
Concert
De la soul ou la déception d’un mythe
On les attendait. On était chaud. On a été déçu... Retour sur le concert des mythiques De la soul le 17 octobre au Stéréolux de Nantes.
On a presque honte de la dire... Mais oui, le concert de De la soul à Nantes a été pour nous une véritable déception. Pire : une frustration. Pour comprendre comment cette référence du hip-hop US a pu chagriner à ce point plusieurs membres de notre rédaction, on vous propose de procéder en deux temps : ce que l’on attendait / ce que l’on a eu.
Plug in : ce que l’on attendait
On attendait de rencontrer un des groupes qui a parfaitement réussi à faire le pont entre le rap et le funk de The Parliaments, Funkadelic ou Bootsy Collins. Un rap fier de ses racines à contre-pied du bling-bling ou du Gansta rap en pleine ascension dès le début des années 1990. Un esprit brillant, délirant, passionné et innovant, depuis le début avec la première maquette de De la soul, « Plug Tunin’ », en 1988. Dès lors, le groupe adoptera comme leitmotiv l’humour et le groove. Du smile revendicatif, un hip hop flower à l’essence funk, de la happy music en barre et une capacité pour ouvrir ce style au plus grand nombre. De la soul a tout simplement largement contribué à démocratiser le hip-hop, en prenant résidence dans les clubs, avec notamment leur tube planétaire « Ring Ring Ring (Ha Ha Hey) ».
Devenu rapidement une référence internationale, le groupe a multiplié les rencontres tout au long de sa carrière et la liste est longue. En 1993 ils enregistrent avec la section de cuivre de James Brown les J.B Horns, en 1994 avec A Tribe Called Quest, en 1996 ils révèlent Mos Def sur l’album Stakes is High. En 2004, ils collaborent avec Ghostface Killah, MF Doom et Flavor Flav et bien d’autres encore. Les années 2000 seront marquées par leurs participations aux projets Gorillaz et de Damon Albarn portés par un succès mondial. Leur dernier album De La Soul’s Plug 1 & Plug 2 presents... First Serve est conceptuel. Posdnous et Dave interprètent deux rappeurs racontant leurs histoires et leurs soifs de succès. Cet album, produit par deux français, Chokolate et Khalid, se décline en deux support Plug 1 et Plug 2. De la soul : un parcours sans faute assurant une motivation à toute épreuve à l’idée de les découvrir en live.
Plug out : ce que l’on a eu
Avec un tel background, De la soul était donc attendu de pied ferme. Mais le groupe nous a clairement déçu... Est-ce qu’on en attendait trop ? Est-ce que le public (venu en petit nombre) était trop froid, comme pétrifié à l’idée de se confronter à un mythe ? Est-on passé à côté du concept du dernier album ? Tout cela est fort possible... Mais reste que le set nantais de De la soul a laissé un goût amer. Une présence des MC faiblarde sur scène. Une interaction avec le public a minima. Une musique certes très riche, mais certainement trop dense ou parfois trop lissée... Le show était finalement assuré par les DJ (français), reléguant presque les rappeurs au second plan. On a commencé à s’amuser au moment de la présentation des instrumentistes avec cette impression que le concert ne faisait que commencer alors qu’il était en train de s’achever. Le set De La Soul’s Plug 1 & Plug 2 presents... First Serve nous a donné l’impression d’avoir à faire à une première partie. Mais non, le groupe a quand même effectué deux-trois tubes avant de partir mais point barre. Un petit tour (d’à peine une heure et demie) et puis s’en vont...
Comparer à certaines prestations françaises effectuées par d’autres pointures du hip-hop US comme Public enemy ou même Das FX et Dilated people (dans ce même Stéréolux en février), le show proposé par De la soul était aussi constituant qu’un cheesburguer un lendemain de cuite. Ça cale sur le coup, mais laisse finalement le ventre vide et la gueule de bois. Histoire d’alcool, encore : c’est finalement l’excellente première partie de concert, en provenance de Seattle qui restera comme la bonne surprise de la soirée. Son nom ? Champagne Champagne. Aller, santé !
Texte : Electrik Moon et Pierre-Adrien Roux.
Photos : Misteur Mad
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