
FRANCOFOLIES 2012
Toguna : entre reggae, soul et funk
La toguna, c’est la case à palabres au centre des villages dogons, là où les sages débattent des problèmes de la communauté. Toguna, c’est aussi un groupe de La Réunion, qui distille une musique folk métissée aux accents universels, un reggae engagé aux sons soul et funk. Rencontre conviviale dans la salle d’exposition de La Coursive avec Sîla (slide guitariste et songwriter du groupe), Daoud (chant et percussions) et Kingsley (guitare 12 cordes).
Le festival des Francofolies, ce sont des musiciens de renom qui arpentent les grandes scènes, mais aussi des artistes émergents qui tracent leur route inlassablement, qui ne font pas beaucoup parler d’eux mais qui ont un public, celui-là même qui connaît les paroles par coeur, qui vibrent à chaque son, qui "portent" ses idoles sur scène. Toguna fait partie de ces groupes qui, depuis une dizaine d’années, arpentent les routes et enchaînent les concerts. Pas besoin d’une énorme promotion pour remplir les salles, le talent suffit.
Sîla, Daoud et Kingsley se sont trouvés il y a bien longtemps sur leur chère île de La Réunion. « Ça a tout de suite collé entre nous » se souvient Sîla. Le noyau dur du groupe est donc formé. Pour autant, ils ont cherché leur style quelque temps. « On a commencé par du reggae, pur et dur, forcément, quand tu vis à La Réunion, tu fais du reggae », sourit le chanteur. Et Daoud d’ajouter : « On a même été jusqu’à douze musiciens sur scène à un moment. On s’est cherché pas mal et puis maintenant, on est à trois en formation acoustique, cinq quand on est en mode basse/batterie. »
Alors Toguna c’est quoi ? Une base de reggae, un soupçon de folk, une bonne dose de funk, une pincée de soul pour une musique savoureuse et épicée. Un premier album en 2007, Sans frontière, « autoproduit avec nos économies » explique Sîla. L’album circule, ainsi que des vidéos sur le web, sur MySpace… Ils sont alors repérés… au Japon ! Sans frontière, on vous dit ! « On est alors parti en tournée, un peu partout en Europe, en Australie, à La Réunion évidemment. Puis on a remporté le trophée des arts afro-caribéens en 2008 et là, ça nous a ouvert des portes, on a fait de jolies rencontres. » En 2009, ils sont « coup de coeur FNAC » et sponsorisés par la fameuse marque de guitare australienne Cole Clark. Signé alors par le label Sakifo Records/Wagram, le groupe sort un deuxième album en 2011, In colors.
De la guitare slide, façon Ben Harper
Sur scène, Sîla joue de la guitare slide, façon Ben Harper, posée à plat, c’est même devenu un peu leur marque de fabrique. « Ça prend beaucoup d’énergie de jouer de cette façon, il faut être extrêmement concentré mais c’est intéressant. Et puis, jeune, j’ai été bercé par la musique de Ben Harper. Bob Marley aussi, James Brown, Ray Charles, toute la musique black ». Désormais, un concert de Toguna, c’est de la guitare slide sur un tiers du spectacle. Un vrai show, toujours aussi intrigant pour le spectateur.
Sîla, Daouad et Kingsley se sont trouvés il y a bien longtemps sur leur chère île de La Réunion
Sur la scène de La Coursive pour les Francos, ils ont joué à l’invitation de la Sacem, sans tremplin, « ni piston » sourit Sîla. « Un coup de fil de la Sacem seulement et nous voilà ici ». Un concert et une semaine en résidence dans la cité rochelaise. « Ça nous a permis de bien avancer sur notre troisième album » confie Daoud. À paraître à la fin de l’année certainement. Compositions musicales et textes de Sîla comme sur les deux précédents albums. « Ça racontera encore notre vie quotidienne, nos voyages, les crises que traversent le monde, les gens qu’on rencontre. Et puis notre engagement environnemental. Quand tu vis à La Réunion, tu es forcément engagé et sensible à l’environnement. Je suis notamment parrain de l’association Surfrider Foundation. »
Les « vagabonds » de la musique, comme ils se définissent eux-mêmes, vont repartir sur les routes. La semaine prochaine, ils seront à L’Alhambra à Paris, avant de rejoindre La Réunion, pour peaufiner le nouvel album, au calme, loin du tumulte parisien. En espérant les voir passer de nouveau aux Francos l’année prochaine, sur une plus grande scène cette fois. Et si leur tournée passe par Stéréolux, comme en avril dernier, on sera là, au pied de la scène, à les applaudir chaleureusement pour les remercier de s’être livré, un peu, par un après-midi mi-figue, mi-raisin au cœur de La Rochelle.
Texte et photos : Delphine Blanchard
Pour tout savoir sur Toguna : http://www.togunamusic.com/
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