
Orientales 2012
Sanam Marvi : entre les flots du mainstream
Sanam Marvi était l’invitée attendue de la soirée du vendredi aux Orientales. Son récital croise le soufi et le mainstream de l’industrie culturelle indienne.
25 ans et déjà une reconnaissance qui dépasse les frontières de son Pakistan natal. Sanam Marvi est une égérie de la musique soufie et de la culture pop.
Cette jeune pakistanaise a suivi l’enseignement d’Ustad Fateh Ali Khan. Au passage, elle tient une position assez particulière en tant que femme, et pakistanaise. Ce que rappelait Alain Weber, directeur artistique du festival des Orientales lors d’une interview pendant la soirée d’ouverture. Cette jeune femme est maintenant reconnue nationalement pour ses qualités de chanteuses et dépositaire d’une culture sacrée.
Mainstream et soufi
La même chanson, au refrain entêtant, qui lui a permis d'atteindre le sommet des charts notamment par Coke Studio et PTV. Le mainstream s'exporte
Le sacré et la musique classique ne sont pas pour autant déconnectés de cette Inde moderne et télévisuelle. D’ailleurs, Mumbai est un des pôles mondiaux de la production culturelle, connu notamment à travers l’essor du « Bollywood », qui a connu un fort succès ici en Europe pour son aspect « exotique ». Avec Sanam Marvi, un peu de Bollywood mais surtout de la chanson ; une popularité remarquable grâce à sa participation à l’émission « Coke Studio » (avec comme sponsor Coca-Cola), pur exemple de la culture mainstream comme Frédéric Martel tend à la définir dans son ouvrage éponyme paru en 2010. L’opposition spontanée entre culture classique et culture de masse ne tient pas forcément ici. Sanam Marvi est au contraire le symbole même de cette culture à deux sens, qui a appris au côté de quelques grands maîtres et qui, dans un même mouvement, atteint la célébrité par les réseaux de l’industrie culturelle nationale, qui peut ainsi s’exporter.
Aux Orientales, c’est encore un autre contexte. Il s’agit cette fois-ci d’une manifestation culturelle qui ne tend pas à célébrer le sacré, mais bien les « cultures orientales ». Un fort pouvoir de projection chez le spectateur qui va à la fois au spectacle mais qui, dans le même temps, fait face à un art sacré.
Lors de son concert, elle impressionne par sa jeunesse et son dirigisme dont elle fait preuve auprès de musiciens visiblement aguerris. Chaque morceau fait preuve d’un travail très fin entre le chant, l’harmonium et la flûte. Le bémol viendra de la fougue du jeune joueur de tabla aux rythmiques complexes mais cassantes ; la voix de la jeune chanteuse s’en retrouvera parfois amoindrie par ces cassures régulières. Ce qui retirera à l’ensemble le cachet d’une grande prestation, pour finalement assister à un récital sur le même ton.
Ce concert revêt un caractère d’autant plus particulier qu’il sera sans doute difficile de faire revenir Sanam Marvi dans quelques années, tant sa cote de popularité fera augmenter le coût de sa prestation.
En attendant, la magie du café oriental opère et le public est assez sensible à la performance de la jeune chanteuse. Des moments de grâce, a capella, permettent au public de rejoindre symboliquement la chanteuse en frappant la rythmique de leurs mains. Le spectacle se terminera sur une longue version de Lal meri pat rakhiyo bhala jhole lalan son « tube » demandé en rappel par le public. La même chanson, au refrain entêtant, qui lui a permis d’atteindre le sommet des charts notamment par Coke Studio et PTV. Le mainstream s’exporte.
Romain Ledroit
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