
Dans l’enceinte des free parties
Rencontre interrégionales sur les free parties au lieu unique
Franchir le mur du son pour les organisateurs de free parties, les Djs et cesser de faire résonner les refus et l’incompréhension pour les élus. L’objectif des rencontres interrégionales sur les free parties était de réunir les différents acteurs concernés par ces manifestations festives pour une ouverture nécessaire vers un dialogue souvent court-circuité par les a prioris. Ces premiers pas parfois hésitants étaient articulés autour de trois thématiques : cadre légal, sécurité et structuration. Panorama d’une trilogie qui promet d’autres épisodes, d’autres rencontres fructueuses pour explorer le vaste champs des free parties.
Les free partys revendiquent un état d’esprit underground, la techno dans le sang, le regard incisif et décalé d’un mouvement marginal sur le monde. Mais le cadre légal poursuit ces velléités de liberté avec la rigueur d’un code propre aux spectacles vivants et inadapté à la forme particulière des free parties.
Entre free party et tecknival, rassemblement de multiples sounds systems sur une durée de plusieurs jours, une échelle de responsabilités semble s’établir naturellement. La loi votée en 2001 précise les critères indispensables à l’organisation de toute manifestation sans prendre en compte ces difficultés. Au delà de 500 personnes, une déclaration doit être effectuée à la préfecture, libre de valider ou non la demande.
L’autogestion des premières soirées est-elle révolue ? En effet, ce cadre légal ne satisfait pas les organisateurs qui aspirent à des responsabilités pour encadrer eux mêmes les opérations de sécurité ou de lutte contre les drogues. Ils proposent une clause de confidentialité, le rejet de campagne de médiatisation, pour éviter les événements massifs. Certaines bouches réclament discrétion et confiance, impératifs selon eux pour la survie de l’élan festif. D’autres mains, dans le doute, s’affairent à écrire au conditionnel les promesses de terrain et de souplesse pour les prochaines free parties.
Le bourdonnement des sirènes de sécurité
L’équilibre entre santé, sécurité et écologie apparaît particulièrement fragile dans les free parties. La devise adoptée, « prendre soin de soi et de l’autre », s’efforce de répondre aux risques majeurs, entre toxicomanie et problèmes auditifs. Quelques organisateurs sont titulaires de l’AFPS, un diplôme des premiers secours, mais leurs initiatives ne peuvent contenir les milliers de passionnés des tecknivals. D’une voix commune, élus, Dj et autres participants veulent effacer l’aura négative des free parties en insistant sur les efforts déjà réalisés et la naissance d’associations pour les coordonner. Les acteurs publics entrent en piste. Des Pays de la Loire à la région de la Bretagne, chacun n’est pas confronté aux mêmes interrogations. Les représentants des collectivités territoriales affirment qu’ils ne feront plus la sourde oreilles face aux discours des « teufeurs », conscients que la répression risquerait de durcir le mouvement. Cette reconnaissance, même tardive, satisfait ceux qui ont été plus souvent assourdis par le ministère de l’intérieur que par celui de la culture.
Le rythme des « amateurs de l’art »
Politiques et organisateurs de free parties ne trouvent pas toujours la bonne longueur d’ondes pour s’entendre. Un mouvement qui se déclare libre de désigner une zone d’autonomie temporaire (appelée TAZ) provoque immédiatement une réaction des élus se chargeant de défendre les habitants des lieux concernés. Voilà les premiers coups de basses dans la base d’une politique de la culture d’abord patrimoniale, puis tournée vers la définition de l’œuvre d’art, avant de se préoccuper d’un phénomène de société, le nombre croissant d’amateurs et de pratiquants de musiques actuelles. Le représentant du ministère de la culture finit par clamer en rythme avec le Dj que « cette âme donnée aux outils est une œuvre d’art potentielle ». Du Drum’n bass au Hardcore, les nombreux styles de Free techno ne restent pas muets face aux problème politiques. Dans ce jeu du chat et de la souris, le ministère de la culture tend vers une définition tandis que les amoureux de free parties esquivent les qualificatifs pour défendre « une identité non récupérable ». Le fait artistique implicite apparaît alors entre les lignes de la question posée à chaque rassemblement : la place de la fête dans la société est-elle une utopie culturelle ? Les free parties trouvent ponctuellement des terrains mais défendent en premier lieu l’état d’esprit qui se débat avec les institutions pour être reconnu sans être aseptisé.
Dans les mots du Dj , le portrait de cette œuvre d’art singulière est tracée avec passion. La communion éphémère entre public, organisateur et Dj crée une ambiance unique selon « le mix du moment ». Sons et lumières sont mobilisés pour « jouer le vinyle et donner du plaisir dans un moment de liberté ». La création dans les free parties naît donc d’une constante interaction entre les musiques réinterprétées par les Djs. Cette richesse est maintenant reconnue par les scènes qui défendent les projets des indépendants. L’Olympic, par exemple, proposera des échantillons techno dans l’air du festival Scopitone, qui accueillera peut-être de nouveaux amateurs séduits par les battements de cœur des sound systems.
Chloé Vigneau
Bloc-Notes
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