Festival
Utopiales 2012 : retour aux sources d’une dualité durable
Origine
Ce pari de réunir ces deux univers, la science et la science-fiction est réussi. Le trou noir de cette treizième édition attirant avec succès, une population on ne peut plus large. Il fallait être un peu fou, pour rater ce moment de gloire à la science fiction, avec un grand S. Et un grand F.
Il est facile de se laisser aller et de se perdre dans ce « parc d’attraction » de la SF. En fait les Utopiales, c’est comme plusieurs festivals en un festival, car en cinq jours se sont croisées un nombre délirant de récompenses et de rencontres en tous genres.
Grandeur, à l’image du salon du livre où il y avait de quoi avoir des sueurs froides et de graves soucis avec votre carte bancaire, tant le choix était gargantuesque. Devant cette montagne de bouquins, on pouvait avoir un certain étourdissement face à l’étendue du monde de la SF, immensément grand, voir infini...
Alors oui, nous avons comme tout le monde utilisé notre vaisseau spatial pour voyager de mondes en planètes et d’univers en galaxies (et patati et patata alors que l’on aurai très bien pu utiliser la plateforme de transfert). Première escale sur la planète Lego et ses représentations de scènes très fidèles de l’éternel Star Wars. Et je défie tout fan de ne pas avoir envie de jouer avec ces petites merveilles.
Un peu plus loin, nous pouvions croiser un champs d'astéro-expositions
On aurait pu y rester un certain temps dans ces grand champs (les grands champs d’astéro-exposition sont rares de nos jours). J’avoue avoir été hypnotisé par Mémoire des Mondes Troubles de Nicolas Fructus. Quinze tableaux photographiques construits d’une collection de plaques de verre appartenant à l’auteur, datant du dix-neuvième et début du vingtième siècle. Un jeu subtile de montage et d’assemblage nous plongeant dans des univers très lovecraftiens.
Dans un monde parallèle, au niveau -1, on retrouvait la galaxie jeu de rôle, envoûtante, surtout la journée du samedi. Les maîtres du jeu avaient la main mise sur des disciples déjà bien convertis à la cause. N’oublions surtout pas les jeux grandeur nature, scotchant le public, admiratif face au réalisme des costumes des participants. Il y en avait aussi pour l’univers des geeks de jeux vidéo comme pour les fans de robot avec une présentation convaincante de Nao par le spécialiste de la robotique Rodolphe Gélin. Le robot Nao est un robot humanoïde, autonome, programmable, mesurant 58 cm et pesant 4,8 kg. Entièrement conçu en France, les capacités de ce robot sont fascinantes, il capte le son de la voix de son « maître » (malgré le brouhaha ambiant) et obéit à un certain nombre d’ordres. La philosophie de développement de ce dernier est basée sur l’absence totale d’interface entre le robot et son propriétaire, pas de micro, de pad ou de télécommande, juste la voix pour seul et unique guide. Un défi technologique convaincant.
Après un petit rafraîchissement au bar de Mme Spock, il était de bonne augure de profiter des nombreux débats, tables rondes et rencontres avec la multitude d’intervenants, comme Neil Gaiman qui peut se venter d’être le seul auteur d’un comic à figurer dans les best-sellers du New-York Times. Un festival comblé de pouvoir réunir un pure melting-pot de personnalités, que ce soit du monde scientifique ou artistique, le tout présidé par le prestigieux Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA de Saclay.
Partons maintenant pour la planète Toile afin de se gaver de projections en tout genre.
Vitesse lumière sur la compétition Européenne des courts métrages
Pour nous, le temps était venu de prendre vol en direction de la planète Dune où nous attendait, rien que ça, la compétition Européenne des courts métrages. La séance du vendredi nous offrait un choix de 10 films et c’est Apnoe de Harald Hund qui remporte cette compétition. Un court étonnant, entièrement réalisé dans des décors installés dans une piscine. Nous plongeant dans l’histoire d’une famille modeste face à la réalité du quotidien. Un peu comme scènes de ménage mais version aquatique pour schématiser évidemment. Il y avait du bon choix dans cette sélection, avec un Countdown de Céline Destrumaux et ses images collant à merveille au monde de Daft Punk. Des expériences visuelles pour Beth de Thomas Jaulin-Berge ou Sync de Max Hattler. Coup de coeur avec Tvillingen de Gustav Danielsson, un court de 29 minutes ou l’on rencontre Gustav (comme par hasard), architecte renommé et passionné d’apnée en piscine (décidément la piscine a le vent en poupe). En raison de ces crises d’apnée nocturne, voyant les choses s’aggraver il décide de consulter un spécialiste. Découvrant quelque chose de stupéfiant, cette chose finira par bouleverser le train-train d’une vie bien réglée. Une réalisation propre et appliquée, pour une comédie dramatique qui fonctionne bien. Clin d’œil à Machina Homosapiens de OLaf Hoegermeyer, car ce court-métrage utilise une image 3D la plus brute qu’il soit et nous conte une histoire adaptée du célèbre roman d’Aldous Huxley le Meilleur des mondes, vision cauchemardesque et apocalyptique de l’humanité, traitée avec une ironie très attractive. Un vrai plaisir de douze minutes où l’on a la curieuse sensation d’être dans un rêve, mais pas comme ceux que l’on connaît, ceux d’un robot. Vous trouverez certainement qu’il est difficile de se projeter, je vous l’accorde. Vous aurez quand même essayé et nous allons par la suite solliciter encore une fois votre imagination afin de compléter l’illustration de cet article, la rédaction du magazine et moi-même vous en remercie.
