CONCERT
A Riot Called Nina, l’hommage à Nina Simone
Militant et Brillant
La saison culturelle 2012-2013 bat son plein à l’Onyx. Vendredi 18 janvier, nous nous sommes pressés de découvrir le groupe hommage à Nina Simone, A Riot Called Nina, d’une créativité et d’une émotion remarquables. Une claque comme on les aime.
Improvisation, rap, jazz, classique, gospel et human beatbox fusionnent brillamment. Napoleon Maddox, le MC, emmène A Riot Called Nina vers un jazz d’avant-garde, digne de posséder le label Blue Note. Derrière le MC, la talentueuse Sophia Domancich au piano, et les envoûtantes The Boxettes - le choeur british de beatbox et de jazz vocal.
Se libérer de la contrainte d’un Tribute
Rappeur et beatboxer, Napoleon Maddox revendique avec conviction ses racines musicales, avec des grands noms du jazz tels que Charles Mingus, John Coltrane ou encore Archie Shepp avec lequel il joue dans le groupe Phat Jam à l’initiative de notre MC en question. Oui, cet artiste brille par sa reconnaissance et son talent.
Cette magie permet au reste du groupe de s'envoler pour un voyage chargé d'amour et de colère
La motivation du MC pour le projet A Riot Called Nina repose sur le fait que Nina Simone lègue un patrimoine musical ouvert sur l’improvisation. La musique de Nina a toujours été nourrie de nombreuses influences. Un mixe de culture entre le jazz, bien entendu, le classique, le gospel, le blues, le folk, la soul et le rhythm and blues. Autant dire que cela offre un vaste champ créatif au MC qui n’en manque pas. La qualité des différents artistes et des arrangements confirme que la musique de Nina est évolutive et intemporelle. Ce que redoute Napoleon dans l’exercice du spectacle hommage, c’est le frein de la contrainte imposée par un certain genre et ses codes. Inutile pour garder l’esprit de Nina Simone. Capable de passer du chant classique au hip-hop en passant par l’improvisation beatbox, s’essayant même à la programmation électronique et au sampling, le MC semble avoir fait mouche. Le public et l’Onyx ne se sont pas trompés non plus.
La féminité est bien aussi au rendez-vous. Six femmes pour un seul homme. Les dés sont jetés. La pianiste Sophia Domancich, initiée au jazz et à l’improvisation en 1979, présente d’un CV impressionnant. En 1999, elle reçoit le prestigieux Prix Django-Reinhardt de l’Académie du Jazz en tant que « Musicien français de l’année ». Une bénédiction dans ce vibrant hommage, mais c’est sans compter sur l’unique prestation de The Boxettes.
Cinq jeunes femmes blindées de passion et d’inspiration. Emmenées par Bellatrix, THE responsable des beats et des basses - autant dire la base du groupe. Une performance étonnante. Pendant toute l’heure et demi de show, Bellatrix impose son style et son aisance. Une endurance à couper le souffle. Yvette, Kate, Alyusha et Neo sont comme quatre sirènes envoûtantes de mélodies. Cette magie permet au reste du groupe de s’envoler pour un voyage chargé d’amour et de colère.
L’esprit de rébellion et de résistance
La carrière et l’héritage de Nina sont faits d’engagements militants dignes d’un Martin Luther King au féminin. Si l’admiration de Nina pour le pasteur était sans faille, on imagine bien qu’elle n’était pas le fruit du hasard. Son implication dans la lutte contre le racisme était déterminée. Quand elle naît en 1933, ses parents ont subi de plein fouet la crise de 1929. Leur situation était plus que difficile, les boulots de plus en plus plus ingrats... La famille peine à arrondir les fins de mois. Sixième des huit enfants du couple, Nina fait très vite preuve de dispositions pour la musique. Déterminée par l’objectif de devenir la « première concertiste classique noire en Amérique ». Elle se prépare donc, grâce au soutien financier de ceux qui croient en son talent, à passer l’épreuve d’entrée de la Juilliard School of Music de New York. Seule élève noire de sa promotion, elle ne sera pas reçue à cause de sa couleur de peau ! Cette cicatrice forgera à tout jamais son esprit de combativité, même si il écorcha un tant soit peu sa motivation musicale au point de travailler chez un photographe. Très vite, elle reprend les chemins des clubs, avec le Midtown Bar & Grill à Atlantic City. En lui imposant de chanter, son patron amorce ce qui deviendra une réussite. Remarquée par Syd Nathan, dirigeant du label King Records, elle devient - grâce à ce tremplin - l’artiste incontournable que l’on connait. Dans les années 60, ses textes et ses compositions se nourrissent de messages de plus en plus militants. Ce changement de cap ne fait qu’accentuer son engagement pour les droits civiques. Dès lors, Nina apparaît comme une femme portée par l’obligation de faire passer un message, et cela même en dehors de sa musique. C’est cette flamme qui a animé la création du projet de Napoleon Maddox. Une inspiration belle et bien respectée. Réussite sur tous les plans.
On retient et on remercie l’accueil du staff de l’Onyx. Parmi la richesse de leur programmation 2013, nous soulignons l’évènement à venir le 18 juin : la rencontre d’Erik Truffaz et d’Enki Bilal dans le cadre de Jazz en Phase à la Cité des Congrès. Pour le reste, nous ne cachons pas notre plaisir d’avoir rencontré A Riot Called Nina.
Bloc-Notes
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