
CARNET DE FESTIVAL
HPG : du porno au cinéma d’auteur
HPG, Hervé-Pierre Gustave, est acteur, producteur et réalisateur… de films pornographiques. Mais ça, c’était avant. Désormais HPG est passé au traditionnel, comme on dit. La preuve ? Son dernier film, Les Mouvements du bassin, dans lequel on retrouve Éric Cantona, Rachida Brachni et Joana Preiss. Une jolie pléiade d’acteurs pour un réalisateur qui débute dans le cinéma d’auteur.
Avant-dernier jour du FIF : HPG vient présenter son dernier film, Les Mouvements du bassin, tourné à Nantes et produit par Capricci Films, boite de production nantaise. Autant dire qu’à La Roche-sur-Yon, tout le monde attendait avec impatience cette rencontre. Désistement de dernière minute : Éric Cantona n’a pas pu venir mais sa compagne, Rachida Brachni est bien là. Ouf !
Revenons au film, cet ovni cinématographique. D’un côté, un gardien de zoo (joué par HPG) se fait licencier parce qu’il déprime les animaux. Il retrouve un emploi comme gardien de nuit et commence peu à peu à avoir des problèmes avec son patron (Éric Cantona). De l’autre, une femme en mal d’enfants (Rachida Brachni) qui rencontre une infirmière (Joana Preiss) prête à tout pour assouvir son désir. Deux êtres touchées par la solitude dont les destins vont finir par se croiser. Un film maladroit mais avec de bonnes idées. Il aurait peut-être mérité plus d’ellipses, d’être dans la suggestion plus que dans la démonstration. Pour autant, HPG reste un réalisateur à suivre. Rachida Brachni dit d’ailleurs : « quand je tourne avec lui, j’ai bien plus l’impression de faire mon métier d’actrice qu’avec n’importe quel autre. »
« Je ne suis pas bon ce soir, ça ne sort pas comme je veux »
Et quand on rencontre le cinéaste, on la comprend. Véritable chien fou, HPG est un personnage à part, comme son film. Il arrive fanfaron, essayant de faire blague sur blague, il ne répond pas aux questions. À l’image de son film qui débute de manière assez frontale, les images claquent, le spectateur doit donner le change, faire face. Rapport de force. On a envie de le détester. Le film et son metteur en scène. Puis la carapace craque. HPG confesse : « Je ne suis pas bon ce soir, ça ne sort pas comme je veux ». Cet énergumène aurait donc des failles ? Mais oui, voilà ce que le film révélait en filigrane. Les failles humaines. La solitude des personnages. C’était donc ça derrière ces images trash. Choquer, provoquer pour dire que, non, il ne faut pas se fier qu’aux apparences. Le film démarre véritablement quand le personnage principal pense avoir le sida et la rencontre avec HPG se fait intéressante quand il commence à parler sincèrement. Sans se la raconter. Sans surjouer.
Derrière l'acteur-porno, hommes à femmes, un homme à failles qui essaye de devenir acteur pro
Mais finalement, surjouer, il n’a appris à faire que cela dans son passé d’acteur porno. Alors, forcément, le naturel revient vite au galop. Dur de tomber le masque pour celui qui n’était qu’une bête de sexe et de foire. Et quel courage pour essayer de percer dans le milieu du cinéma traditionnel. Catherine Breillat s’y est souvent essayé sans véritable succès. Lui à tout pour réussir. Son film arrive à être touchant, encore plus après avoir vu et entendu HPG fébrile et hésitant. Ce grand gaillard peut être apeuré et c’est finalement rassurant. Derrière l’acteur-porno, hommes à femmes, un homme à failles qui essaye de devenir acteur pro. Souhaitez-lui d’y arriver et, promis, nous suivrons ses prochains films.
Delphine Blanchard
(© photo bannière : Capricci Films)
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