Art écolo
Des sculptures durables…
…issues de la « Vase communicante  »
On ne peut plus jeter tranquillement ses déchets dans la Loire ! Florian Guilet, artiste peintre et sculpteur les recycle en créatures drôles et utiles. Heureux de retrouver une nouvelle jeunesse, les personnages de Florian rient encore de la prise de conscience qu’ils suscitent . Gros plan sur la démarche à la fois artistique, sociale et écologique de cet empêcheur de polluer en rond.
« Celui là sort de l’eau la nuit,il attend que tout le monde soit couché. Il vit dans une décharge. Son délire , c’est de lécher les pneus de voitures », m’explique Florian en me montrant du doigt une petite sculpture rose aux grands yeux naïfs. « C’ est un personnage mystique qu’on voit jamais, comme les objets dans l’eau, personne n’y fait gaffe ! » Florian a été attentif, lui, à tous ces objets oubliés, abandonnés, dénigrés, pour consommer plus. Avec de bonnes volontés et de l’imagination, il les a transformé en véritables œuvres d’art. Dans son atelier de la Haute Ile à Trentemoult, petit village d’anciens pêcheurs près de Nantes, il est entouré de toute une série de personnages étranges et retrace leur histoire, réelle et imaginaire.
« La vase communicante »
En octobre 2007, Florian commence à mettre « les mains à la vase » pour dénicher de vieux matériaux dans la Loire « J’ai ramassé toute la ferraille, le bois, le plastique avant l’hiver car plus il y a de vase, plus ça recouvre les objets ». Dans le même temps, il dépose des flyers chez ses voisins : « La vase devient liquide et déparée du contour de l’objet. Objets qui ont disparu de notre rive, ont envahi mon atelier » qui se terminent par une mystérieuse invitation : « Rendez vous Quai de l’Echo Samedi 15 décembre de 16h à 19h. »
Je ne vois pas les gens la journée. Pour cette sculpture, j’ai donc changé Haute Ile en hot-elle.
Tout en subtilité et jeux de mots,les habitants de la Haute Île sont invités à participer avec lui au ramassage des vieux objets « Les gens ont leur vie mais ils se sont impliqués. » se félicite-t-il « Certains m’ont donné un coup de main pour les flyers, d’autres pour le barnum, d’autres pour les photographies, la vidéo. » Cette démarche renforce le lien social de ce village « dortoir » : « Je ne vois pas les gens la journée, pour cette sculpture, j’ai donc changé Haute Ile en Hot -elle », s’amuse Florian. Mais les riverains font parti intégrante du projet : « En venant au vernissage, tous participent à la démarche artistique. »
La collecte terminée, Florian répertorie, nettoie, photographie les déchets envasés pour constituer un « catalogue de vente » gardé comme « un trésor ». Une fois ce ravalement de façade terminé, les vieux débris reviennent titiller notre bonne conscience écologique contemporaine et Florian peut commencer son travail artistique.
Une drôle d’utilité
« Mon voisin voulait que les sculptures soient utiles. Alors ce cormoran, par exemple, c’est un avertisseur de danger. Il est mazouté mais lorsqu’il y a un tremblement de terre, on peut s’en rendre compte facilement parce qu’il tremble ! », m’explique -t-il en désignant une grande sculpture en ferraille. « Ce petit bonhomme , s’il tend son bras peut recevoir un parapluie. Et la bestiole qui lèche les pneus, c’est un coffre à jouets pour adultes ! » Chaque sculpture possède sa propre histoire « Il y a un peu d’imaginaire dans chacune d’elle. Elles ont toutes un petit texte qui raconte un paramètre du personnage ou des animaux qu’elles représentent. »
Il est possible que je laisse les sculptures chez les riverains. Cela permet à des personnes qui ne vont pas forcément dans les galeries d’avoir une œuvre chez eux.
Que vont-elles devenir une fois une fois les feux des projecteurs du vernissage éteints ? « Il est possible que je les laisse chez les habitants » réfléchit Florian. « Cela permet à des personnes qui ne vont pas forcément dans des galeries d’avoir une œuvre chez eux. »
Inscrite dans une démarche de développement durable, la volonté de Florian est de retenter l’aventure dans d’autres communes du bord de Loire (Couëron, Indre…) avec ou sans les soutiens d’élus locaux : « Ma démarche est citoyenne. Ils ont eu une invitation pour venir à l’expo,après chacun voit avec sa conscience », conclut-il.
Un pêcheur arrive dans l‘atelier. Il vient de trouver une bouée pour Florian. Je lis la dernière phrase du flyer : « D’un lieu commun, ton voisin est témoin qu’il faut faire un effort, même si tu ne sais pas nager , tu baignes dans le même environnement. »
Le Book de Florian Guilet
Plus d’infos sur la Vase Communicante
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