Culture multimédia
Mars…et ça repart !
Du web 2.0, des logiciels libres, des performances et une « machine à gazouiller  », du multimédia tous azimuts et un mois de mars dans tous ses états. Mars multimédia est de retour pour la troisième année consécutive. Une initiative que Fragil ne pouvait pas manquer, à l’heure où le désengagement global de l’État dans le champ culturel, fragilise voire détruit une création numérique et multimédia pourtant en plein essor.
À l’origine de Mars multimédia, deux organisations, l’ECM (Espace culture multimédia) de Saint-Nazaire et l’association nantaise PiNG.
L’association PiNG se définit comme une base de « ressources pour les usages non-marchands du multimédia » en Pays de la Loire. En effet, depuis mars 2004, les trois salariés de PiNG s’efforcent d’aider les structures, culturelles ou non, dans l’appropriation des outils multimédias.
Si les objectifs de PiNG sont multiples, deux champs d’intervention semblent essentiels. Un volet d’aide et d’accompagnement au projet (par exemple la mise en réseau) et un volet plus expérimental de développement, notamment de projets artistiques et de création numérique. Il permet de générer des ressources multimédias, de partager les expériences, les compétences et les connaissances, en somme de créer un réseau d’acteurs multimédias.
En effet, au-delà de l’éducation aux outils et pratiques multimédias, l’association attache une certaine importance aux événements et projets culturels. Mars multimédia est de ceux-là.
Il faut mettre en lumière la pratique multimédia parfois rendue invisible au sein même du champ culturel
Cette troisième édition, placée sous le signe de l’expression libre, est tout d’abord l’occasion de « rencontres collaboratives » entre les 25 acteurs participants. Ces associations, médiathèques, maisons de quartiers et collectifs proposent une programmation qui s’étend un peu partout dans la région Pays-de-la-Loire, comme en témoigne la cartographie à découvrir sur le site de Portes numériques.
Des nouveautés en cette année 2008, avec la première semaine du mois de mars consacrée aux rencontres entre les acteurs eux-mêmes, animés par l’envie de se connaître et de partager leurs compétences. Puis viennent trois semaines de discussions, d’ateliers et d’expérimentations au travers desquels les acteurs multimédias feront découvrir aux publics l’expression multimédia et ses multiples formes.
Finalement, l’objectif de cet événement est bien de dresser un inventaire de tous les acteurs multimédias existants dans la région. Et, à cette occasion, mettre en lumière la pratique multimédia parfois rendue invisible au sein même du champ culturel. Son absence de représentation aux dernières rencontres BIS [1] à Nantes en est l’exemple.
Alors, en ces temps de restrictions budgétaires et de coupes dans les subventions accordées à certains acteurs culturels, qu’en est-il pour la culture multimédia et le label ECM qui la représente ?
Pour en comprendre les rouages, il faut d’abord revenir sur la politique de labellisation engagée par le ministère de la Culture en 1998. Le label ECM, Espace culture multimédia, est un label à dimension artistique et culturelle, attribué aux « lieux d’accès publics au multimédia » [2]. Pour obtenir ce label, les structures doivent être associées à un espace culturel, comme par exemple l’ECM de l’École municipale des arts plastiques de Saint-Nazaire. Ces ECM pouvaient bénéficier de subventions de l’ordre de 15 000 € en moyenne, par le biais des DRAC [3], représentantes du ministère de la Culture en région.
Depuis quelques mois, le désengagement brutal de l’État dans la culture, met en péril la culture multimédia toute entière, ses emplois, ses festivals d’art numérique et quelque 115 structures en France. Le système est d’autant plus pernicieux que ce ne sont pas des lieux qui vont fermer mais des branches d’activités qui vont disparaître, l’impact sera énorme pour la culture multimédia mais finalement invisible aux yeux de tous.
C’est lors de ces rencontres entre ECM qu’est née l’idée d’une fédération pour agir à la fois sur le champ politique et sur le champ culturel à un niveau national. C’est pour exprimer leur désaccord et leur incompréhension, face à cette nouvelle politique engagée par le ministère, mais aussi pour pallier le manque de reconnaissance dont souffre la culture multimédia, que la fédération nationale des acteurs« culture multimédia » a été créée en janvier 2008.
Le désengagement brutal de l’État dans la culture, met en péril la culture multimédia toute entière, ses emplois, ses festivals d’art numérique et quelque 115 structures en France
L’association PiNG est à l’origine du projet de fédération avec les ECM de Poitiers, Orléans, Montreuil, et l’association Médias cités de Bordeaux. Cette fédération se donne comme objectifs plusieurs chantiers de travail. Tout d’abord élaborer des états généraux de la culture multimédia, établir une cartographie des ECM et des structures existantes, des salariés et des compétences requises, et puis finalement engager une réflexion politique, sur la stratégie à tenir face au désengagement de l’État.
Si un festival peut se monter sans argent, le pérenniser demande par contre un certain nombre de moyens. Des moyens qui sont également les témoins d’une forme de reconnaissance. En effet les bonnes volontés peuvent s’épuiser, et les questions de financement deviennent usantes à force d’attendre.
Alors si réduire la « fracture numérique » ne semble plus à l’ordre du jour pour le ministère, les usagers, eux, ont plus que jamais besoin d’ « éducation », noyés dans des masses d’informations et de nouvelles techniques. Catherine Lenoble de PiNG, le dit, la pratique multimédia ne se réduit pas à une simple connexion internet ou à la possession d’un ordinateur. Elle peut apporter bien plus, il faut pour autant « savoir digérer les contenus en pratiquant une certaine écologie de l’information ».
Morgane Taquet
Pour plus d’informations :
Mars multimedia, du 11 au 30 mars 2008, gratuit et ouvert à tous le programme de mars multimédia
le site de la Fédération des acteurs multimédias
Un article de Fragil sur le désengagement de l’Etat dans la culture Un vent d’inquiétude souffle parmi les acteurs culturels nantais
[1] les Biennales internationales du spectacle (rencontres entre les acteurs de la vie culturelle internationales) se sont deroulées le 16 et 17 janvier dernier à la Cité des Congrès de Nantes
[2] voir le programme ECM sur le site du ministère de la Culture http://www.ecm.culture.gouv.fr
[3] Direction régionale des affaires culturelles
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