Cinéma espagnol
Bajo las estrellas : un rockeur au grand coeur
Félix Viscarret, premier long métrage, première réussite
Le Festival du cinéma espagnol bat son plein et les personnalités présentes se suivent et ne se ressemblent pas. Félix Viscarret, venu présenter son premier long métrage, Bajo las estrellas, est à l’image de son film, tout en humour et surprise. Rencontre.
Fragil : Pourquoi ce titre, Bajo las estrellas ?
Félix Viscarret : Ce titre est un double jeu. D’abord, il y a le jeu de mots en référence au nom du village Estella et un autre qui renvoie à l’étoile, la star. Ensuite, c’est une métaphore, plus symbolique, celle d’une personne sans protection, sans rien pour s’en sortir.
C'est l'histoire d'un type un peu paumé, irresponsable
F : L’acteur, Alberto San Juan, vous ressemble. Est-ce une sorte d’alter égo ?
F.V : Non, en fait Alberto est plus âgé que moi ! (rires). Ce n’est pas une histoire autobiographique, je suis parti d’un roman. Mais, il est vrai que lorsqu’une amie m’a demandé de quoi parlait mon film, je lui ai expliqué que c’était l’histoire d’un type irresponsable, un peu paumé et elle m’a répondu : en fait, c’est toi ! C’est juste une coïncidence…
F : Le langage est très cru, pourquoi avoir fait ce choix ? Les spectateurs n’ont-ils pas été déroutés voire choqués ?
F.V : C’est également l’essence du roman. Et, non, finalement, même les personnes âgées ne sont pas choquées. Les valeurs morales et humanistes portées par le film font qu’elles adhèrent. Cela a été une très belle surprise pour moi !
F : La musique est omniprésente dans le film. Vous attachez une grande importance à la bande son ?
F.V : Le film se situe entre road movie et western. On devait retrouver cet univers dans la musique et dans la photographie. Les personnages sont comme des naufragés de notre monde et on devait le ressentir dans la bande son donc utiliser des objets qui s’oxydent, des rebuts de la société et montrer que l’on peut en sortir de belles choses.
Ce film est un chant à la famille, mais pas à la famille traditionnelle
F : Dans le film, la famille et notamment les liens fraternels sont primordiaux…
F.V : Oui, c’est un chant à la famille mais pas à la famille traditionnelle. Pour moi, la famille ce sont des personnes volontaires qui veulent vivre ensemble, sans pour autant avoir de liens biologiques. Le héros n’est pas le père de la petite fille et pourtant il est très proche d’elle. Les êtres se transforment en étant en contact. C’est cela qui m’a intéressé.
F : Le chercheur de métaux est présent à des moments clés du film, a t-il une signification particulière ?
F.V : Le chercheur de métaux est, pour moi, un personnage excentrique. Il fait partie de ces gens qui s’intègrent dans le paysage, auxquels on ne prête plus attention même quand ils sont là. Quand le personnage principal, Benito, se rend compte que c’est dans son village, Estella, qu’est sa vie alors il reconnaît cet autre homme et subtilement, dans le film, on les voit se saluer. Je voulais parler de ces personnes un peu à part.
F : Le frère de Benito, Lalo, pratique le landscape art de façon assez burlesque. A travers ce personnage, vous moquez vous des artistes ?
F.V : Non, Benito est passionné de musique et pourtant je suis mauvais musicien. Je ne prétends pas parler de l’art de manière absolue mais seulement de petites histoires. Je ne prétends pas établir des lois, des avis sur les choses.
F : La fin laisse penser que vous êtes un peu pessimiste, non ?
F.V : Depuis Aristote, un accident change l’ordre de la vie. Une personne s’effondre et une autre doit essayer de l’aider. Ici, c’est ce qui se passe. Ce n’est pas une fin pessimiste puisque finalement un malheur permet de fonder une famille et de surpasser les épreuves.
Propos recueillis par Aurore de Souza Dias
Photo : Patrice Molle
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