
Performance
Paris freeze de plaisir !
Samedi 8 mars à 14h55 précises, une foule s’est « gelée  » pendant cinq minutes sur l’esplanade du Trocadéro devant la Tour Eiffel. Retour sur l’évènement.
Freezez vous êtes filmé ! Imaginez : vous vous promenez tranquillement dans la rue et brusquement votre voisin se fige, la vieille dame qui lit le journal sur un banc ne tourne plus les pages, deux amoureux ne se lâchent plus des lèvres.
Non, vous n’êtes ni au musée Grévin, ni bon à interner, mais au cœur d’une Flash Mobilisation, comme celles qui ont déjà eu lieu à New-York, Londres ou encore Dublin.
Non, vous n’êtes ni au musée Grévin, ni bon à interner, mais au cœur d’une Flash Mobilisation, comme celles qui ont déjà eu lieu à New-York, Londres ou encore Dublin.
A Paris, la nouveauté réside dans le succès qu’a remporté cette performance. Grâce aux réseaux sociaux comme Facebook. 3000 personnes étaient présentes, de toutes les générations, venues entre potes ou en famille. Evidemment, l’effet de surprise a été un peu éventé en raison de cette forte mobilisation et de la présence d’une vingtaine de caméras.
ça va Freezer
Une demi-heure avant le Freeze les 3000 personnes étaient tenues d’assister à une réunion en plein air sur le déroulement de la performance. Muni d’un mégaphone, Charles Nouÿrit a donné les ultimes recommandations. Il a aussi révélé le lieu de la manifestation jusqu’ici gardé secret.
« Pour le délire »
S’immobiliser pendant 5 minutes à quoi ça sert ? Pour Charles Nouÿrit, à l’origine de cette adaptation parisienne, le but était tout simplement « de se poser » un instant dans un monde qui « tourne de plus en plus vite ». En réalité, le principe de cette performance était justement de ne pas en avoir. Les participants l’ont d’ailleurs bien compris : ils venaient au rendez-vous « pour le délire ».
Si ce Freeze devait au début réunir « quelques potes » selon Charles Nouÿrit, la manifestation a rapidement pris une ampleur considérable. Et ce n’est sans doute pas par hasard puisque l’organisateur a utilisé plusieurs réseaux sociaux en vrai pro de la communication.
Visiblement très à l’aise devant les caméras cet entrepreneur sur le web et blogueur confirmé a même fait appel à une boîte de com pour réaliser une vidéo diffusable sur le net et à la télévision en précisant à tous les amateurs de bien mettre le logo de l’évènement sur leurs réalisations.
En tout cas, les réactions interloquées des promeneurs méritaient d’être filmées. Fragil a donc choisi de participer à l’évènement afin de montrer comment aujourd’hui on peut encore surprendre les gens, leur faire perdre leurs repères tout en s’amusant et sans être vulgaire.
Silence on se fige !
Direction l’esplanade du Trocadéro. Pas facile à tenir une foule de 3000 personnes... De la musique, des rires, des câlins gratuits et puis subitement, au milieu de touristes stupéfaits, le silence. Et les ombres immobiles de ces statues éphémères...
Renverser l’ordre du monde
Le Freeze est né il y a quelques mois à New York à la gare de Grand Central. Les réactions des usagers étaient filmées en caméra cachée. C’est un groupe de plus de 200 personnes baptisé Improv Everywhere, spécialiste des happenings, qui est à l’origine de cette idée.
Ces agitateurs publics se sont donnés pour mission de perturber la routine des gens de la façon la plus absurde qui soit.
Ces agitateurs publics se sont donnés pour mission de perturber la routine des gens de la façon la plus absurde qui soit. On les a vu dans le métro sans pantalon, dans la rue avec une banane en guise de téléphone ou encore assoupis dans des endroits insolites.
Créé en 2001, Improv Everywhere a déjà plus de 70 missions à son actif. Le Freeze a été repris dans le monde entier seulement un mois après la mise en ligne de la première vidéo. Derniers en date ? Bruxelles et Paris.
Le principe étant de surprendre les gens, le Freeze comme le Free Hug (des câlins spontanés) ont perdu de leur fraîcheur en se médiatisant. Mais ces cinq minutes conservent tout de même leur magie. Silence. Le temps se fige comme si la ville était subitement devenue une carte postale. Et l’impression pour les passants de ne plus vivre dans le même monde…
Nicolas Corbard.
Infographie : Johann Bouillet
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