
Le projet Sol, pour une monnaie citoyenne
Civisme contre spéculation
S’étendant sur près de trois jours, drainant un public abondant, le Ecossolies ont été un moment privilégié pour mettre en avant les initiatives citoyennes issues de l’économie sociale et solidaire. Parmi elles, le projet Sol semble particulièrement intéressant, tant il résume à lui seul les valeurs citoyennes chères à un altermondialisme pertinent.
Le projet Sol, c’est d’abord la volonté d’instaurer une monnaie alternative complémentaire de l’euro ; loin d’entrer en concurrence avec l’euro, elle est portée par les Scop (des entreprises, grandes ou petites, basées sur des valeurs de solidarité : bénéfices reversés aux employés, prise de décisions démocratique, ...), et circule dans un réseau d’entreprises partageant les valeurs citoyennes propres au projet Sol. Elle a pour but de mettre en avant et de récompenser des actions, des comportements citoyens qui ne sont pas valorisés par le système monétaire habituel.
Le rejet de la spéculation monétaire
Le projet Sol part d’un constat simple : les fonctions originelles de la monnaie se sont noyées dans les dérives spéculatives. De moyen, la monnaie est devenue fin. Ainsi, plus de 98% des transactions monétaires journalières (1174 milliards USD) sont dus à la spéculation sur les monnaies et non à des échanges de produits ou de services réels. De là est donc née l’idée de créer une monnaie complémentaire qui reviendrait aux fonctions de base de tout système monétaire.
Sel et Sol
L’énoncé de ce projet rappellera sans doute à quelques-uns le principe des SEL (systèmes d’échange local), lesquels se veulent précisément une alternative à la monnaie habituelle en faisant correspondre, à un niveau géographiquement restreint, l’offre à la demande sans passer par la monnaie officielle : ainsi, une heure d’aide aux devoirs donnera droit, par exemple, à une heure d’assistance informatique ou de réparation automobile. Mais le projet Sol, même s’il reprend le concept de monnaie alternative, se distingue cependant clairement d’un système de troc (aussi perfectionné soit-il) en s’inscrivant dans une perspective géographique bien plus large, et en affichant des ambitions plus vastes que celles d’un échange de services.
Au-delà du troc, une autre vision de l’économie
C’est que le projet Sol a l’ambition de valoriser des richesses que l’économie habituelle ne prend pas en compte : engagement citoyen au sein d’une association, comportement prudent pour les clients d’une mutuelle, ... Toutes ces activités solidaires et citoyennes qui ne sont pas reconnues par le système monétaire officiel, mais qui sont cependant essentielles au fonctionnement de notre société, seront récompensées par l’attribution de points dits « engagement ».
En pratique
Même si bien des paramètres du fonctionnement du Sol restent à définir, on peut déjà en esquisser les grandes lignes : les points Sol « coopération » sont acquis lors d’un achat dans une entreprise faisant partie du réseau Sol et sont crédités sur une carte à puces Sol. Ils peuvent ensuite être utilisés pour payer produits et services au sein des structures du réseau Sol. Celles-ci sont très variées, tant en taille qu’en nature, et vont du commerce équitable à la mutuelle d’assurances. On citera, à titre indicatif, la MAIF, la MACIF, le Crédit Coopératif, Chèque Déjeuner. On notera, enfin, que le projet Sol est en phase d’expérimentation jusqu’à fin 2007 dans trois régions : la Bretagne, l’Ile-de-France et le Nord-Pas-de-Calais.
Le projet Sol étant vaste et encore en définition, le but de ces lignes n’est que d’en donner un aperçu général et de le replacer dans le contexte économique actuel ; pour plus d’informations, on peut télécharger un dossier PDF sur le projet Sol sur le site www.caracoleando.org
Pour en savoir plus sur les SEL, on peut consulter le site www.selidaire.org
Gaël Montandon
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