
Bookcrossing, la folle aventure des Livres Voyageurs
Hazard, liberté et rencontres humaines
Prenez un livre, lisez-le, commentez-le et libérez-le : c’est ainsi qu’on peut résumer le bookcrossing, une pratique de lecture inventée il y a quelques années et qui réunit aujourd’hui un nombre sans cesse croissant de « bookcrosseurs  » à travers le monde. Pour comprendre les raisons de ce succès, Fragil a mené sa petite enquête sur le forum du site, auprès des bookcrosseurs francophones...
« Une communauté géante de lecteurs mais surtout de curieux avides de partager leurs expériences et la culture ! » s’exclame Alice-Eve, « Un jeu completement fou pour des fous de livres et de fous-rires.", renchérit andras. On le voit, les bookcrosseurs parlent avec passion de cette pratique de la lecture qui laisse une place énorme à la liberté, au hazard, à l’aventure. Né en 2001 de l’imagination de l’américain Ron Hornbaker, le bookcrossing part de l’idée qu’un livre est davantage fait pour être lu par le plus de gens possible que pour rester endormi sur l’étagère d’une bibliothèque... Le principe ? lâcher un livre dans un endroit quelconque, et attendre ensuite que quelqu’un le trouve, le lise et donne son avis avant de le relâcher à son tour...
Les raisons de la passion
Quand on demande aux bookcrosseurs pourquoi ils s’adonnent au bookcrossing, c’est d’abord l’amour des livres et de leur partage qui est mis en avant : « Parce que j’aime tant les livres que je voudrais aussi les faire aimer aux autres. » explique oxalis ;
Le bookcrossing fait partie de ces quelques lieux où d'autres modes de relation, une convivialité différente de celle de la pizza-bière match-de-foot à-la-télé s'élabore
de même, gilloud veut « rendre une passion solitaire enfin collective et participative. De plus, cela permet de s’ouvrir à de nouveaux auteurs et de nouveaux livres. ».
Souvent, le bookcrossing a aussi un aspect idéologique : « J’aime aussi l’aspect "livres en liberté" qui permet de sortir du produit de consommation et qui donne une dimension un peu romantique ou en tout cas romanesque mais réelle à la lecture romanesque mais irréelle... », affirme Alice-Eve. Dans le même ordre d’idée, magdeleine aime « le partage de la lecture sans passer par le biais de l’argent omniprésent dans notre société de consommation »
Andras, qui a collaboré à la réalisation du site miroir français du bookcrossing et qui a créé le site « L’agora des livres » (une bibliothèque virtuelle en étroite relation avec la pratique du bookcrossing), résume bien cet aspect : « Le bookcrossing fait partie de ces quelques lieux (heureusement de plus en plus nombreux) où d’autres modes de relation, une convivialité différente de celle de la pizza-bière-match-de-foot-à-la-télé s’élabore. Et ce qui est étonnant c’est qu’un des médias les plus vieux du monde est au coeur de tout cela : le livre ».
Au-delà des livres, la force des relations humaines
Outre l’aventure et le partage d’expériences littéraires, le bookcrossing est à l’origine d’une vaste communauté, aussi bien à travers le forum francophone que par les « meet-up » (ou miteupe), rassemblements régionaux de bookcrosseurs, ou les MBC (rassemblements nationaux, voire internationaux, souvent accompagnés de libérations de livres massives).
Icila souligne « la convivialité du forum avec les rencontres virtuelles ou réelles avec d’autres bookcrosseurs. » ; les propos de 05VIVENEF50 sont, quant à eux, suffisamment éloquents : « D’emblée l’idée trouvée dans un article m’a séduite, d’abord pour le côté partage, ensuite pour l’aspect chasse au trésor. Maintenant, c’est bien plus que ça. Je vis 1000 vies à travers le forum, les bookshelfs [bibliothèque virtuelle de chaque bookcrosseur, ndlr], les JE [Journal Entry, commentaires que laisse un bookcrosseur sur un livre lu, ndlr]...Je m’amuse à semer des livres et j’en attends des nouvelles comme un gosse ses cadeaux de Noël ! Le MBC a été un grand moment - Je m’éclate quoi ! »
Les (quelques) points noirs mais surmontables du bookcrossing
Certes, malgré le portrait flatteur que ces lignes ont dressé, on peut reprocher au bookcrossing quelques faiblesses : le faible rapport livres lâchés/livres retrouvés (mais, comme le dit gilloud, « finalement cela fait partie du jeu et on le sait dès le départ. Et un livre qui revient fait d’autant plus plaisir. ») ; l’omniprésence de l’anglais, pour beaucoup problématique (que ce soit pour des raisons de compréhension ou de militantisme francophone) - mais, pour andras, « les personnes motivées y arrivent très bien même sans connaître un mot d’anglais (j’en connais) ».
Je vis 1000 vies à travers le forum, les bookshelfs, les JE...Je m'amuse à semer des livres et j'en attends des nouvelles comme un gosse ses cadeaux de Noël
Voilà, il ne vous reste plus, à présent, qu’à saisir un livre qui dort depuis trop longtemps dans votre bibliothèque, à l’enregistrer sur le site du bookcrossing et à laisser votre imagination choisir le lieu de la libération ; et, avant d’aller relâcher votre livre, n’oubliez pas de jeter un coup d’œil sur le site du bookcrossing, juste pour voir si, par hasard, un bookcrosseur ne vous aurait pas précédé en libérant un livre que vous pourriez capturer...
Gaël Montandon
Les liens indispensables :
le site originel du bookcrossing, tout en anglais : www.bookcrossing.com.
Sa version française : www.livres-voyageurs.com
Attention, il s’agit d’un site miroir : seules l’interface et les principales fonctionnalités sont en français ; au-delà, vous arrivez sur des pages en anglais. Les concepteurs de ce site miroir ont cependant fait de grands efforts de clarté pour expliquer le fonctionnement du Bookcrossing. Toutefois, en cas de gros problèmes de compréhension, il y a toujours la possibilité de poser des questions sur le forum.
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