
Le bilan de Reporters Sans Frontières
La liberté d’expression toujours en danger
Janvier 2008. Reporters Sans Frontières vient de publier sur son site le nombre de journalistes et d’internautes tués et emprisonnés. Des chiffres à crier en toute liberté…
Après les effusions de rires et les traditionnelles joutes verbales en famille pendant les Fêtes où chacun aime à défendre ses idées, le bilan annuel de Reporter sans frontières sur la liberté d’expression est beaucoup moins réjouissant. Dans le monde chacun ne peut s’exprimer librement, entravé par la censure ou la répression. Pour l’année 2007, le nombre de journalistes tués dans l’exercice de leur profession est resté sensiblement le même que l’année dernière.
Si la tendance n’est pas à la hausse, sa stagnation n’en est pas moins préoccupante. 86 journalistes ont été tués, 887 interpellés, 67 enlevés, 1511 agressés ou menacés et 20 de leurs collaborateurs ont été assassinés. Au total 528 médias ont été censurés contre 912 l’année dernière. Mais sur les cinq ans la hausse est inquiétante : 244 % ! Il faut remonter au génocide du Rwanda en 1994 pour retrouver un tel nombre de morts, précise RSF.
Aucun pays n'a jamais connu un aussi grand nombre de journalistes tués que l'Irak. Depuis l'invasion américaine, en mars 2003, au moins 207 professionnels des médias y ont été tués
La principale cause ? L’Irak, qui reste le pays où les journalistes tombent le plus sous les balles. 47 victimes, toutes irakiennes à l’exception d’un reporter russe. « Aucun pays n’a jamais connu un aussi grand nombre de journalistes tués que l’Irak. Depuis l’invasion américaine, en mars 2003, au moins 207 professionnels des médias y ont été tués », s’alarme Reporter sans frontières qui montre du doigt le gouvernement irakien et l’armée américaine. « Il faut absolument que les autorités irakiennes et américaines - qui elles-mêmes se sont rendus coupables de violences graves envers des journalistes - prennent des mesures pour tenter de juguler cette violence. » La proposition du gouvernement irakien pour remédier à ces exactions ? Armer les journalistes ! Une réponse ridicule qui assimile les professionnels de l’info à des mercenaires…
La situation reste toute aussi préoccupante en Somalie (8 journalistes tués), au Pakistan (6 morts), au Sri Lanka (3) où les militaires et les paramilitaires traquent les journalistes tamouls, et en Erythrée (2), pays qui respecte le moins la liberté de la presse selon l’ONG.
Les prédateurs de la Toile
Outre les professionnels, la répression touche désormais les blogueurs. En plus des 135 journalistes détenus en Chine, à Cuba ou en Azerbaïdjan, 65 internautes ont été emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinions. Internet est jusqu’ici resté un des derniers bastions de la liberté d’expression. Certains pays autoritaires essayent toujours d’exercer un contrôle en amont en interdisant l’accès à certains sites.
Mais les gouvernements ont souvent été dépassés par les possibilités de publications qu’offre Internet. Comme ce fut le cas au moment de la rébellion des moines contre la junte birmane. En octobre 2007, malgré la censure exercée par la junte, des internautes étaient parvenus à faire passer des images, prises avec des téléphones portables, de Aung San Suu Kyi, la chef de file de l’opposition détenue depuis 1989. Les pays intensifient donc la répression en emprisonnant ou en kidnappant les cyberdissidents. La Chine reste le plus grand prédateur de liberté avec 50 condamnations en 2007. Juste derrière, le Vietnam (8) et l’Egypte qui a condamné un jeune internaute à quatre ans de réclusion pour avoir critiqué le chef de l’Etat sur son blog et dénoncé l’islamisation des universités.
Et 2008 ?
Internet est désormais autant censuré que la presse traditionnelle. La Chine est le plus grand censeur du Web sur la planète.
Au total, c’est plus de 2600 sites qui ont été fermés dans le monde en 2007. « Dans certains pays, Internet est désormais autant censuré que la presse traditionnelle. La Chine est le plus grand censeur du Web sur la planète. La cyberpolice fait preuve d’un zèle inquiétant avant chaque événement politique d’ampleur. En 2007, c’est au cours des mois qui ont précédé l’ouverture du Congrès du Parti communiste chinois que les censeurs ont été les plus actifs », souligne RSF.
En ligne de mire, les sites communautaires comme Facebook et Messenger qui demeurent inaccessibles en Syrie et largement en Chine. Les prévisions pour 2008 ne devraient pas être plus optimistes. Les JO de Pékin, cet été, devrait museler encore davantage la presse et le web, les parutions nationales étant toujours placées sous le contrôle du Département de la propagande. Tandis que Moscou devrait continuer d’étouffer les protestations de l’opposition à l’aune des élections présidentielles. Une bonne nouvelle cependant. Pas un seul journaliste assassiné en Colombie. C’est la première fois depuis quinze ans.
Article : Nicolas Corbard
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