
Fabrice Hyber : "en vert" et contre tout
2012 fut l’année Hyber. L’artiste vendéen a exposé au Palais de Tokyo pour son exposition Matières premières (prolongations jusqu’au 14 janvier), au Mac/Val à Vitry-sur-Seine avec POF : Protoypes d’Objets en Fonctionnement et à la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence. Retour sur le parcours d’un artiste atypique.
Hyber sans T ! Né à Luçon en 1961, l’artiste a« tué le père » (Fabrice Hybert, agriculteur à Château-Guibert) le jour où il a laissé son T. Fabrice Hybert devint donc Fabrice Hyber… « Hyber Santé » comme il aime à dire. Parce que l’art a des vertus thérapeutiques ? Sans doute ! Surtout l’art d’Hyber. Profond, percutant mais surtout rafraîchissant et vivifiant. Quand l’art manie humour et amusement, c’est un régal.
L’entrée de l’exposition au Palais de Tokyo se voit de loin. Un gros nuage blanc flotte. Un peu BD, un peu cartoon. On se rapproche. La pluie tombe en jolis filaments de cristaux. Plus loin, un tableau rouge. Un monochrome tout ce qu’il y a de plus classique ? Pas vraiment… Un monochrome tout de rouge à lèvres Yves Saint Laurent revêtu. Vous l’aurez compris, Fabrice Hyber joue avec les codes, passe du bling bling au décalé. Détourne. S’amuse. Revisite. Et surtout ne prend pas l’art au sérieux.
Regardez ses POF (Protoypes d’Objets en Fonctionnement) comme le ballon carré. Avec son terrain de jeu spécial pour ballon carré. Entre le ready-made à la Duchamp et la compression de César. Que veut-il nous dire ? Qu’il suffit de pas grand chose finalement pour déplacer la fonction originelle d’un objet et modifier la conscience et la pratique de chacun.
Comme son fameux Homme de Bessines, œuvre née d’une commande publique en 1989 de la petite commune deux-sévrienne de Bessines. Ce petit bonhomme vert, de 86 cm de haut, est un personnage ordinaire basculant dans l’étrangeté extraterrestre. Installés sur le réseau d’eau de la commune, les Hommes de Bessines font office de fontaine puisqu’ils crachent de l’eau par tous les orifices corporels. De la même manière que Fabrice Hyber, double du petit homme vert, crache son art par tous les pores de sa peau.
Quand l'art manie humour et amusement, c'est un régal
Mais là où il pourrait basculer dans le conceptuel aseptisé, l’artiste se délecte, au contraire. Revenons au Palais de Tokyo, Fabrice Hyber nous demande de jouer avec lui. Ici un homme fruits et légumes façon Arcimboldo dont on se plaît à voir pourrir chaque membre. Là, une haie d’honneur en maïs séchés pour mieux revenir à ses origines d’homme né à la campagne. Au fond, cette porte que les plus téméraires s’essayent à ouvrir : bourrasque de vent assuré ! Décoiffé mais charmé, on ouvre la deuxième porte : un orage, des éclairs. Hyber s’amuse et nous amuse. Sans pour autant tomber dans l’anecdotique. Il est simplement la preuve vivante que l’art n’est pas forcément sérieux. Ou tout du moins, il peut être sérieux avec humour ! Un bien joli pied de nez à certaines élites artistiques qui tentent parfois de fermer leurs portes aux néophytes. Ici, ils sont les bienvenus, Fabrice Hyber pourrait les réconcilier avec l’art contemporain.
Delphine Blanchard
Pour aller plus loin :
Fabrice Hyber : matières premières. Le catalogue de l’exposition du Palais de Tokyo chez Beaux Arts éditions.
Hyber aux éditions Flammarion. Un tour d’horizon complet pour tout connaître de l’artiste.
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