Origine et son voyage à travers le temps
Le thème de cette cuvée 2012 étant Origine, nous nous devions de le prendre en considération. Alors, retour sur ce film I walked with a zombie film de 1943 de J.Tourneur, un film américain qui représente l’origine des films de genre Zombie. Même si le jeu d’acteur reste très moyen, au moment où apparaît le zombie, le métrage prend une toute autre dimension. Il est indéniable que cette œuvre reste une référence pour un certain nombre de réalisateurs de cinéma d’épouvante ou d’horreur. Ce film était programmé et présenté dans le cadre de la carte blanche par Dave Mckean. Artiste, illustrateur, photographe, graphiste, dessinateur de comics, réalisateur et musicien. Il est connu pour être l’illustrateur de l’œuvre magistral d’Arkham Asylum.
Le très très méchant l'assassine froidement. C'est là que le film part en vrille...
Sur la planète Dune, le prix du jury de la compétition internationale, jury composé de 6 personnalités (sous vos applaudissements), Joann Sfar, Christophe de Bourseiller, Fifi Chachnil, Philippe Decouflé, Jean-Pierre Kalfon et Christophe Salengrocelle a été attribué à EEGA de S. S. Rajamouli. Ce film indien est tout simplement délirant, une réalisation d’effets spéciaux tout à fait convaincante, pour une histoire de vengeance comme on en avait encore jamais vu. Je vois que vous mourez d’envie de découvrir le pitch, mais faisons durer encore un peu le suspens. A l’heure où Hollywood, Origine de l’industrie du cinéma, souffre d’un vide scénaristique, Bollywood risque fort de bousculer l’ordre établi. Après être devenu l’un des sous traitants inévitables de l’industrie du cinéma, l’Inde, commence comme on dit à prendre du poil de la bête. Depuis quelques années la volonté de briser les frontières du pays, en réalisant des films moins axés sur la culture et les coutumes indiennes, porte ces fruits. La preuve en est avec ce métrage EEGA, l’histoire de jeunes de classe moyenne, Jani et Bindu, une charmante rencontre amoureuse à l’indienne brisée par le très très méchant riche qui se croit tous permis. Car Sudeep, homme d’affaires malveillant prêt à tout pour posséder Bindu, tend un piège à Jani ; ce dernier lui jure de le tuer si jamais il touche à son amoureuse et ce qui devait arriver arriva : le très très méchant l’assassine froidement. C’est là que le film part en vrille... Jani se réincarnant en mouche retrouve rapidement sa mémoire, bien décidé à protéger sa belle et à faire payer celui qui l’a lâchement assassiné. Ce film a le mérite de nous rappeler, qu’une mouche, c’est emmerdant, et c’est le moins que l’on puisse dire.
Room 237 et l'Origine du message de Stanley Kubrick
Nous aurions pu aussi vous parler de Room 237 ! documentaire sur Shinnig de Rodney Ascher, nous livrant le témoignage de personnes qui ont passé une grande partie de leur vie à analyser ce film, avec des réflexions pour certaines qui frôle la psychose. Ce doc a pour effet de nous poser la question de l’Origine du message de Stanley Kubrick, ce qui rend le reportage, malgré quelques longueurs, comme indispensable à la compréhension de cette œuvre cinématographique. Mais non !
Après ce retour aux Origines, le futur s’annonce plein de belles promesses et nous serons présent encore une fois pour communier dans ces différents événements tel que les Utopiales. Nous repartons avec le plein de belles images sur un air de John Williams avec le Main Title de Star Wars, retour à la navette pour de nouvelles aventures.
Bloc-Notes
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