, dépeint une période du conflit et transmet au spectateur un aperçu des deux camps
"In the name of the action"
Confrontations, rixes et courses poursuites à chaque coin de rue, Fifty dead men walking est un thriller haletant aux séquences de torture insoutenables, mais qui au terme de deux heures s’essouffle un peu. Sur fond de fiction, le film de Kari Skogland est en fait inspiré du roman autobiographique de Martin MacGartland, Fifty Dead Men Walking : The Terrifying True Story of a Secret Agent Inside the IRA. Jeune catholique de l’Ouest de Belfast, il fut recruté comme espion au service de la police britannique en 1987. Martin McGartland est finalement confondu en 1991 au cours d’une opération d’attaque planifiée par les britanniques. Enlevé et torturé à mort, il réchappa d’une exécution certaine en sautant du troisième étage de l’immeuble où il était détenu. Depuis, s’ensuit une vie solitaire de déplacements permanents : l’informateur démasqué change de ville et d’identité tous les mois afin d’assurer sa sécurité. 1999, L’IRA toujours à ses trousses, il échappe miraculeusement à la mort après avoir reçu six coups de feu. Informateur, mais à quel prix ? Actuellement, la vie de Martin McGartlan est encore rythmée par ses déplacements de planques en planques.
Regards sur le conflit irlandais
Le conflit Irlandais ne manque pas d’inspirer les réalisateurs et a donné lieu à de nombreuses approches du sujet. Après la réalité crue de la vie des prisonniers politiques de l’IRA, incarcérés dans les prisons britanniques en 1981, avec le film Hunger de Steve McQueen, ou encore l’approche plus manichéenne de Ken Loach sur fond de guerre d’indépendance irlandaise (1919 - 1921) dans Le vent se lève, Kari Skogland réalise un film où l’action et le sang priment. Par son montage nerveux, Fifty dead men walking semble être le produit version longue d’une recette type série américaine. Mélangeant fiction et autobiographie, Kari Skogland ne transcrit pas à l’identique l’ouvrage de Martin McGartland, le film n’a d’ailleurs aucune vocation documentaire ni autobiographique. La réalisatrice pose une ambiance, dépeint une période du conflit et transmet au spectateur un aperçu des deux camps. Elle le laisse libre de son parti pris et en cela seulement l’exercice est réussi.
Solène Castex et Jean Annaix
Bande Annonce
Plus d’infos
Festival du cinéma britannique
Cet article a été réalisé conjointement par une équipe d’étudiants du Département Infocom de l’Université de Nantes.
Equipe : Solène Castex, Jean Annaix, Thomas Cléraux, Caroline Dubois. Coordination éditoriale et pédagogique : Emilie Le Moal et Renaud Certin.
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses