
FOCUS
Genre et geste en politique
Un sourire, une poignée de main, une intonation de voix. Le discours en politique : l’art de la gestuelle avant tout. En 2013, un cinquième de l’Assemblée Nationale était représentée par des femmes. Conditionnement de la sphère politique et impact du genre. Dans un milieu essentiellement masculin, la féminité y trouve-t-elle sa place ? À travers la sémiologie et l’infographie, décryptage de la gestuelle féminine dans l’exercice oratoire.
Le pouvoir politique, apanage des hommes. Les exceptions, existent, mais il n’y a de véritable impulsion féminine qu’à l’aube du XXe siècle. Avec l’évolution des mœurs, l’implication croissante de l’opinion publique en politique et le souhait de la représenter au mieux, les femmes ont peu à peu accès aux sièges du pouvoir. Mais cette représentation reste encore et toujours minoritaire.
En France, la loi dispose que l’accès aux mandats électoraux et aux fonctions électives doit concerner autant d’hommes que de femmes. « Aux élections législatives de 2012, la proportion de femmes élues atteint 26,9 %. Un très net progrès par rapport à 2007 (18,5 %). » selon l’Observatoire des Inégalités. Malgré tout, la parité est encore souvent mise à mal – de nombreux partis politiques préfèrent payer des pénalités financières que de présenter autant de femmes que d’hommes sur leurs listes électorales. « Les manquements à la parité coûtent cher aux partis » titre Le Monde en mars 2012.
de nombreux partis politiques préfèrent payer des pénalités financières que de présenter autant de femmes que d'hommes sur leurs listes électorales
Ces choix politiques posent question. Évolution des moeurs ou effet générationnel, l’absence de parité apparaît comme dépassée ; quant elle n’est pas réactionnaire. Tant de difficulté à bousculer les préconçus du politique et de l’entreprise.
La parité, parfois une histoire de discours. Ce même discours politique qui façonne – par la rhétorique – une approche du verbe en public. Au croisement du mot et du geste, l’élu-e politique tance, s’élance, multiplie les poignées de main ou les sourires pour tour à tour convaincre, déstabiliser, donner confiance – ou enfoncer des portes ouvertes. Cet exercice du pouvoir par la gestuelle pose la question du genre. D’une sous représentativité du genre féminin en politique, peut on déduire une analogie dans la manière de concevoir le discours politique, quelque soit le genre ? À quel moment une femme va faire de sa gestuelle un symbole qui renverrait plus largement au concept « femme » ? A contrario, existe-il des convergences d’un langage politique univoque où le genre passe au second plan pour laisser la place aux « classiques » du media-training et des spin doctors ? Analyse.
Gestuelle politique et mimétisme
En avril dernier, Vincent Denault, conseiller en communication et avocat, remet en cause la célèbre théorie d’Albert Mehrabian. Celle-ci expliquait que dans un message, 7% seulement s’exprimait de façon verbale. 38% concernait l’expression vocale, et 58% les expressions du visage et le langage corporel. Cette analyse est toute relative (contexte culturel, émotionnel etc.), mais il n’en reste pas moins que la communication non-verbale constitue la plupart du temps une part très importante d’un message.
La science décode le geste, au-delà du ressenti primaire. Dans l’émission Déshabillons-les de Public Sénat, des experts observent la gestuelle de l’ancien président Nicolas Sarkozy lors de ses discours. L’expression de son visage, les gestes de ses mains, sa posture permettent souvent d’éclaircir ou dissimuler le message qu’il souhaite transmettre. Du balayement de main au pincement de doigts, les significations sont multiples et viennent appuyer ou desservir un discours. Ceci au même titre que les expressions du visage. On peut ici notamment s’appuyer sur les travaux du psychologue Paul Ekman, pionnier dans l’étude des émotions dans leurs relations aux expressions faciales.
Du balayement de main au pincement de doigts, les significations sont multiples et viennent appuyer ou desservir un discours
Les langues se délient. Au même titre que la musique influe sur nos émotions, les caractéristiques de la voix (ton, hauteur, couleur, vitesse, rythme etc.) vont avoir un impact non-négligeable sur la transmission d’un message. Patti Wood, experte américaine en langage corporel, déclarait dans une émission que « selon une étude, la voix féminine toucherait le centre émotionnelle du cerveau de l’homme qui penserait automatiquement que les femmes sont émotives. » Pour l’imitateur Steve Myron, les voix aigus paraitraient plus condescendantes. Mais comme beaucoup de personnalités politiques, un apprentissage du savoir-faire corporel permet de contourner ce problème.
De l’empathie, la joie, la réceptivité à la légitimité souveraine. Les femmes s’approprient les codes du politique, miment leurs homologues masculins et tirent les avantages de leur féminité. Se basant sur ses travaux d’experts en communication et sémiologues, Fragil a choisi de tenter à son tour l’expérience du décodage. Du jeu de séduction de NKM en passant par l’assurance de Christiane Taubira et l’éloquence de Nassimah Dndar, démonstration autour d’une infographie.
Julien Marsault
Bloc-Notes
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