Fragil : Quelle est l’origine de la Maison des Hommes et des Techniques ?

Marie-louise Goergen : Peu de temps avant la fermeture, en 1987, des Chantiers Navals Dubigeon, des militants syndiqués des chantiers décident de créer une association sous le nom de Histoire de la Construction Navale à Nantes afin de garder archives, outils...ext. A la fermeture définitive, la ville de Nantes rachète le terrain ainsi que le bâtiment « Ateliers chantiers de Nantes ». Elle avance l’idée d’un musée, d’un espace culturel. Militants et politiques trouvent un compromis pour faire de ce lieu un espace associatif. Des membres de HCNN fondent en 1994, la Maison des Hommes et des Techniques, association loi 1901. Nous sommes donc très attachés aux anciens chantiers nantais, notre thématique originelle. Mais nous nous élargissons vers d’autres horizons proche de notre thématique.

Fragil : Comment fonctionne la MHT ?

M-l.G. : Le président, Jean Relet, est un ancien salarié des chantiers. L’association dispose de quatre salariés. Nous vivons de subventions de la part de la ville de Nantes essentiellement. Le Conseil Général participe aussi, surtout depuis le changement de majorité en 2003. Les apports de subventions seules posent toujours le problème de l’incertitude à long terme de la vie même de l’association même si nous sommes en quelque sorte aujourd’hui « une institution ». Nous essayons donc de diversifier nos partenaires notamment publics. Le port par exemple nous soutient.

Fragil : Quels thèmes traitez-vous et par quel moyen ?

M-l.G. : Nous organisons des expositions dont une permanente sur les chantiers navals qui sera par ailleurs bientôt renouvelée. Nos thèmes sont variés tournant autour du travail : techniques, militantisme, histoire maritime...ext. Nous accueillons beaucoup de groupes de publics variés, notamment des jeunes, du CP à l’université. Nous les sensibilisons à l’histoire de Nantes. Ces visites leur permettent de comprendre la situation propre de la ville. La MHT est aussi un lieu de vie associatif et par là nous hébergeons des associations d’idéologie proche.

Fragil : Y a t’il une volonté militante dans vos actions ?

M-l.G. : Indéniablement, il y a une volonté militante pour exposer tous ce qui concerne le monde ouvrier poussé aux marges. Aujourd’hui, il y a une mise en avant du « festif » mais pas de la culture propre ouvrière et des gens qui travaillaient aux chantiers. Médias et politiques s’accordent à dire que la classe ouvrière n’existe plus : ce n’est pas vrai. Il existe encore beaucoup de quartiers ouvriers. Nous essayons de traduire cette culture pour le plus grand nombre. Nous souhaitons rendre visible ce qui a tendance à être oublié : c’est une véritable tâche militante.

Fragil : Quel a été le dernier grand projet réalisé ?

M-l.G. : « Fermeture de boîte et après... » sans aucun doute. C’était en quelque sorte revenir sur le point de départ de l’association en faisant venir des salariés, des comités d’entreprises - objectif qui s’est un peu perdu dans le temps. Le sujet des délocalisations est d’actualité. Nous cherchions à créer un lien entre ce qui s’est passé et ce qui peu se faire aujourd’hui notamment au niveau de l’organisation du travail et de la condition des salariés qui ne sont pas forcément meilleures aujourd’hui.

Fragil : Sur quel projet travaillez-vous aujourd’hui ?

M-l.G. : Nous nous intéressons aux loisirs ouvriers (sport, bricolage, jardinage...ext.). D’abord sous forme d’une exposition sur l’évolution de ces loisirs du front populaire (1936) à nos jours. Puis nous mettrons en place des animations avec les associations concernées. L’idée est de présenter les origines ouvrières, de prouver que le monde ouvrier est bien vivant. Les loisirs développent de vrais liens sociaux. C’est un projet militant même si nous nous tournons un peu plus vers le « festif ».

Propos recueillis par Fabien Leduc

Site de la Maison des Hommes et des Techniques

Maison des Hommes et des techniques | Ateliers et Chantiers de Nantes | 2bis, boulevard Léon Bureau. 44200 NANTES |Tél. 02 40 08 20 22