
FOCUS
Sur les toits et sous les pavés : les jardins partagés
« Les nouvelles solidarités  »
Un jardin suspendu. Des fleurs dans les friches. Ce sont les utopies que réalisent les Jardins partagés à Paris. Un mouvement citoyen cultivant de nouvelles réalités urbaines.
« On a cueilli des feuilles dans le jardin pour voir leurs ramifications » annonce Léa, 8 ans. Ce jardin se trouve ni à la campagne, ni sur terre... mais sur un toit. En plein Paris. Dans le 20e arrondissement, 800 mètres carrés de verdure, de fleurs, de ruches et de potagers sont plantés sur une barre de béton.
Paris 20e
Le tout perché sur un gymnase neuf. Cette terrasse champêtre accueille habitants du quartier, travailleurs en insertion et écoliers. Ce n’est pas une utopie, c’est le premier « jardin partagé » de France à grimper sur un immeuble. On y voit des espaces de terre, des rosiers, des arbres, des plants de légumes... avec vue panoramique sur le secteur. Dans le local des usagers, repas et temps d’échange sont régulièrement organisés. Ambiance cocooning. « On ramène du chocolat, des gâteaux, et du composte ! » Des mamans sont venues papoter légumes avec Françoise Sphuler, l’animatrice en charge, pendant que les enfants se font la main verte. Le lieu est créé en accord avec la mairie au moment de la construction de la salle de sport. « Avant, c’était un terrain vague de 3000 mètres carrés. Autogéré par les habitants en jardin solidaire. Il y a eu des luttes pour le garder » rappelle Françoise.
Le tout perché sur un gymnase neuf. Cette terrasse champêtre accueille habitants du quartier, travailleurs en insertion et écoliers
Le concept des « Jardins partagés » est simple : laisser les citadins s’emparer des espaces délaissés dans la ville pour les cultiver. « Ils sont un prétexte pour créer du lien social. Les bénéfices... déjà, savoir qui est son voisin ! » affirme Laurène Caudal, animatrice du réseau francilien « Graine de jardins ». « Ces poumons verts, centres d’animations à ciel ouvert » cultivent naturellement la rencontre, les festivités, et autres actions socio-culturelles. Sous diverses formes, « chaque quartier ayant sa propre histoire ». Celui des habitants du 20e a pris de la hauteur. De la friche il est passé au toit, en étant intégré dans l’aménagement urbain. L’idée germe, la municipalité de Paris prévoit d’en aménager encore 20 d’ici 2020.
Tendances
« Les jardins partagés se développent de plus en plus depuis la crise, ce sont des projets qui ne coûtent pas cher » explique Laurence Baudelet. Une friche, de la terre, des bacs et le tour est joué. Dans de nombreuses villes de France, ces sympathiques « guérillas vertes » réoccupent les creux du paysage urbain. A Paris, on en compte plus de 70. Apparus depuis une dizaine d’années, la ville les encourage et leur donne un cadre légal dans son programme « Main verte ». En pleine expansion, ils répondent à une forte demande sociale mais aussi, à moindres frais, à la volonté écologique des projets urbains. « Les jardins partagés, contrairement aux jardins ouvriers gérés par les villes, sont créés par les habitants ». Ils s’inspirent directement des Community gardens, un modèle développé dans les villes nord américaines depuis les années 70. L’idée part des habitants qui se mettent à jeter des graines par dessus les grillages des terrains vagues pour les embellir. Peu à peu des jardins collectifs se forment, créant des lieux de vie entre voisins. A New York, il en existe aujourd’hui plus de 700. Les jardins partagés sont donc des espaces propices aux initiatives citoyennes, mais aussi à l’expérimentation de nouveaux concepts. Comme le ralliement de beaucoup de ces jardins parisiens aux « incroyables comestibles ». Apparu il y a peu de temps en Grande-Bretagne, ce mouvement regroupe des citoyens qui « veulent montrer que la ville peut être comestible et que l’on peut faire des potagers qui soient à disposition de tous ». Comme le jardin partagé du square Saint Laurent, prés de la Gare de l’Est. Saturé par le passage des piétons et victime de nombreux vols, il vient de mettre son potager en libre service aux passants.
Geneviève Brillet
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