
PHOTOGRAPHIE
Fragil fait son cinéma au marathon photo de l’EV
Découverte du portfolio de l’équipe du magazine
Malgré la pluie, l’équipe Fragil a survécu aux 24 heures du marathon photo organisé par L’EV (association pour l’Éducation Visuelle) le 26 et 27 avril 2014. Comme pour les dix éditions précédentes, au même moment à Sarrebruck (Allemagne) et à Tbilissi (Géorgie), le principe est simple : 24 thèmes à photographier en 24 heures, les thèmes étant énoncés au fil de la journée et de la nuit. Cette année, l’inspiration générale tournait autour du cinéma. En attendant la projection des photos gagnantes, le vendredi 23 mai prochain à l’espace Cosmopolis, découvrez le portfolio de l’équipe Fragil..
Prequel : deux jours avant le marathon, Joanna, membre de l’équipe Fragil, participe à l’un des ateliers proposés par L’EV, la photographie de nuit. Tanguy, membre de l’association, fait découvrir aux participants les différentes techniques pour réussir la photo nocturne, telles que l’écriture lumineuse ou l’utilisation non-standard du flash. Il n’y a plus qu’à expérimenter...
Samedi 26 avril, midi : c’est le coup d’envoi du marathon photo. Le soleil est radieux et l’équipe Fragil s’installe en terrasse pour un brainstorming sur les premiers thèmes soumis à sa créativité : « Frères Lumière », « Nouvelle vague » et « censuré ». Les idées fusent et l’heure est loin d’être aux compromis et à la panique. L’équipe se scinde en deux pour plus d’efficacité dans les quatre heures qui suivent ; il s’agit surtout de couvrir le thème obligatoire et dans l’air du temps, en rouge sur le petit papier qui nous a été distribué : « red carpet selfie ».
Les trois premières heures sont marquées par un relatif manque d’inspiration que la pluie qui s’abat n’arrange guère. La recherche frénétique d’un tapis rouge s’installe, et toutes les taches ou étendues de couleur rouge deviennent une obsession. La faim commence même à tenailler, et c’est sur la route d’un abri pour se restaurer que le mur tombé du ciel inspire un vrai selfie avec une star locale et nationale, Jean-Marc Ayrault. Le vrai objectif étant tout de même de se servir de ce rideau rouge comme toile de fond à une pseudo-célébrité en robe du soir que la surdose d’alcool ferait rigoler bêtement.
Après un détour par le deuxième rendez-vous du marathon à Expolaroid, le soleil est revenu même si les rafales de vent sont de la partie, et l’exploration de l’Île de Nantes offre quelques possibilités de clichés : The Zebra Crossing - œuvre pérenne d’Angela Bulloch - et une poubelle post-plan Vigipirate nous permettent de réaliser deux « placements de produit ». De son côté, le projet architectural Ehundura colle parfaitement au thème « surréaliste » et la Loire à marée montante permet un bel exemple de « Nouvelle vague ». Mais il faut décoller du centre-ville pour la suite, débarrasser l’imaginaire de lieux trop bien connus : en un tour de tramway, direction le parc du Grand-Blottereau pour quelques moments « cinématographiques » et « surréalistes ».
La recherche frénétique d’un tapis rouge s'installe, et toutes les taches ou étendues de couleur rouge deviennent une obsession
Pour Joanna et Aurélien, membre de cette fantastique épopée, une part de pizza trompe la faim après un premier coup de barre et permet de se concentrer sur le prochain thème obligatoire. Un t-shirt blanc, de l’encre de Chine qui coule le long des joues, un sourire et une quarantaine de clichés : « émotions ». Le second coup de barre arrive : un thé, puis une idée... En émerge un « Thé-tanic » qui coule en percutant un iceberg sucré. On peut cocher « remake ».
La soirée est propice au traitement d’autres thématiques. Mais le temps est compté : huit thèmes tombent à minuit, le moment idéal pour aller dormir... Le froid et le vent donnent une forte impression de fatigue. Premiers signes de découragement, même s’il n’est pas question d’abandonner l’opportunité de prendre des clichés au festival de rock indépendant l’Ère de Rien à Rezé.
L’ association organisatrice a choisi de mettre les dinosaures à l’honneur pour la décoration du festival : c’est l’occasion rêvée pour faire une photo « remake » de Jurassic Park. D’autres clichés plus spontanés sont pris vers une heure du matin, inspirés par les accessoires mis à disposition dans le coin photomaton. C’est ainsi que les thèmes obligatoires « bruitages », puis « démasqué » sont mis en boîte.
