
CARNET DE FESTIVAL
We love John Beauregard
Festival Beauregard d’Hérouville Saint Clair (14) 6-7-8 juillet 2012
Le si jeune et pourtant déjà si prestigieux festival Beauregard d’Hérouville-Saint-Clair, près de Caen (14) en Normandie, a fêté sa quatrième édition du 6 au 8 juillet derniers. Dans le décor épique du parc de 33 hectares se sont succédés pas moins de 30 artistes parmi lesquels Miossec, Selah Sue, Dionysos, Shaka Ponk, The Kills, Metronomy, Other Lives, le nantais Dominique A, Izia, Kaiser Chiefs, Sébastien Tellier, Gossip, Orelsan, Brigitte, Garbage, Franz Ferdinand ou encore Pony Pony Run Run. Retour sur ces trois jours de festivité marqués par la pluie battant le tempo de ce singulier festival.
Son jeune âge ne lui avait pas encore permis de connaître de festivaliers les pieds dans la boue, vêtus de cirés dégoulinants pour braver courageusement les caprices du temps. Signe de la maturité, c’est désormais chose faite et Beauregard peut largement s’enorgueillir de rejoindre la cour des grands.
Le festival personnifié sous le mystique John encouragea le public par « Tenez bon, John is wet with you »
Des milliers de festivaliers et nous et vous
L’ouverture s’était déroulée sous les meilleurs auspices. Le ciel clément laissait la voix suave et fluette de la blondinette Selah Sue réchauffer l’herbe du bocage normand. 20500 premiers fans avaient fait le déplacement. La température montait progressivement jusqu’à l’arrivée tonitruante du choc Shaka Ponk. Devant un gigantesque écran circulaire projetant leur mascotte, le chimpanzé Mr Goz, le spectacle offrait aux spectateurs en transe un spectaculaire jeu vidéo à la Donkey Kong porté par la performance scénique du groupe.
Union Jack chez John Pour faire retomber un poil la pression, les très stylés rockers de The Kills prirent le relais. Le majestueux château de Beauregard eut alors des allures so british, le temps s’y prêtait à merveille, drapant le public de jeans slims et teintant leur chevelure d’un noir pétrole, transpercé par la voix punk d’Alison et la décharge électrique de Jamie Hince.
Clap de fin pour Metronomy
Malgré la pluie qui se faisait de plus en plus menaçante, les festivaliers de Beauregard ne voulaient pas manquer le clou du spectacle de cette première journée, à savoir le retour de Metronomy au pays de Guillaume le Conquérant après son fantastique passage au « Nordik Impact » l’an passé. Par Beauregard, Metronomy clôturait ainsi une tournée européenne entamée il y a plus d’un an avant de se retirer pour la préparation d’un nouvel album. Illuminé par les néons fluos de la scène, le public de John acclama Metronomy lui autorisant, fait rare dans un festival, un rappel. Et pendant que les riffs de bass déchiraient la nuit, chacun présent ce soir là savait qu’il partageait un moment magique et précieux dans l’histoire du groupe.
Fragil à Sébastien Tellier : « tes lunettes bleues c’est un hommage à Michou ? »
Beauregard et beaucoup d’eau La pluie abondante de la journée suivante transforma Beauregard en une immense piste de danse épaisse et boueuse. Le festival personnifié sous le mystique John encouragea le public par « Tenez bon, John is wet with you ». Accroche projetée sur les écrans géants dominants les deux scènes. La chanteuse Izia encouragea quant à elle le public à lâcher les parapluies et à se laisser pénétrer jusqu’aux os par les averses que rien ne calmait. Le groupe de Ricky Wilson préféra pour sa part mouiller la chemise. Les Kaiser Chiefs balancèrent leur rock péchu à toute blinde dont les tubesques « Ruby » et « Everyday I Love You Less and Less ». Ricky Wilson qui ne tenait plus en place alla serrer quelques paluches dans le public du bord de scène, vigoureusement tenu au froc par un gros bras de la sécurité. Avant de finir par escalader un pîlone du mur d’enceintes comme pour braver ce déluge qui s’abattait à n’en plus finir.
L’alliance bleue Du côté des conférences de presse tenues en marge du festival. Celle offerte par Sébastien Tellier, affublé de ses fameuses lunettes bleues, fut sans conteste la plus déjantée. Tel un pseudo gourou de secte rampante, celui ci commença par prêcher les valeurs de « l’Alliance Bleue », nouvel ordre musical entamé avec son dernier album « My God is blue » qui consisterait à « créer un parc d’attraction pour adultes, un lieu où l’on pourrait enfin s’éclater. J’adorerais un jour pouvoir filmer la liberté. » Rejetant « cette société factuelle dominée par les chiffres. » Refoulant un journaliste lui demandant s’il se trouvait subversif à se rouler un joint au démarrage de la conférence de presse, « si encore je me faisais un trait d’héro là on dirait tiens il se la joue Pete Doherty, mais fumer un joint franchement... C’est comme si je cueillais une fleur ou que j’embrassais un papillon. » Enfin, à Fragil qui lui demandait si ses lunettes bleues étaient un hommage à Michou : « si tout le monde était comme Michou, la terre serait beaucoup mieux. Bon bien sûr il y aurait peut être un peu moins de reproduction. Je le connais parce que j’ai enregistré mon deuxième album juste à côté de son cabaret. C’est un mec qui invite les clodos et les petites vieilles à venir manger dans son cabaret donc si tout le monde était comme ça la vie serait fabuleuse. » A la tombée de la nuit humide, « l’Alliance Bleue » de Sébastien Tellier fit donc son entrée. Envoutant un public noyé sous les projos conquis à l’écoute de « La Ritournelle » jouée au piano, et fredonnant les paroles de « L’Amour et la Violence ».
Le chant des sirènes
La nuit se prolongea avec enthousiasme grâce au rock de Gossip venu réchauffer les coeurs. Beth Ditto, la Betty Boop aux pieds nus, très en forme ce soir là, enchaîna les tubes des différents albums du groupe. Clamant son amour au public de Beauregard qu’elle eut bien du mal à lâcher pour céder la place à Orelsan, le rappeur venu presque en voisin.
Le festival Beauregard n’a rien de commun aux autres. C’est sans doute sa jeunesse et l’état d’esprit qui anime son équipe qui le fait sans cesse innover. Le bilan de cette 4ème édition devrait lui permettre de pouvoir encore progresser. On parle d’ouvrir les portes du Château et d’organiser un festival de rue dans les années à venir. « Future Starts Slow » entonnait The Kills. Cela pourrait bien devenir la maxime de John Beauregard.
Jérôme ROMAIN [1]
[1] Un grand merci à Vianney et aux équipes de Beauregard pour leur accueil.
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