
Ces bulletins qui se font dépouiller
Premier tour des présidentielles 2007. Travaux manuels pour les assesseurs : un inventaire de 38 millions de bulletins.
La polémique sur les machines à voter persiste et celle sur les estimations commencent. En attendant, ce sont toujours des petits morceaux de papier qui décident du destin de la nation. 12 heures en compagnie d’un demi-gramme de citoyenneté.
Dans la pénombre, sur le gravier de la cour de l’hôtel de ville de Nantes, la file s’étire comme à l’entrée d’un concert à guichet fermé. Aucun fan de rock ou de hip-hop, mais des citoyens ordinaires, de tous les bords politiques. Leur seul point commun : avoir choisi d’être "assesseurs", exécutants du vote.
Pour ces trimards bénévoles, la journée a commencé avant 8h du matin, et se terminera, pour certains, vers minuit. En début de journée, 44 millions de bulletins étaient susceptibles de plonger dans les urnes. Ils seront finalement 38 millions à s’exprimer jusqu’à la fermeture des bureaux.
La procédure est la même dans tous les bureaux de France. Une fois les derniers votants sortis, les retardataires refusés et les témoins raccompagnés, les portes du bureau sont fermées et les urnes ouvertes. Le dépouillement commence, et c’est pas triste !
Nantes : 209 bureaux, 146 980 inscrits, 121 599 votants, 83% de participation...et 12 noms
Petit calcul. A Nantes, 209 bureaux , 146 980 inscrits, pour une expression finale de 121 599 suffrages. Avec une participation de 83,35 %, les assesseurs ont eu la surprise d’étaler une moyenne de 485 enveloppes closes sur les tables : "On ne s’attendait pas à un tel taux de participation, le plus haut depuis Mitterrand-De Gaulle en 1965".
En faisant table rase de différends politiques, deux équipes commencent à compter et à recompter : l’une les signatures, l’autre les enveloppes fermées. La vérification a lieu jusqu’à ce que les chiffres coïncident.
Les enveloppes sont maintenant rassemblées par centaines -pour plus de commodité- et enfin ouvertes ! Par table, quatre personnes : une pour ouvrir, une pour annoncer, deux pour vérifier et compter. Tous les dix bulletins, on s’assure que les notes coïncident. Douze candidats, c’est beaucoup ! Entre et une heure et demie après la clôture du bureau -qui était de 18h pour les petites communes, 19h pour les villes moyennes, 20h pour les très grandes agglomérations- le nombre de suffrages exprimés est établi, et le nombre de voix accordées à chaque candidats certifié.
On ne s'attendait pas à un tel taux de participation : le plus haut depuis 'De Gaulle-Mitterrand' en 1965
Un procès-verbal est alors signé par le président du bureau et ses assesseurs. Ce n’est pas fini. Il reste encore à se rendre à la mairie centrale pour la validation. Pour ceux qui ont déjeuné d’un sandwich, une longue attente commence avant de déposer son procès-verbal et la totalité des bulletins. C’est à ce moment seulement que les résultats du bureau sont rendus officiels et viendront préciser, peu à peu, les résultats nationaux.
Des résultats annoncés avant la fin du vote
Mais comment est-il possible de présenter des résultats prétendument fiables à 20h, quand les bureaux ferment pour les premiers à 18h, que 1h30 sont nécessaires pour dépouiller les bulletins, et qu’il faut se rendre en mairie où les procès-verbaux sont officiellement enregistrés ? Au moyen de sondages déclaratifs, effectués à la sortie de bureaux de vote considérés comme significatifs.
C’est donc sur la base ces déclarations que sont publiés des résultats, qui avancent dès 18h30 les noms de deux candidats pour le deuxième tour... A cette heure, certains citoyens indécis ont encore à choisir entre douze propositions, et peuvent par exemple renoncer à voter pour ‘le troisième’.
En revanche, pour les grands médias mercantiles amateurs de sensationnalisme et de coups médiatiques, c’est pain-béni et l’assurance d’un prétendu scoop. "Il faudrait que tous les bureaux de vote ferment à la même heure ! ", regrette Jean-Yves, assesseur à La Chapelle sur Erdre. "C’est en tout cas un scandale qui va à l’encontre de la liberté du choix ! ", déclare une autre .
Un choix qui se limite désormais à deux candidats, qui seront vraisemblablement départagés par les électeurs centristes.
Renaud CERTIN
Photos : Pascal COUFFIN
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