KREA N°1
Alice Retorré : une artiste sur mesure
De nombreux créateurs pourraient se sentir freinés par les contraintes qui découlent d’une commande. Bien au contraire, Alice Retorré en fait le point de départ de sa création. Celle qui ne s’imagine pas travailler dans la solitude, développe sa créativité au travers de l’échange. INTERIM lui permet d’explorer de nouvelles perspectives grâce au travail d’équipe et aux multiples projets dans lesquels elle se lance.
Artiste. Un statut qu’Alice Retorré ne s’impose pas, mais qui s’impose à elle aujourd’hui. Loin de se considérer comme tel - beaucoup trop de responsabilités - elle reconnaît cependant devoir trouver " une place ferme dans la société ".
Poussée par la curiosité, elle commence les Beaux-Arts de Nantes en 1996, puis est admise à la Kunstakademie (académie des Arts) aux Pays-Bas. La curiosité toujours, l’amènera à pratiquer ensuite de nombreux métiers, ce qui lui a forgé une expérience dont elle se sert aujourd’hui dans ses œuvres. Fidèle à sa personnalité généreuse, elle privilégie l’humour : son " arme face aux manques de repères dans ce monde ". Pas vraiment artiste - comme elle aime se le répéter - c’est le moyen qu’elle a trouvé pour préserver une désinvolture naturelle dans ses créations. Dans La femme d’Auberive*, elle arbore le costume dénudé d’une femme des bois qui vagabonde entre prairies, routes et sous-bois. Empreinte d’une forte autodérision, elle joue avec le contexte bucolique et romantique du lieu. Ce qui l’intéresse, c’est l’état d’esprit du public face à son œuvre. Dans son travail, elle adopte une position humaniste, avec un message toujours teinté d’optimisme et surtout qui n’est " jamais imposé ".
Inspiration sur commande
" S’il n’y a pas de sollicitation, c’est différent ". Forte de sa liberté artistique, c’est paradoxalement dans la contrainte d’une commande qu’Alice Retorré puise son inspiration. Elle aime par-dessus tout travailler à partir des envies de quelqu’un, d’une institution. Avoir à répondre à une attente, devoir traduire un désir en " matière " est très stimulant.
La beauté de la forme vient de la beauté du fond.
Elle trouve dans la discussion une richesse qui la pousse à se réinventer sans cesse, à explorer de nouvelles pistes. De ce dialogue se déduit l’œuvre, par " une logique de situation ". " La beauté de la forme vient de la beauté du fond " : l’esthétisme n’est pas le rendu visuel mais la synergie entre forme et message. Une plastique toujours liée à un contexte donc, qui prend des aspects multiples : le dessin, la vidéo, les installations.
" Je ne pense pas que j’arriverais à faire de l’art toute seule, sans aucun dialogue "
Avec INTERIM, elle retrouve cette fertilité de l’échange dans lequel s’opère une certaine " magie ". Jamais à court d’idées, le groupe s’équilibre toujours, gommant les doutes des uns, aidant à contourner les difficultés des autres. " On arrive assez bien à faire la balance entre le personnel et le collectif, mais ce n’est jamais tout à fait collectif et ce n’est jamais tout à fait personnel ". Galvanisée par cet enthousiasme partagé, Alice Retorré multiplie les projets au cours de cette résidence : atelier comestible, réalisation d’une fresque en collaboration avec Marie Bouts ou encore atelier de poésie vernaculaire. INTERIM stimule sa créativité et l’amène à découvrir de nouveaux horizons artistiques dans lesquels Alice Retorré s’investit passionnément, " quitte à être débordée " s’en amuse-t-elle.
Guillemette Hosteing et Élodie Houssais de l’Université de Nantes
* vidéo réalisée dans le cadre d’INTERIM#02.Charrette
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