
Rencontres de Sophie 2007
...Et Sophie fit un malheur, par delà le Bien et le Mal...
La Philo’ s’est faite digeste pour les quatrièmes Rencontres de Sophie de LU. Servie par une légion de penseurs ancrés dans le réel, la discipline s’ouvre à tous. Au menu, un éternel débat : ‘Le Bien et le Mal’.
A l’étage du Lieu Unique, ceux qui gardent un souvenir amer de la philo en veste de velours côtelée ont rejoint ceux qui auraient bien voulu poursuivre jusqu’à la terminale.
Sous le patronage de l’association nantaise Philosophia, initiatrice de l’Université populaire de philosophie, les trois journées de conférences gratuites et d’exposés express ont de nouveau fait salle comble pour tracer cette année la frontière entre ’Bien’ et ’Mal’.
Philo digest...
Comme à chaque édition, l’entrée se fait par le Petit Salon. En guise d’apéritif, les casuistes en veston y débattent autour d’un verre tandis les hédonistes en street-wear s’y délectent de nourritures terrestres et de gâteaux au p’tit brun.
Pour alimenter la réflexion, la librairie Vent d’Ouest -sans doute une des meilleures librairies de Philo de France- crée l’embarras du choix. Les pavés indigestes les plus essentiels (Spinoza, Adorno, Jankélévitch, Ricoeur) côtoient les essais les plus abordables pour le grand public, et même des collections pour les moins de dix ans.
A proximité, des curieux jettent un œil et une oreille sur des installations d’artistes plasticiens. Malheureusement, ces vidéos, simples support à un discours très théorique, restent finalement assez absconces et seront les seules à laisser le spectateur sur sa faim.
La surprise vient d'intervenants hors normes, qui s'écartent résolument des programme académiques ou théoriques, et s'ancrent dans un monde résolument moderne, concret...et multimédia.
Les choses sérieuses commencent avec le traditionnel, ‘Abécédaire’, qui constitue une parfaite entrée en matière, sous la forme d’un catalogue de 26 hors-d’œuvres intellectuels. De ‘A’ comme ‘Amour’ -qui est aveugle- à ‘Z’ comme ‘Zorro’-qui est masqué- ces mini-cours de vingt minutes répartis sur le week-end sont toujours très prisés.
Pour continuer à cuisiner les esprits, une trentaine d’intervenants se succèdent dans le Salon de Musique et Le grand Atelier. Devant des centaines de curieux avides de sens ils abordent avec modestie des thèmes aussi divers que la morale dans l’art, l’éthique dans la société technologique, la responsabilité divine, ou le mal qu’on fait...à soi-même.
Certaines stars déplacent les foules sur leur seul nom. La conf’ la plus courue fut logiquement celle de Jacques Sémelin et Rony Brauman, qui évoquèrent la déportation et la shoah : ‘Bourreaux ou Héros, comment le devient-on ?’
Mais, la veille, ce fut l’exposé de Sébastien Génevo et de Michaël Stora qui remporta les suffrages de cohortes de lycéens : ‘Les jeux vidéos et la morale’, un sujet apparemment trivial que Descartes aurait pourtant eu du mal à traiter !
Les plus petits ne sont pas en reste. Les enfants, avides de réponses à des questions de grandes personnes, ont trouvé en Brigitte Labbé et ses ‘Goûters Philo’ une interlocutrice à leur hauteur.
...et philosophes du troisième type.
La qualité des débats n’exclut pas le renouvellement : la surprise vient de certaines personnalités hors normes, férues de cinéma, de jeux vidéos ou d’expériences sociologiques dérangeantes. Le franc-parler de Paul Ardenne, les extraits de films grand public d’Oliver Pourriol, la culture scientifique de Michel Terestchenko et la légitimité du clinicien Michael Stora plongent l’assistance dans un état proche de la sidération.
Ces enseignants du troisième type, qui s’écartent résolument des programme académiques ou théoriques, ancrent leur recherche dans un monde résolument moderne, concret...et multimédia. Leur culture vertigineuse et leur connaissance réelle de la société contemporaine rendent crédibles leurs conclusions sur des expériences de morale concrète, surtout quand ils évoquent l’obscénité de l’industrie du spectacle, le rôle ambigu du cinéma, les raisons de l’obéissance des bourreaux...ou les bienfaits du joystick.
Erudits et acteurs de la vie réelle, ils insufflent une fraîcheur à la réflexion éthique et ils prouvent que la philosophie, qui est née il y a 2500 ans, fait décidément bien partie du monde contemporain, culturel et social !
FRAGIL revient sur leur pensée et consacre donc bientôt des articles sonores à Paul Ardenne (Le marquis de Sade soluble dans l’industrie culturelle), Olivier Pourriol (Il faut filmer le soldat Ryan), Michel Terestchenko (La fabrique des bourreaux) et Brigitte Labbé (Hegel, Spinoza et les tortues Ninja).
A suivre sur le magazine en ligne Fragil !
Renaud CERTIN
Plus d’infos sur les Rencontres...
L’association Philosophia : Université populaire de philo à Nantes
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