Ce documentaire de 65 minutes revisite l’underground du hip-hop. Dès les premiers instants de la projection, le film revient sur les origines de cet univers, qui prend sa source dans le Bronx des années 1970. La Zulu Nation et son fondateur, Africaa Bambatta, précurseur du hip-hop, sont présentés. Le slogan est clairement mis en évidence : “peace, love and having fun”, soit “paix, amour, et amusement”. Nous sont ensuite rappelés les cinq pilliers de cet art : le beat, qui est composé à base de samples et qui comprend trois sections (le bassline, la mélodie et le drumline), le MCing, ou rap (chant saccadé), la danse, avec le break dance, le graph et enfin, la connaissance, le savoir. Plusieurs interviews, dont celle du Dj Dee Nasty, montrent les vrais visages de ces acteurs qui furent essentiels à la propagation de ce mouvement.

Une plongée dans l’univers des MC’s

Ce film a le mérite d’être le premier à mettre en valeur une discipline fascinante et trop méconnue du grand public : les battles entre MC’s.

La suite de ce documentaire est plus particulièrement axée sur les MC’s, c’est-à-dire, textuellement, sur les Maîtres de Cérémonie. A travers le portrait de plusieurs artistes (dont Aladoum, Babali, Booba, Mac Orny, Rim K, Philemon, Diam’s, Cut Killer, Despee…) qui ont pour talent l’improvisation ainsi que beaucoup de répondant, ce film a le mérite d’être le premier à mettre en valeur une discipline fascinante et trop méconnue du grand public : les battles entre MC’s. Lors de ces affrontements artistiques, appelés aussi clashs, chaque MC tente dans une ambiance euphorique de convaincre l’auditoire par l’originalité de son improvisation, repoussant round après round ses propres limites. L’objectif n’est pas tant de gagner que d’évacuer sa rage autrement que par la violence. A défaut de brandir une arme, les MC’s se servent des mots pour se défendre. Lorsque les duels atteignent des sommets, l’inspiration se libère, et le "clasheur" semble touché par la grâce.

Les battles à l’honneur

A l’issue de la projection, une partie de l’équipe du film, le réalisateur Cédric Pinto, son co-réalisateur, le cadreur, ainsi que plusieurs artistes ayant participé au projet, dont Aladoum, rejoignent le public – conquis – du Cinématographe. Cédric explique qu’au début du tournage, en février 2005, il n’avait encore aucune idée précise du scénario. Ce n’est que lors du montage, qu’ils ont décidé de se recentrer plus spécialement sur les battles ; aucun film n’avait été réalisé sur cette discipline, mais aussi et surtout car c’est ce qui les a fait le plus réagir… Trop souvent oubliés par les nouvelles générations écoutant le hip-hop, Cédric a voulu remettre à l’honneur les clashs et leur visée sociale et thérapeutique.

Eloigné des clichés et filmé pour dévoiler l’état d’esprit des MC’s, ce documentaire a pour objectif de rappeler aux jeunes les valeurs fondamentales du hip-hop. Il semblerait que l’objectif soit atteint, à la vue du nombre de jeunes partis réclamer un autographe, après une illustration par les rappeurs présents de leur capacité d’improviser à tout moment, et ce jour-ci, juste pour nous…

Charlène Lechat

Versus, un film surprenant, à découvrir lors de sa sortie publique en Juin 2008. En voici la bande annonce :

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