La nuit est également promesse d’inspirations pour Joanna et Aurélien. Après avoir assuré le relais de minuit au LU, ils en profitent pour utiliser les lieux et le « rideau ! » du photomaton. Une petite clope et les « Frères Lumières » sont dans la boite. Ils continuent au Festival Kraft à POL’N jusqu’à tard dans la nuit. La motivation commence à s’assécher quand rentre alors une fille vintage, trempée par la pluie, avec ses grandes lunettes. Un « moment cinématographique », le regard droit dans l’objectif. Près de la scène, les « effets spéciaux » : des lasers semblent prêts à faire exploser la tête des danseurs.
Dimanche, 5h30. La pluie tombe encore, le lever est difficile. Mais une fois dans la rue, l’atmosphère est énergique. Place de la Petite-Hollande se croisent ceux qui rejoignent leur lit, ceux qui manifestement n’ont pas envie de le rejoindre seuls et certains encore lucides qui se demandent pourquoi d’autres sont emmitouflés sous leur capuche, à prendre des photos de flaques d’eau sous la pluie à cette heure-ci. La Loire n’a rien d’endormie, elle non plus. En passant près de la piscine Gloriette, il faut tenter une expérimentation avec les lumières orangées des lampadaires. Sur l’écran, avec l’humidité et la faible luminosité, on a l’impression d’ondes parasites venues d’on ne sait d’où : une photo à « effets spéciaux ». Bon timing, les lampadaires s’éteignent, le jour se lève. Il est temps de se retrouver à l’abri pour avancer sur les thèmes encore non traités, avant d’aller à l’Ile de Versailles pour un check point à 8h30.
se croisent ceux qui rejoignent leur lit, ceux qui manifestement n’ont pas envie de le rejoindre seuls et certains encore lucides qui se demandent pourquoi d'autres sont emmitouflés sous leur capuche, à prendre des photos de flaques d’eau sous la pluie à cette heure-ci
La nuit fut courte au retour du festival. Une tasse de thé ravive les esprits. La bouilloire sert à embrumer la vitre : reste à l’embrasser délicatement pour une une scène digne de Titanic. Après dix tentatives et de nombreux rires plus tard, le cliché est le bon : un vrai « baiser de cinéma ». Dans une salle de bain, la bouche revêtue de son plus beau rouge à lèvres, il y a la même inspiration : un joli baiser au miroir et une photo avec un visage un peu flou au second plan. Totalement « glamour » pour un dimanche matin ! Plus qu’une dizaine de minutes pour réaliser le thème « Frères Lumière, le retour ». Une pièce est plongée dans le noir, deux ampoules dans une main, un pointeur qui les éclaire dans l’autre, puis un cadrage en évitant doigts et faisceau lumineux. Le cliché est pris, direction le tramway. « Lumière, moteur, action » est placé à l’improviste, sans trop de conviction. On croise, sans les envier, les futurs coureurs du marathon.
Au rendez-vous, la foule semble plus diffuse qu’aux précédents, la nuit a usé des équipes. Il est 8h30, les derniers thèmes sont distribués : en comptant bien, il en reste huit à traiter en quatre heures pour l’équipe Fragil. C’est à ce moment que le joker « appel à un ami » est utile : revêtu de sa plus belle chemise, il se prête de bonne grâce à un shooting improvisé sur les thèmes « ...What Else ? » et « making-of ».
Une tasse de thé ravive les esprits. La bouilloire sert à embrumer la vitre : reste à l’embrasser délicatement pour une scène digne de Titanic
En longeant l’Erdre un peu plus tôt, les conditions climatiques permettent de saisir une goutte de pluie au « ralenti ». Un reflet dans un miroir, qui plus est à effet sépia, à l’extérieur d’un café donne une double interprétation du « flashback ». Puis, pour le « bêtisier », on essaie des figures avec la pluie, une gouttière et un parapluie : rien de bien concluant à part l’inondation inconfortable d’une chaussure... De leur côté, Joanna et Aurélien préparent une nouvelle mise en scène bien policée : un plateau manucure pour vampire avec une scie et le choix parmi une centaine de couleurs de vernis à ongles. Le thème ? « Cf. au verso » qui renvoie vers un extrait de Nosferatu (1922, Friedrich Wilhelm Murnau). La scène étant assez surréaliste, elle se retrouve également propice au « bêtisier ».
Il est 12h30, les 24 thèmes sont remis depuis peu au jury. Une certaine satisfaction s’installe, face à de la diversité des styles et des inspirations de l’équipe. Le buffet et la sieste sont les bienvenus. Une fois le corps et l’esprit remis d’aplomb, reste la curiosité de découvrir le travail des autres équipes : ce sera chose accomplie le vendredi 23 mai prochain à l’espace Cosmopolis.
Sandrine Lesage, Joanna Pyk, Aurélien Pegie, Alice Godeau et Rachel Rouet
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