
CONCERT
TransMusicales, c’est leur tournée
Raconte moi ce que tu aimes, je te dirai qui tu es. Rencontre avec les trois groupes de la tournée des TransMusicales de passage par Nantes à Stéréolux.
On a découvert leur musique lors de la tournée des TransMusicales. Mais qui sont-ils vraiment ? C’est en leur posant à chacun les mêmes questions sur leurs origines, leurs inspirations, leurs orientations culturelles que Fragil a choisi de découvrir sous un autre angle les groupes Disco Anti Napoléon (DAN), O’Safari et Mermonte. Résultat en cinq images.
Disco Anti Napoléon, dit DAN
Avec un nom pareil, ils ne pouvaient pas échapper à la question. « On a pris le diminutif de Jordan (le chanteur et guitariste, ndlr), on trouvait que c’était le nom symbolique des années 90 avec Kévin. » Et avec les initiales ça donne disco « pour le groove », et anti Napoléon parce que le père d’un membre du groupe a une collection de figurines napoléoniennes qui les a visiblement traumatisée depuis leur adolescence. Comment ne pas leur en vouloir ? Le groupe (photo ci-dessus) se définit volontiers psychédélique. Sur scène, leur pop est surtout futuriste, un poil barrée, mais bon enfant tout de même. Même si c’est bien chez des groupes étiquetés rock psyché qu’ils puisent leur inspiration comme Animal Collective, Deerhunter, Ariel Pink ou encore Tame Impala. Et en ce moment ils écoutent plutôt l’artiste allemand électro, Robert Henke, ou encore le groupe programmé par le festival Soy, Lotus Plaza, tous deux passés par le Lieu Unique récemment.
On a pris le diminutif de Jordan, on trouvait que c'était le nom symbolique des années 90 avec Kévin
Si le feuilleton des élections à l’UMP les fait rire, le film d’animation Le tombeau des lucioles d’Isao Takahata les a ému aux larmes. Pour Jordan, « il y a un film que j’ai découvert et que j’ai bien aimé qui s’appelle Liquid Sky », un film punk des années 80. Ce sera THX 1138, le premier film de Georges Lucas, pour un autre. « Du coup ça m’a fait pleurer cette histoire de rachat par Disney ! » Un mot sur leur ville d’attache ? « Aujourd’hui, faire de la musique à Nantes, c’est plutôt cool. Il y a beaucoup de choses qui se passent même pour les petites structures. » Sortie de leur premier album prévue au premier trimestre 2013.
Mermonte
La salle Micro de Stéréolux paraissait pour le coup bien étroite pour accueillir l’impressionnante composition Mermonte (photo de bannière) constituée de ses dix membres emmenés par leur leader charismatique, Ghislain Fracapane. Deux batteurs, quatre guitaristes, un bassiste, violon et violoncelle, piano, xylophone et flûte à bec. Fait rare, les batteries sont placées à l’avant de la scène et les guitares en recul vers le fond. « Dix c’est la base, ça nous a tous traversé l’esprit que ce serait peut être pas mal un de ces quatre avec un philharmonique. » Ca promet. Mermonte se définit comme une « pop progressive ou pop orchestrale », non pas parce que sur les dix, personne ne sait chanter, mais parce qu’ils ont fait le choix que la voix serait « plus utilisée pour faire de la mélodie que pour faire passer un message engagé. »
Dix c'est la base, ça nous a tous traversé l'esprit que ce serait peut être pas mal un de ces quatre avec un philharmonique
Mermonte, un hommage au pianiste Gustave du même nom. « C’est parce qu’il est resté méconnu que c’est devenu une idée pour le nom du groupe. » Parmi les autres références citées, Steve Reich, « et toute la musique minimaliste et répétitive des années 60 », les Beatles, les Beach Boys, ou encore Mogwaï plus récent et plus rock. Remarquez qu’à dix, ça vous donne du coup l’embarras du choix. L’actualité les interpelle avec « les Femen qui manifestaient dans la rue et qui se sont fait mettre sur la tronche par des espèces de cathos intégristes », alors pour rire, ils pencheraient plutôt du côté d’OSS 117. Et quand on leur parle de Nantes, ils s’emballent. « C’est la seule ville française où on peut trouver des structures comme on a pu le voir au Danemark ou en Allemagne. Une espèce de lieu associatif dantesque. Il y a du coup une espèce d’émulsion de plus en plus forte qui se crée. »
O’Safari
Avec O’Safari, la machine à tubes est lancée. Chaque titre, très court mais puissant, frappe et atteind sa cible. Il suffisait de voir l’envolée qu’a créée l’énorme Taxi auprès du public de la soirée des TransMusicales. Julien (chanteur et clavier) et Laurent (batterie) inventent une sorte de new wave toxique et romantique années 2.0 sur des paroles en français. Un choix assumé. « On nous pose souvent la question. Clairement on n’a pas de réponse précise. On a eu des projets avant où on chantait en anglais. On avait envie de changer. On est bien loin de cette prétention littéraire que peuvent avoir certains artistes, mais pour autant c’est difficile d’imaginer ces titres là en anglais. » Et pour preuve, leurs influences sont aussi très marquées frenchy, de Gainsbourg à Alain Chamfort, en passant par Polnareff, Arnaud Fleurent-Didier jusqu’à leur étonnante reprise de Il est cinq heures, Paris s’éveille de Jacques Dutronc. Ce qui ne les empêche pas d’écouter à l’heure actuelle des groupes comme Egyptology, Pilot To Gunner, ou encore Yan Wagner.
On est bien loin de cette prétention littéraire que peuvent avoir certains artistes
Finalement leur nom les résume assez bien. « Ca vient du premier album de Air, c’est un hommage », même si musicalement ils n’ont rien en commun. En marge de la musique, le feuilleton des élections à l’UMP les fait bien marrer eux aussi. De son côté, Laurent avoue que l’ouragan Sandy qui a frappé New York l’a marqué. Alors pour se détendre un peu, il est allé voir le dernier James Bond. Pour sa part, Julien est actuellement plongé dans une BD de Charles Burns. « Ma meuf me l’a conseillée, je trouve ça assez surréaliste. » Son titre ? Toxic. Il y a des références qui ne trompent pas.
Photos de scène : Joanna Pyk
Tournée des loges : Jérôme Romain
Bloc-Notes
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