
Marche ou grève n°4
Syndicats et médias : « Regarde moi dans les yeux  »
Situation Nationale Complètement Fermée ? Ensemble Dans la Fermeté ? Rigidité Avant le Temps de la Patience ? Retour sur la manifestation du 14 novembre pour tenter de répondre à ces questions qui nourrissent les relations entre syndicats et médias.
Le cortège de la manifestation du 14 novembre est resté un long moment immobile devant la gare de Montparnasse comme signe de protestation. Stoïque, il a donné un signe fort sur la direction à suivre : ce ne sera pas la voie des négociations mais plutôt la gare de la révolte. Une marée rouge s’est rapidement étendue sur le chemin entre la gare Montparnasse et la gare d’Austerlitz. L’endroit avait été choisi pour sa position stratégique, laissant une place suffisant pour des angles de caméra dont se délectent les télévisions. Dans cette épreuve de force symbolique, seul compte le nombre de corps présents dans la manifestation. Journalistes, badauds, s.d.f… Une personne de plus, engagée ou non dans le cortège, est toujours une ressource supplémentaire dans une armée de fourmis. La présence est déjà une force pour la contestation.
La manifestation a semblé parfois être asphyxiée par les emblèmes, mi-ballons, mi-montgolfière, des syndicats. Ces derniers se sont retrouvés dans une position de monopole qu’ils critiquent souvent. Au micro, aucune place n’est accordée aux grévistes non syndiqués, contraints de suivre leurs autres "camarades" et d’être, eux aussi, "disciplinés". Pour les cheminots, "la route est encore longue".
la route est encore longue
En quelques minutes, une forêt de journalistes est apparue. Des micros et des caméras ont poussé avec une rapidité insoupçonnée dans ce champ de manifestants. Grévistes et représentants des médias ne se sont pas mélangés. Pourtant, une sorte de parade amoureuse est née. Parfois une rivalité entre caméras mâles naît à l’approche d’un syndiqué roucoulant qui attend les avances.
Quand, un mouvement annonce l’arrivée de Bernard Thibault, la reine mère des guêpes dans les négociations avec le gouvernement, les journalistes sortent leurs plus belles plumes. Pour les grévistes aux airs circonspects, le secrétaire générale de la C.G.T est un vrai tourbillon, aspirateur de médias. Certains ont donc menés une stratégie parallèle. Ils ont joués, mimés leur propre rôle en exagérant leurs mimiques de colère devant les caméras au risque de provoquer l’hostilité de l’opinion publique. Le pari est dangereux. La décontextualisation souvent opérée par la médiatisation peut rendre ce genre d’attitude extrêmement néfaste pour les grévistes. L’enthousiasme de cette après-midi de mobilisation du 14 novembre a empêché la réflexion et a incité aux actes plus extrêmes pour séduire les journalistes.
Finalement, l’accouplement des syndicats et des médias accouche d’une progéniture contrariée, celle de la figure de l’ « usager ». La grève ne donne qu’une occasion de plus pour jouer la théâtralisation du pathos qui réussit à l’audience. Le but de la manœuvre : chercher qui est le plus malheureux. Au jeu des 7 différences, le gréviste vit sur une île de privilégiés et l’usager-client-consommateur de média réside dans l’enfer urbain : deux images faussées qui ouvrent la porte au manichéisme et au dialogue de sourds.
En extrait audio : parcours d’un salarié d’E.D.F qui se sent trahi par le gouvernement.
Marche ou grève n° 1 : Etudiants : l’art et la manière de faire un blocage
Marche ou grève n°2 : Manifestation : les pas de la colère
Marche ou grève n°3 : Refrains des gréviste et révolte d’un professeur
Marche ou grève n°5 : Les oubliés du mouvement social
Photographie : Florence Gayon
Bloc-Notes
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