
Crimp/La Fidèle idée : du théâtre anti-consommation
"Personne ne voit la vidéo" : satire de la société de consommation
Poursuivant son travail sur le texte et sur des pièces riches de sens, la compagnie la Fidèle Idée a présenté fin 2008 sa version de «  Personne ne voit la video  », de l’auteur britannique Martin Crimp. Une satire en douceur de la société de consommation.
En onze scènes successives, Liz, consommatrice lambda, va passer du statut de « sondée » à celui de sondeuse de consommateurs. Les questions sur les habitudes de consommation de « plats italiens surgelés » qui s’enchaînent et font rire par leur absurdité, sa séparation soudaine de son mari qui l’a laissée devant un vide existentiel, tout est fait, dans le texte, pour souligner l’absurdité désolante à laquelle est confronté tout homme en tant que consommateur.
Une satire en douceur
la pièce parle du vide que crée la société au niveau intime
Comme à son habitude, Martin Crimp se livre à une satire amusée et désabusée de la société contemporaine. Léger mais incisif. Comme le souligne Guillaume Gatteau, membre de la Fidèle idée et metteur en scène, la pièce parle du « vide que crée la société au niveau intime. C’est un texte qui a une portée sociale, mais il n’est pas discursif ». Et c’est dans doute là la force de ce texte : pas d’engagement trop militant, juste ce regard amusé, qui se lit comme en filigrane, sur les dérives de l’hyperconsommation.
Un spectateur non-consommateur
Pour Guillaume Gatteau, il y a dans le texte « un style, une forme qui répond au fond ». Dans son travail de mise en scène, il a donc eu à coeur de répondre au « côté systématique qui se retrouve dans l’écrit » : onze scènes qui se succèdent, se répondent et se répètent. La scénographie reprend cette répétition en ne modifiant que peu d’éléments sur le plateau d’une scène à l’autre. Cette répétition scénographique est d’autant plus aisée que la pièce est construite sans progression dramatique : c’est la juxtaposition de ces onze scènes qui, implicitement, crée du sens. Non seulement cette simple succession renforce ce sentiment d’absurdité existentiel des personnages, mais elle demande aussi un effort au spectateur, qui doit utiliser son « acuité », comme le souligne G. Gatteau, pour comprendre toute la portée de la pièce. Loin donc du simple divertissement culturel, la Compagnie la Fidèle idée nous propose d’oublier, l’espace d’une soirée, nos réflexes de consommateurs.
Gaël Montandon
Photo : La Fidèle idée/E. Milteau
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