
Marche ou grève n°3
Refrains des grévistes et révolte d’un professeur
Une manifestation conduite par les syndicats est un exercice extrêmement codé qui pourrait perturber les néophytes. En apparence, cette forme de contestation est un modèle de répétition mais au coeur du rassemblement, chacun occupe une position précise et n’agit pas à l’aveugle.
A l’intérieur du groupe de grévistes, un langage particulier, servant pour ces événements, est de rigueur. Le code de reconnaissance est le fameux "camarade" et l’autocollant plébiscité est celui de "Vive la grève" en rouge vif ou de "Justice sociale ? Grève générale". Les discours des manifestants se centrent plus essentiellement sur le moyen de "combattre" les lois que les buts réels de leur "lutte" et le contenu des lois incriminées.
Les banderoles endormies sont ressorties et affichent une diversité surprenante. Du violet au rose, les couleurs formeraient presque l’arc-en-ciel si une prédilection pour le bleu-blanc-rouge ne subsistait pas. Ainsi, le symbole de la France est aussi celui des manifestants qui disent, autant que les non-grévistes, "se battre pour les droits des Français". Certaines pancartes semblent douées de parole. Sur une l’une d’elle : "Sarkozy broie du social". Sur un autre morceau de carton tenu par un étudiant : "Génération Tanguy. Merci Sarkozy". L’esprit de Che Guevara renaît. Le révolutionnaire, idole souvent manipulée, est convié à la fête avec cette citation sur le cartable d’une lycéenne : "Rêve et tu seras libre d’esprit. Lutte et tu seras libre de ta vie".
Rêve et tu seras libre d’esprit. Lutte et tu seras libre de ta vie
Une importance particulière est accordée à la musique. L’effet euphorisant doit être maintenu en permanence. Les chansons classiques (L’Internationale notamment) sont aux rendez-vous et remportent toujours l’adhésion. La C.G.T Energie ose le rap. Force Ouvrière opte pour le créneau des chansons en français, compréhensibles par tous. Du côté de Sud Rail, le rock l’emporte et redore son blason de « musique rebelle ». Les White Stripes ou Nirvana assurent la représentation des guitares électriques dans ce mouvement éclectique. Caissons de basse crachant ces refrains, bouteilles volatiles qui circulent de mains en mains… : voici la recette d’une sorte de rave party autorisée.
En extrait audio, l’interview d’un professeur non-syndiqué de l’Université de Nanterre (Paris X), Quentin
Un film pour comprendre les enjeux de la Loi de Réforme des Universités
Marche ou grève n°1 : Etudiants : l’art et la manière de faire un blocage
Marche ou grève n°2 : Manifestation : les pas de la colère
Marche ou grève n°3 : Refrains des grévistes et révolte d’un professeur
Marche ou grève n°4 : Syndicats et médias : "Regarde moi dans les yeux"
Marche ou grève n°5 : Les oubliés du mouvement social
Photographie : Florence Gayon
Bloc-Notes
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